Comme une puissante décharge que l’on reçoit sans trop savoir comment ni pourquoi, Electric Dragon 80.000V a une place étonnante dans la longue filmographie de Ishii Sogo. On peut effectivement se demander ce que vient faire cette variante noisy du Tetsuo de Tsukamoto, au format moyen et à cette époque-ci, comme si le cinéaste voulait revenir intégralement à ses premières attitudes révoltantes (Panic in High School) et punk (Burst City). Avec ce Frankenstein des temps modernes, interprété par un Asano Tadanobu en grande forme qui retouchera de la guitare pour quelques moments délirants dans le beau Eli, Eli, Lema Sabachthani?, ce métrage très court est un pur condensé de volts et de science fiction qui ravira sans aucun doute les fans de manga, avec ses intertitres expressifs dans la pure lignée des produits de consommation brutaux qui sévissent dans les librairies ou les bornes d’arcade. Ou une sorte de « finish him ! » permanent pour pas grand-chose, mais rien de déshonorant en terme de pause formellement explosive dans la carrière très complète du cinéaste. Car le plus terrible dans tout ça, Electric Dragon 80.000V est maîtrisé dans la plupart de ses compartiments : la diversité de sa mise en scène énergique est bien là, le montage n’est pas épileptique bien que réalisé par Kakesu Shuichi, collaborateur d’un Kitamura ou d’un Miike, ayant fait ses premières marques dans le domaine de l’animation (Ghost in the Shell, Jin-Roh…), et ses solutions narratives et formelles bien ancrées dans un registre de pure science-fiction se marient tout aussi bien avec l’univers psychédélique retranscrit par des looks improbables et des riffs de guitare délirants et très noise, dont la guitare n’est finalement que le prolongement psychique et physique d’un excité du bulbe ressuscité. Le combat final entre Dragon Eye Morrison (Asano) et cet espèce de Bouddha électrique paraîtrait presque un peu anodin tant le film n’en a pas besoin, l’univers a déjà de bien solides bases le temps d’un tout petit film bruyant mais qui ne rendra personne sourd.
Tout a été dit, Electric dragon est dans la droite lignée de Tetsuo, un moyen métrage noir et blanc cyber punk, plus regardable peut-être, moins de grain, moins de pustules et de gros plans de vermines trash, un poil moins hystérique et c'est pas plus mal. Le réalisateur Sogo Ishii, ex punk à l'esprit rêveur assagi, renoue avec ses origines tout en nous gratifiant de moments de quiétude particulièrement appréciables dans les rues de Tokyo quasi désertées. Comme Tetsuo, c'est un clip vidéo hyper travaillé qui met en scène deux combattants, des super anti héros qui souffrent et ont un destin directement tracé, se confronter, se déchirer la face à coups de charges électriques. Seules la puissance, la folie, la souffrance et l'énergie des deux combattants sont importantes. Le reste n'existe pas. Le travail plastique est remarquable, en particulier, le rendu de l'énergie électrique et des secousses diverses, une grande puissance se dégage. Une décharge qui vaut le coup mais assez inutile quand même.
PS tardif : Et oui, rendons à César ce qui est à César, Sogo Ishii est le seul vrai parrain du cyber punk nippon.
Un très bon délire, électrisant, ca va sans dire, décapant, qui a le gros mérite de ne pas se prendre au sérieux. Il n'y a pas de message ou alors le message est qu'il n'y a pas de message (hum!) mais juste la volonté d'en mettre plein les yeux et d'être rock n' roll jusqu'au bout. Ca plait ou ca ne plait pas, mais mo j'adore ce genre de délire visuel raffraichissant.
Un clip survolté, barge, marrant, expérimental jusqu'aux bouts des ongles... oui, mais ça reste un clip :(
À noter encore une fois la participation de l'excellent ASANO Tadanobu !
J'ai toujours adoré l'expérimentation au cinéma (c'est mon côté pédant et excentrique).
