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De l'eau tiède sous un pont rouge

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 3.88/5

vos avis

36 critiques: 3.74/5



drélium 3.75 Étonnante fraîcheur.
Ghost Dog 3.5 Chasse au trésor
Junta 4 Un très bon film humide !!
Ordell Robbie 4 le beau film d'un éternel jouisseur
Xavier Chanoine 4 Simple, beau, touchant, drôle. Et un cinéaste regretté.
Yann K 4 Une cure de jouvence
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Chasse au trésor

Ton léger et morale vaguement anar’ envoyant paître les valeurs du monde de l’entreprise si ancrées dans l’état d’esprit nippon, De l’eau tiède sous un pont rouge est une ode hédoniste rafraîchissante, à l’image de ces geysers de liquide jouissifs qui inondent les alentours, viennent s’écouler dans la rivière d'un petit village sous un pont rouge et nourrir des poissons péchés par des petits vieux éberlués par cet africain marathonien qui y saute à pied joint pour pêcher à l’épervier tout en chantant « mami watta mami watta » (une histoire de sirènes parait-il ) alors que c’est interdit, qui court vite mais qui se fait dépasser à chaque fois par Yosuke quand ce dernier a une grosse envie de se faire rafraîchir un peu… Voilà grosso modo le petit monde dans lequel évolue une galerie de personnages attachants au beau milieu cette intrigue qui a malheureusement parfois tendance à tourner en rond.

Mais Imamura est un vieux malin qui sait quand même ce qu’il fait, et qui croit dur comme fer au message qu’il veut faire passer (prenez du plaisir, la vie est courte !). Avec un couple d’acteurs principaux excellents (impeccable Koji, mimi Misa) et une fin presque aussi osée que celle - mémorable - de Kanzo Sensei, il serait dommage de ne pas en profiter.



16 décembre 2004
par Ghost Dog




Un très bon film humide !!

-Si vous ne voulez pas trop en savoir sur le scénario ne lisez pas le 2nd paragraphe-

Ce film est vraiment osé, l’idée de départ ne fait pas dans la finesse seulement le réalisateur l’aborde d’une manière décontractée sans jamais faire de mauvais goût. Là où un Wong Jing (je sais c'est pas le même pays ni le même genre de réalisateur cependant il faut bien le reconnaître) se serait lâché pour finir dans le graveleux, ici rien de tout ça. Il nous montre ce récit sous la forme d’une chronique de la vie sociale que le Japon découvre malheureusement comme beaucoup d’autre pays de plus en plus : le chômage. Lorsqu’il s’insère dans une société qui l’a peu connu, il peut détruire beaucoup de chose (comme le cocon familial par exemple).

L’histoire est celle d’un homme qui va chercher un bouddha en or qu’un vieux clochard/philosophe récemment mort avait caché dans un vase. Une fois sur place il découvrira une femme qui a un sérieux problème, elle ne recrache pas toute l’eau qu’elle ingurgite, et lorsqu’elle est « pleine », elle n’arrive plus à contrôler ses pulsions et devient cleptomane, sauf si elle pratique un coït qui lui permet de recracher toute l’eau à l’intérieur d’elle.

Les acteurs sont bons, joue bien le salary-man de base qui pensait travailler dans son entreprise durant toute sa vie. SHIMIZU Misa, on ne peut pas dire que c’est une bombe mais elle possède un charme qui fait que même les jeunes de 20 ans comme moi sont subjugués. Et une mention spéciale aux 3 petits vieux qui pêchent, car ils sont vraiment marrants.

L’humour est omniprésent, chaque scène de coït est accompagnée d’une petite musique de meilleur effet ; les 3 petits vieux qui pêchent et qui font des commentaires ; l’Africain qui s’entraîne tous les jours à courir, …

Ce que j’apprécie tout particulièrement c’est que malgré le sujet finalement peu de chose sont montrées et beaucoup sont suggérées, au maximum on voit Shimizu Misa en nuisette. On en voit plus du garçon, c’est tellement rare qu’il faut le souligner. Sous ses airs de comédie le film en profite au passage pour dénoncer l’exclusion que provoque le chômage, l’éclatement de la famille, le racisme latent des japonais …

Pour clore je dirais que ce long-métrage est maîtrisé de bout en bout, et que sous ses aspects de comédie et de satire sociale, le réalisateur nous fait une ode au « plaisir de la chair » et démontre que c’est une des choses qui fait tourner le Monde. A noter que malgré sa durée le film passe à toute vitesse.



16 décembre 2001
par Junta




Simple, beau, touchant, drôle. Et un cinéaste regretté.

