Ordell Robbie | 1 | Toujours irresponsable mais avec un peu plus de cinéma |
Junta | 4 | Vous avez dit exploitation ? |
El Topo | 2.25 | L'enfer des tatoueurs |
Bien sur, l'Enfer des Tortures a cahier des charges de la série Tokugawa oblige (série dont néanmoins tout amateur de cinéma japonais se doit d'avoir vu un représentant parce qu'il incarne un détournement violent et racolleur du jidaigeki et entre autres parce qu'il offre un aperçu des années Tokugawa bien différent du jidaigeki justement, qu'ils révèlent la grande licence rayon cruauté du cinéma japonais de l'époque, cruauté qu'on retrouvera comme élément narratif tout sauf racolleur pour poser la caractère glacé des héroines dans les meilleurs revenge movies japonais ou la dégradation morale d'une époque par contraste avec des figures croyant toujours un peu aux codes d'honneur dans le troisième Babycart) et son quota de scènes à la cruauté racolleuse sans discours élaboré autour (au début -le coup de lance dans le ventre et la tete sciée- et en fin de film -l'écartèlement-, comme si c'était placé aux moments les plus frappants: on frappe un grand coup au début pour que le public puisse avoir de quoi patienter jusqu'à la prochaine scène choc et on frappe l'autre grand coup à la fin histoire que le public sorte en ayant l'impression d'en avoir eu pour son argent), ses transgressions sans discours de la transgression (la profanation de tombes), ses gros calculs à trois francs (le fait de prendre des personnages de filles vierges à déniaiser et d'avoir recours à l'artifice de la ceinture de chasteté pour en appeler aux fantasmes de la frange du public du genre fantasmant sur les jeunes vierges), sa démago (la vente de geishas à des Occidentaux caricaturaux).
Sauf que là où Femmes Criminelles ne se caractérisait rayon cinéma que par un niveau technique supérieur aux productions occidentales du meme genre et semblait utiliser les passages hors tortures comme des bouche-trous ennuyeux avant la prochaine scène choc, c'est bien joué et il y a ici un début de tentative de cinéma de contrebande, de volonté de faire un vrai développement de personnages et de récit à peu près construit, de la tentative d'inventivité visuelle, bref quelque chose qui se rapprocherait de travail d'un bon artisan du roman porno. Ce qui ne donne pas au final un grand film mais déjà un film qui a plus d'intéret. Le scénario est déjà bien plus varié contenant une description de la vie dans un bordel, une partie romance, de la rivalité entre tatoueurs, de la vengeance (dans un combat final plutot mal monté) et aussi du ridicule -ces travelos qu'on croirait échappés de la Cage aux Folles-. On y voit décrit le travail des tatoueurs et leurs rivalités avec précision, on y apprend les effets secondaires du saké sur les tatouages. Les tentatives d'inventivité visuelle et/ou de cinéma intéréssant, ce n'est pas dans des zooms brouilons, dans des cadrages parfois mal faits qu'on les trouvera mais par exemple lorsqu'un personnage est filmé au travers d'une vitre multicolore, lors des cadrages rapprochés lors de certaines scènes de tortures, dans l'usage de chromas vifs de la photo pour soutenir la dramatisation de certaines scènes. Sauf que pas mal d'idées intéréssantes sont plombées par une excécution brouillonne et l'usage ridicule de la voix off tire aussi le film vers le bas.
Au final, c'est toujours médiocre cinématographiquement mais il y a dedans des choses qui donnent envie de voir ce que donne le travail d'Ishii Teruo appliqué à du yakuza eiga par exemple.
L’Enfer des Tortures est un film d’exploitation japonais relativement poétique (oui oui) et misogyne à souhait. Film d’exploitation car tous les excès de ce type de production sont présents. Il ne faut pas chercher midi à 14h, ici le concept de base c’est de montrer de la torture et des femmes nues, le fait que ce soit ISHII Teruo qui s’occupe de la mise en scène est un plus appréciable car il parvient à emballer ces impératifs de fort belle manière avec une histoire agréable à suivre et une belle mise en scène.
Il se dégage une certaine poésie grâce à toutes ces séquences de tatouages, jusqu’à cette scène surréaliste où 2 occidentales tatouées apparaissent dans la pénombre et nous font découvrir leur tatouage fluorescent. En ce qui concerne ces tatouages, lors de la projection du film à l’Etrange Festival une personne s’y connaissant demanda à Teruo Ishii pourquoi la majorité des tatouages ne sont pas de type japonais classique, ce dernier nous indiqua que les tatouages ayant une durée de vie de quelques heures il dut faire appel à une école située dans la ville du tournage et il donna comme consigne aux élèves participant à leur élaboration de laisser parler leur imagination quitte à s’éloigner des tatouages traditionnels. Le résultat est parfois surprenant, souvent très beau.
Enfin ce film est un grand film misogyne car la femme la plus forte présente ici est la dirigeante de la maison close, elle se fera cracher à la gueule et finira sa vie de manière assez brutale (magnifique plan final, pour un film qui s’ouvrait déjà de manière magistrale).
D’après ce qu’on m’a dit quelques différences existent entre la vf et la vo (que j’ai vu), mais rien de fondamental même si certains personnages ne possèdent pas les mêmes liens. L’Enfer des Tortures est un bon film d’exploitation, rythmé et parfois original qui garde l’attention du début à la fin.