Donc je me suis jeté sur ce film et je n'ai pas été déçu. Voir Tadanobu Asano "larseniser" sa guitare dans des éclairs électriques sur une mise en scène et un montage fabuleux suffit à mon bonheur.
pour résumer la réalisation est sympa bien que pompée en partie sur TSUKAMOTO mais l'"histoire" est plutôt légère. ça ressemble à un manga et il y a certaines idées pas mal mais l& défaillance vient du scénario pseudo-déjanté sans l'être vraiment: dommage
Ishi raconte l’histoire de deux sortes de super-héros surchargés en électricité qui s’affrontent au milieu du Tokyo côté ultra-urbanisé. Le tout est bercé par les coups de guitare de l’un des deux, ‘Dragon Eye Morrisson’. Alors c’est sûr, « Electric dragon 80000 V » est un film éminemment cyber-punk. Dans le pire des cas, il risquait d’être un mauvais clone du peu inspiré et saoulant « Tetsuo » de Tsukamoto. Oui mais voilà, Ishi a un propos à avancer, et donne du sens à son style et à sa narration.
Du long de ses 55 minutes, le film s’agence en phases qui reprennent les différents mouvements d’un duel, d’un combat de boxe (comme celui du début justement). D’abord, les présentations des deux combattants, elles permettent de justifier l’utilisation d’une voix-speeker et des écritures qui explosent littéralement à l’écran. On est sur le ring et se dévoilent sous nos yeux déjà boursouflés ‘Dragon Eye Morrisson’ et ‘ThunderBolt Buddha’. Suivront alors la phase d’observation puis celle du combat final à proprement parlé qui, disons-le d’emblée, ne décevra pas.
Mais « Electric dragon 80000 V » ne vaut pas que comme exercice de narration. C’est aussi un véritable objet d’éblouissement formel, aux qualités visuelles et sonores inouïes. Après un bref monologue, commence une séquence magistrale de par son déroulement en répétitions (montage en épisodes), son rythme, sa musique, etc. Elle présente l’évolution de ‘Dragon Eye’ sur une quinzaine d’années en moins de deux minutes. Puis le film s’enroule alors comme une tornade orageuse. A chaque tour qu’elle fait, elle nous présente les coups de rage répétés de ‘Dragon Eye’ jusqu’à ce qu’elle se mette à détruire tout sur son passage lorsqu’elle commence enfin à accélérer en direction de la ville. Tous les plans de sautes de courants et autres explosions apparaissent alors magnifiés par l’impressionnant travail sur la photographie du film. Un noir et blanc sublime porte l’œuvre de Ishii, preuve parfaite qu'un gros grain de qualité (« Bullet Ballet ») ou non (« Tetsuo ») n’est pas une composante obligatoire à la réussite d’un film cyber-punk.
Mais l’atout majeur du film n’est pas non plus cette réussite esthétique, énorme surprise, c’est son propos. Sogo Ishii a fait de son « Electric Dragon 80000 V », une véritable allégorie. Il s’agit bien d’une mise en images d’un problème pathologique puisque le film étudie les souffrances de deux « malades » rongés par leurs démons internes. ‘ThunderBolt Buddha’ représente le schizophrène dans le sens commun (et rapide) du terme qui veut que deux personnalités se partagent le même corps, luttant ici pour en prendre le contrôle. Un problème psychologique initiale pour lui. Le film présente son combat interne. Ce mal, ‘Buddha’ l’extériorise par la violence. Ayant conscience d’une injustice, il s’en prend aux autres pour se venger. ‘Dragon eye Morrisson’, lui, représente le penchant traumatisé du malade. Electrocuté enfant, il devient une boule de nerf, un véritable reptile déchaîné et s’en prend aux autres avant qu’on ne lui administre une bonne dose d’électrochocs. Plus tard, il comprend le danger qu’il représente alors il s‘attache tous les soirs. Flanqué d’un problème non-innée, il ne s’en prend pas aux autres et trouve son exutoire dans… la guitare. Cet objet d’aide deviendra finalement objet d’un nouveau mal (plus dévastateur encore ?), celui de la dépendance. L’allégorie se poursuit donc jusqu’à traiter ce problème épineux du rapport aux neuroleptiques, médicaments à effet sédatif sur l’organisme.
