Devdas est un enchantement pour quiconque découvre le cinéma de Bollywood, et malgré sa durée, il ne s'égare que très rarement dans l'ennui. Lorsque ce dernier pointe son nez, une danse est alors exécutée avec brio par une armée de comédiens charismatiques qui en font des tonnes sans jamais paraître ridicules, à condition d'avoir un certain recul face au déversement sidérant de sentiments et de symboliques à l'écran, et de laisser dans le coin de sa tête les morceaux choisis du cinéma ou de l'industrie du clip de Bollywood par les télévisions françaises, dont l'unique but est de s'en moquer. Devdas n'est pas qu'une simple succession de séquences mettant en avant l'amour impossible entre Paro et Devdas, c'est également un grand commentaire -rendu ludique par l'avalanche de couleurs et de danses- des inégalités sociales empêchant deux êtres de s'épanouir complètement après que dix ans ce soient écoulés depuis leur dernière rencontre. Bhansali sait d'ailleurs ménager le suspense avant de montrer à l'écran qui sont les deux "papillons amoureux" ou "Roméo et Juliette", avant que ces derniers ne quittent plus jamais l'écran dans un tourbillon d'amour, de déchéance et de tragédie, c'est à dire tout l'art du cinéma mélodramatique ici poussé à son paroxysme -ringard chez l'un, fascinant chez l'autre- qu'un Tsui Hark n'aurait sans doute pas renié, à coups de longs travellings avant, plans en contre-plongée et 360° étourdissants, le temps d'un conte magique aux influences orientales.
De ce fait, l'aspect mélodramatique très poussé du film est principalement dû à l'interprétation riche en nuances comme en outrance d'un cercle de comédiens délivrant tout un panel d'émotions : que ce soit Aishwarya Rai ou Shahrukh Khan, leurs yeux sont constamment emplis de larmes, leur complicité fait mouche, détonne, explose dans un festival de couleurs et de décors ostentatoires. Plus encore que l'amour retenu de Aishwarya Rai, Shahrukh Khan tient le film par ses excès d'amour et d'alcool lui conférant un charisme explosif : pas étonnant qu'encore aujourd'hui, cette légende en Inde reçoit régulièrement la visite de pèlerins venus déposer des offrandes et de l'encens devant ses appartements. Aussi euphorisant qu'après avoir ingurgité le breuvage défendu, Devdas trouve son sommet chorégraphique le temps d'une danse où deux amateurs d'alcool s'en donnent à coeur joie, prouvant une nouvelle fois que la danse et la joie font partie intégrante du système Bollywoodien. Que l'on aime ou pas, Devdas est ce que Bollywood a de mieux à offrir question accessibilité.
Un grand tourbillon de sentiments, d’images et de musique, qui vous entraîne dès la première seconde et ne vous lâche que plusieurs heures après le générique final. Telle est la description succincte que l’on pourrait écrire sur la version 2002 de Devdas, fresque autour d’un amour contrarié écrite en 1917 par Sarat Chandra Chatterjee, maintes fois adaptée à l’écran et qui trouve son aboutissement ici avec Sanjay Leela Bhansali, propulsé par la même occasion génie virtuose de la mise en scène en confirmant ainsi le très bon Hum dil de Chuke Sanam de 1999, talent confirmé ensuite par l’excellent Black de 2005.
Tout dans ce film est à tomber à la renverse : l’entrée en matière très théâtrale où l’agitation familiale annonce l’arrivée de Devdas un bon quart d’heure après, le couple très complice formé par le duo Shahrukh / Aishwarya, les rebondissements savamment dosés, et surtout un soin exceptionnel apporté aux décors, costumes, musiques et chorégraphies, toutes plus somptueuses les unes que les autres. Si l’on ne devait d’ailleurs en retenir qu’une, on pourrait choisir l’hallucinante scène employant la grande et fine Aishwarya avec la rondelette et expérimentée Madhuri, d’une beauté que tous les superlatifs du monde ne suffiraient pas à décrire. Le tout sur fond de décadence morale baignée dans l’alcool qui n’est pas sans rappeler le Leaving Las Vegas de Mike Figgis.
Bhansali parvient alors à son objectif, Devdas et Paro rejoignant sans difficultés Roméo & Juliette au Panthéon des amants maudits. L’importance de son film poussera peut-être un jour un historien à en faire un symbole d’une Inde du XXIème siècle qui s’est enfin ouverte au monde, d’une démocratie libérale qui s’est affranchie du socialisme de Nehru après la chute de l’Union Soviétique, qui affiche des taux de croissance record et qui s’exporte désormais vers l’Occident, à la fois moderne et fière de ses traditions. « Cela fait des décennies que les indiens regardent des films venus d’ailleurs. Il est maintenant temps que l’Occident regarde aussi nos films. » annonçait récemment une actrice Bollywoodienne visionnaire…
Un gros budget Bollywood, avec un réalisateur qui s'éclate avec des mouvements de caméra moyennement réussis.
L'histoire est du super classique et le "message" du film superficiel. Les parties musicales sont assez nombreuses et réussies et les costumes superbes.
Au final, un "produit" très réussi sur la forme. Un beau spectacle qui ne réjouit que les yeux et les oreilles, ce qui n'est déjà pas si mal.
Quatrième adaptation de la célèbre histoire, "Devdas" n'est ni plus, ni moins l'archétype du drame hindou traditionnel : l'amour contrarié d'un beau couple que tout semble désigner comme étant le plus beau sur cette terre, mais qui ne se trouve en raison de leur différence de "caste" (de milieu social).
Rien de bien neuf dans ce chassé-croisé sentimental, si ce n'est la sublime et envoûtante bande musicale (facilement disponible) et un magnifique casting.
Parfait pour "s'habituer" au genre.