Si De l'eau tiède sous un pont rouge est un grand film simple, c'est parce que Imamura a su insuffler tout au long de cette formidable histoire humide un parfum de naturel une nouvelle fois mêlé à des senteurs purement fantastiques. L'eau jouit par Saeko fait sauter les poissons de joie, elle nourrit les plantes et crée un arc-en-ciel, tout simplement. Et le passage souterrain dans cet immense décor oblique surréaliste peut faire penser à l'introspection même de la jeune femme. Yosuke pointe au chômage et décide de quitter Tokyo pour rejoindre la banlieue, chargé d'une mission confiée par un vieil homme affirmant la présence d'un trésor estimé à un million cinq cent mille yens caché dans une maison près d'un pont rouge. Cette maison n'est autre que la demeure de Saeko et de sa grand-mère. Yosuke va rapidement oublier sa mission au profit d'une liaison pas commode avec la jeune femme et déposera ses bagages dans une auberge où l'on sert de la mauvaise bouffe, pour travailler en tant que pêcheur pour une grande gueule touchante rencontrée suite à une querelle. Depuis le merveilleux L'Anguille, Imamura a opté pour un style qui lui scie à merveille : la simplicité rigoureuse de sa mise en scène est exempt de fioritures, il raconte des aventures inopinées qui bouleversent la vie de ses interprètes. Des rencontres touchantes aussi bien dans L'Anguille que dans Docteur Akagi, une chronique simple d'êtres peu ordinaires (la reconversion dans le premier, la vitesse de réaction dans le second), des rebondissements classiques mais qui dynamisent l'ensemble (le passé qui rattrape le héros, les autorités trop pesantes...), et l'on retrouve tous ces éléments narratifs dans ce film-ci : la nouvelle vie de Yosuke ne pouvait pas se dérouler de si belle manière, un proxénète doit forcément s'en mêler, mais à la différence de L'Anguille, l'embrouille ne sera qu'épisodique, le temps d'une incroyable empoignade jouissive filmée en plan-séquence et se terminant dans un bordel pas possible avec la fuite en scooter au loin du principal concerné.

 Vieilli, Imamura? Certainement pas, preuve que le cinéaste a gardé sa générosité caractéristique, en n'omettant pas non plus sa petite charge à l'encontre de la société qui s'étonne et qui fait preuve d'une curiosité malsaine à l'encontre des gens "différents". Là aussi le paradoxe est grand dans la mesure où depuis quelques années, la reine du X nippon n'est autre qu'une femme fontaine. Passons, le film est saupoudré d'une humour décapant, un humour qui n'est pas vraiment démonstratif mais qui découle des situations parfois dégénérées, Yosuke achevant Ramin (un athlète amateur venu d'Afrique qui espère gagner le marathon local) à la course au sprint pour rejoindre Saeko et la vider de son précieux liquide, les trois vieillards discutant de tout et de rien sur leur chaise de camping en attendant que les poissons mordent, les linges étendus quotidiennement trempés par la jouissance de Saeko , les prédictions de bonne aventure de la grand mère de Saeko, l'ironie des séquences d'amour (dont une superbe séquence d'exhib de notre Yakusho Koji préféré!). Impossible de ne pas prendre du plaisir -à l'image de Saeko- devant cette merveille de jeunesse signée par un cinéaste que l'on regrette déjà. On croirait même au film de grand enfant (le plan de l'arc-en-ciel en fin de métrage), mais le talent d'Imamura suffit à donner aux séquences basiques (une engueulade, une remise en cause) un pouvoir émotionnel confinant à la douleur : le côté ambiguë du personnage de Saeko, que l'on pense différente et manipulatrice à cause de racontars, est extrêmement travaillé et suscite autant un formidable attachement tout au long du film qu'une haine pas possible le temps d'une minute chrono. Mais dieu merci, les racontars restent des racontars et au film de se terminer sur un déluge aquatique plein d'amour et de tendresse. Grand film.



05 août 2008
par Xavier Chanoine




Une cure de jouvence

Comme beaucoup n'ont pas envie qu'on leur en dise trop sur ce film avant qu'il sorte en salles, on va faire court : ce dernier Imamura est un pur bonheur, à quelques petits défauts près. Sa poésie, sa fraicheur et la gaieté communicative des acteurs (le même couple que L'anguille) a déjà marqué le cinéma. On dirait une des premières oeuvres d'une jeune cinéaste fougueux, limite potache, mais cadré avec une élégance rare, et baigné d'une lumière que seul les grands maîtrisent. C'est simple, ce film donne envie de baiser. Rien de vulgaire là dedans, ce n'est pas American Pie mais tout l'inverse. De l'eau tiède est particulièrement chaud, donnant une image de l'amour décomplexée, poétique et extatique, bref, ce dont on rève... d'autant plus que on fantasme très facilement sur la craquante Misa Shimizu!

Imamura, décidément très en verve sur ce coup, réussit en plus des moments de comédie dignes de Jacques Tati. Les passages d'un athlète noir, rejeté par le village mais qui devient pote du héros, sont dignes d'un cartoon. Un black au Japon? Les cinéastes japonais parlent trop peu du racisme latent de leurs fiers compatriotes. Heureusement que Imamura, ainsi qu'Oshima ou, dans un autre genre, Takashi Miike, ont cette liberté là.



27 juin 2001
par Yann K


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