Finalement leur affrontement final prend toute son ampleur lorsqu’on le voit comme leur moyen ultime de se départager. Dans le sens où tout ce qu’ils cherchent n’est rien d’autre que de prouver lequel d’entre eux souffre le plus. Et c’est dans ce combat que l’interprétation aux allures fumeuses des maux communs des personnages peut vraiment trouver son attestation quand ‘ThunderBolt Buddha’ lâche : « Let’s send them to hell, your demons and mine ! ».
Fascinant de bout en bout et incroyablement riche, autant thématiquement que formellement, « Electric Dragon 80000 V » fait office de référence en terme de cyber-punk. Réussite au-delà du genre, gageons néanmoins qu’il saura aussi bien le promouvoir que l’enterrer…
Electric Dragon 80000V, héritier nul du cinéma nul de Tetsuo Tsukamoto, est forcément un film nul. Parce qu'il n'est pas seulement crétin, ce film, il est aussi zéro. Il est crétin, c'est d'accord : la blague de potache fauchée, tout le monde connaît. Mais il est aussi nul. En se posant comme le nouveau dandy du cinéma postmoderne - c'est-à-dire du non cinéma -, le déconstructeur Ishii se transforme en bobo-anarcho Ishii. Il retombe en enfance, le pauvre. Il confond déconstruction et destruction. Il veut faire de l'anti-cinéma, et il ne fait que de la mauvaise publicité. C'est-à-dire de l'image publique. De l'image ordinaire. De l'image vraie. Electric Dragon 80000V, c'est le rêve de la génération réaliste.
Aprés avoir été foudroyé quand il était jeune (et suite, peux être, à un traitement particulier des médecins...), Morrison développe une certaine capacité éléctrique. Celle ci se précise quelques années plus tard, alors qu'on le retrouve en tant que "chercheur" de lézard (y a bien des personnes qui cherche des chiens non ?!! ben c'est pareil :) ). Il est devenu dépendant d'un lit qui lui évite de décharger son "énérgie" inconsciemment, ainsi que d'une guitare, qui à défaut d'être maltraité avec un tournevis ou bien une canette, lui permet de se défouler. Ce film tient plus d'un combat de boxe qu'autre chose, il suffit de voir les présentations:
Il conduit l'électricité, il est l'homme qui parle aux reptiles, "Dragon Eye" ----Morrisson----
entée du Challenger...
Il est l'homme électrique, il capte toute les longueurs d'onde, le mystérieux "Thunderbolt" ----Buddha----
tout ceci pour en arriver à une confrontation titanesque et forcemment éléctrique.
Excellent film de Shogo Ishii (avec un Tadanobu Asano au mieux de sa forme), décalé sur certains points, les dialogues sont par exemple peu nombreux et parfois (généralement quand ils sont énérvés) apparaissent sur fond noir de manière "électrique"(comme pour les comics US). Ce moyen métrage (50 min environ) est plein de bruit et de fureur, aux plans longs succédent ceux saccadés avec des rifs de guitare. Cela donne un aspect à la fois calme et chaotique, dans un tokyo où les ruelles et les toits sont mis en avant (un autre aspect qui nous change des avenues bourrées de monde).
A voir uniquement par des personnes plus interressé par un concept que par la simple vue de leur acteur préféré. Mon seul regret est due à l'image, trop nette et lisse, qui aurait sans doute rendu ce film plus trash (voir punk) si le grain avait été plus gros (à la manière de Tetsuo par exemple). Malgré tout ce film est fun alors jettez vous sur l'édition Japonnaise qui est de toute beauté et bourrée de bonus.