Un joli voyage initiatique, à mi-chemin entre La Ballade de Narayama et Ceux qui m'aiment prendront le train.
La Chanson de L'Eléphant:
« Eléphant, éléphant
Tu as un long nez!
Eh oui! Et maman aussi! »
En Afrique, les éléphants sur le point de mourir entament un dernier voyage vers le cimetière des éléphants.
Voyant la mort approcher, ils pleurent leurs derniers instants sur terre, mais on croirait qu'ils chantent.
Au Japon, les êtres humains qui meurent sont cyniquement brûlés dans un incinérateur et leurs cendres introduites
dans une urne. Même pas le droit à une petite tombe, faute de place.
L'oncle Châtaigne, lui, refuse cette idée en bloc, partant du principe que comme sa vie a été parfaitement inutile,
il aimerait que sa mort puisse profiter au monde. Son rêve? Etre enterré dans la forêt, et que son jus se distille dans
la terre et fasse pousser tous les arbres un peu plus vite et un peu plus haut. Pour ce faire, il a chargé Kanako de cette
mission, et cette dernière tiendra sa promesse.
Conte moderne sous forme documentaire, caméra au point, ce court film (à peine une heure) surprend par sa poésie,
sa tendresse et sa compassion. L'image tremble, le cadrage est loin d'être rigoureux et le montage assez chaotique, mais
qu'importe! L'essentiel, c'est que cela touche le spectateur au plus profond de lui-même grâce à sa simplicité et à son côté
amateur qui en renforce le réalisme. Une façon aussi de voir le rapport étrange qui lie le japonais moyen avec la mort:
ainsi, la jeune héroine laisse son fils s'approcher, toucher et rester avec le cadavre pendant tout le voyage, comme si de
rien n'était!
En tout cas, même après plusieurs heures, je pensais encore à ce film. C'est donc qu'il ne doit pas être si mauvais!...