Xavier Chanoine | 2 | Sujet sans grand relief et un style étrange |
A partir de ce matériau de base solide mais potentiellement hermétique, Kim Tae-Shik fait l'impasse sur tout tic de mise en scène tendance et y installe une atmosphère difficilement cernable. Il y a un vrai potentiel comique (surtout de situation), une vraie volonté de casser les codes de la comédie mainstream et du drama de base car si Driving With My Wife's Lover est étrange en tout point, il n'est que le rencontre pure et simple entre la comédie grand public et le film d'auteur difficilement cernable. Difficilement cernable pour plusieurs raisons, il y a d'abord ces petites séquences érotiques non simulées assez "fortes" pour un film coréen, soyons francs, et cet humour oscillant entre le grand public (la première moitié) et le renfermé (la deuxième moitié) étonne comme il déroute. La déchéance totale des personnages jusque là propres sur eux fait vriller le film un peu n'importe comment, où longues séquences de beuverie et errances totales créent une véritable rupture avec la première partie qui elle, jouait avec les codes de la comédie classique sans forcément les bouleverser : deux trois paires de sein à l'air, des dizaines et des dizaines de pastèques qui dévalent une route, une partie de badminton improvisée, jusque là rien de bien anormal. Et pourtant, ces petites idées amusantes ne font pas tout, Driving With My Wife's Lover se repose sur ses lauriers jusqu'à la faim et ce malgré ses "audaces" érotiques qu'on ne connaissait pas venant de CJ Entertainment. Le film paraît même bien dark, pas forcément concret et gavé d'ellipses, inégal et piégé par ses intentions de créer un genre. Le film d'auteur hermétique grand public, ça existe?