Les films de palais ont longtemps été un des genres phares du cinéma de Hong Kong. Côtoyant parfois le meilleur (
Sorrows of the Forbidden City de Zhu Shilin, 1948) le genre demande tout de même quelques prédispositions de la part du spectateur, car s'il va de soit que tout ce qui lui sera montré sera somptueux (esthétique muséale, etc etc.) les récits sont bien souvent poussifs, bavards et soyons francs, un peu chiant.
Lorsqu'il tourne cet
Empress Wu Tse Tien en 1963 (inspiré de l'histoire de l'impératrice douairière que l'on ne présente plus), Li Han Hsiang n'en est pas à son coup d'essai et à déjà signé quelques classiquees de la Shaw Brothers (
Diau Charn,
The Kingdom and the Beauty,
The Enchanting Shadow, ainsi qu'une version de l'impératrice
Yang Kwei Fei, déjà adapté sept ans auparavant par Mizoguchi). Si Li Han Hsiang et le maître japonais partagent un certain goût pour les personnages féminins, on regrettera cependant que Li n'ait; avec cette version de Wu Tse Tien, pas assez poussé cet aspect, d'autant qu'elle est considéré comme LA grande impératrice féministe de l'histoire de la Chine. Au lieux de ça, Li Lihua campe une femme à la majesté certes imposante, mais semblant un peu trop balisée. Le réalisateur en fait une figure forte, mais oublie en chemin d'en faire une femme. Tout cela s'enlise dans un récit banale de montée en puissance, un nombre incalculable de complots, de paranoïa et un semblant de mégalomanie.
Quelles qualité présente finalement le film ? Outre sa beauté esthétique (chaque plan est cadré à la manière d'un tableau, chaque pièce est mise en valeur par la composition du cadre, parfois au point d'en oublier de faire vivre le récit) c'est surtout le charisme de Li Lihua (presque une Elizabeth Taylor Cléopatresque) qui l'emporte. Le film est à définitivement à la gloire de sa star et l'on ne voit qu'elle. Même des seconds rôles (tels que King Hu) sont totalement effacées derrière la diva de la Shaw.
Le film demandera donc une bonne dose de patience, voir une petite relecture de la bio wiki de Wu Tse Tien en amont pour savourer pleinement le récit qui risque bien de plomber le spectateur avec ses 1h50 de dialogues (et 3 plans de batailles).