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Denjin Zaborger: The Movie

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Fablin 3.5 Zaborgar Forever
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Zaborgar Forever

Les productions Sushi Typhoon envahissent les programmations des festivals européens en manque de délires nippons, et Neuchâtel n'y a pas échapé. J'ai déjà dit tout ce que je pensais de Underwater Love. Ce qui me dérange actuellement avec Sushi Typhoon, c'est que ça ressemble aux boîtes de sushis surgelés qu'on pourrait trouver au détour d'un couloir de supermarché: aseptisé et acclimaté aux saveurs occidentales. On entretient cet orientalisme cinématographie, on cultive le goût des Occidentaux pour les japonaiseries étranges, et moins ça fait sens, mieux c'est. Le public de Neuchâtel semblait s'en satisfaire, à entendre toutes les discussions qui ont suivi ces projections.

Mais Karate Robo Zaborgar va plus loin, et est tout aussi accessible à un public peu habitué que savoureux pour ceux qui ont déjà mis les pieds dans la culture otaku des décennies précédentes. Tout comme Miike l'a fait avec Zebraman ou Yatterman, Iguchi s'est approprié la license d'une série télévisée pour en donner sa propre vision. Mais au lieu de nous faire un résumé de tous les épisodes comme on pouvait s'y attendre, il y va de son petit message perso sur le conflit générationnel, et son amertume sur les superhéros de nos jours qui ne sont plus ce qu'ils étaient. J'ai beaucoup pensé à Big Man Japan et sa scène finale contre des espèces de Power Rangers. Sauf que cette fois-ci on se décale d'une génération, celle des Bioman contre celle de Naruto.

La première partie rendra tendri d'émotion tous ceux qui auront suivi des séries japonaises live chez Dorothée. Se passant 25 ans plus tôt, l'époque est prétexte à afficher un kitsch totalement assumé dans des décors et des costumes d'époque. Les combats et pouvoirs spéciaux sont simulés par les astuces du montage, les coups de poings ne touchent jamais vraiment leurs destinataires, et on choisit bien sûr des carrières abandonnées pour tourner en extérieur. Ravissement également sur le plan sonore: les musiques blues jouées au synthé baignent de nombreuses scènes, et on retrouve ce même répertoire de bruitages qu'on a tous connus et reconnus au moins dans les dessins animés des années 80. Même les acteurs semblent s'amuser à jouer faux (enfin j'espère).

Deuxième partie, c'est la crise économique pour tout le monde, et Yutaka a perdu son job de sauveur du Japon. Idée assez maligne que de réinscrire de cette façon ce fantasme de producteurs de télé dans le Japon contemporain, et de racconter cette nouvelle accession au statut de héros avec les nouveaux critères d'aujourd'hui. Le réalisateur, libéré du cadre de la série originelle, se fait plaisir dans cette liberté retrouvée, avec des histoires d'enfants cachés, de vengeance, de stratagème mené durant ces 25 années, tout ça pour déboucher sur une starlette géante, arme de destruction massive, déambulant à travers Tokyo, allégorie énorme de la puissance de la culture pop japonaise.

Tout ceci est extrêmement jouissif, personne ne se prend au sérieux, ni même le public qui saluait les exploits de notre duo de héros. A ranger dans sa filmothèque à côté de Zebraman.

17 décembre 2011
par Fablin


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