Sens du rythme, séquences humanistes mais final loupé
Pour son premier film en tant que réalisateur, Yau Nai-Hoi peut avoir de sérieux regrets tant son matériau de départ aurait pu laisser présager du meilleur, surtout avec une telle équipe aux commandes. Pourtant, à aucun moment le film n'arrive véritablement à décoller ou du moins surprendre du fait qu'il tient en haleine son spectateur par un suspense posé et relativement terrassant sur toute la longueur, et c'est justement le fait que ce suspense soit de haute volée qui, paradoxalement, nuit au film. Car Yau Nai-Hoi n'a pas les moyens ni -visiblement- les ambitions pour dépasser ce même suspense en apportant une touche qui ferait la différence, pire même, il semble que
Eye in the Sky traite son sujet avec une parfaite indifférence et sa mise en scène d'être impersonnelle au possible, la faute à un réalisateur qui a trop bien appris sa grammaire chez Johnnie To et ses équivalents télés provenant d'Occident. Ne pointons pas du doigt la prestation des comédiens, Simon Yam reste égal à lui-même et parvient à être attachant avec sa brioche (non, ce n'est pas un gilet pare-balles), Kate Tsui (issue de la télévision) rend une copie sans faute mais sans prises de risque, Lam Suet passe son temps à bouffer pour quatre, Leung Ka-Fai est toujours aussi beau gosse.
Si certains rôles sont peu développés (Lam Suet fait encore plus de la figuration ici que dans Exilé), l'artillerie des SU l'est tout autant, un comble pour un film qui mise justement gros sur cette option, heureusement compensée par une écriture de qualité multipliant les jeux d'espion et instaurant le suspense. Les nombreuses poursuites de "l'Homme Invisible" (Ka-Fai), l'espionnage de "Fatman" (Lam Suet), les blagues de "DogHead" (Simon Yam), tout contribue à apporter le petit plus digne d'une bonne production Milkyway (non sans rappeler les débordements comiques des films de Johnnie To), même si le filmage donne parfois la nausée ou fait dans le "trop". On aurait aimé plus de piment et plus d'émotion dans cette entreprise très clean, mais cette dernière n'évite jamais le copycat de ses homologues du petit écran et se permet même quelques recyclages malvenus (le staff du bureau rappelle celui de Breaking News, pénible, Maggie Siu en tête). Le final brille aussi par son comique involontaire. Yes madam.
Captivant et personnages attachants
Sans être un sommet du film policier, Eye in the Sky arrive à être entrainant et surtout pas @!#$, pour un film qui ne raconte que des filatures. D'ailleurs on pourrait presque lui reprocher de ne pas assez montrer tout le coté ennuyeux qu'il y a à attendre un type dans une voiture pendant plusieurs jours. Enfin, la réalisation est énergique ; sans doute copiée sur un style américain en vogue, mais qui a l'avantage de bien marcher. Les personnages sont également attachants, bien interprétés, sans excès, ce qui apporte beaucoup au plaisir qu'il y a à voir ce film. Bref, bon film sans être un chef d'oeuvre.
Un film qui ne manque pas de qualités : une intrigue originale, un très bon cast qui joue très bien, et de bonnes idées. Malheureusement, l'ensemble peine à nous tenir vraiment en haleine malgré sa courte durée. Une tentative louable manquant d'énergie au final.
Souriez vous êtes suivi...
On ne peut nier l'évidence! Johnnie To fait partie des influences du réalisateur, quoi de plus normal après des années de coopération. J'ai pensé plusieurs fois à "Breaking News" en voyant le film. Une bande de flics va une nouvelle fois s'opposer à une bande de voyous. L'originalité vient du fait que cette équipe de flics n'utilise pas de flingues puisqu'ils sont spécialisés dans la filature. Le film est donc tourné plus vers l'enquête que vers l'action : peu de coups de feu et pas de scène de gunfight à la "Exilé".
La ville de Hong Kong est encore une fois exploitée au mieux pour servir le film : ballades de toits en toits, de rues en rues, quartier d'Aberdeen...On y suit une jeune file qui découvre le monde de la filature. Le personnage joué par Kate Tsui apporte fraicheur et spontanéité. Elle évolue sous le regard bienveillant de Simon Yam, dont la dégaine n'a rien a voir avec son rôle classieux de "Election". Du côté des méchants on retrouve Tony Leung dont je n'aime pas trop l'interprétation trop froide. En revanche Lam Suet est remarquable dans son rôle de "gros".
Le point fort est donc la vision originale que nous apporte le film d'une classique histoire de truands et de flics. On se prend au jeu de la filature et on s'imagine avec les flics pendant leurs planques.
Un film policier rythmé, efficace et divertissant.
Les notes ici semblent bien dures.
En effet, ce film policier, qui est finalement sans prétention, est certes loin d'être un chef d'oeuvre, mais il serait pourtant dommage de passer à côté. Vraiment.
Signalons qu'il s'agit du premier film du scénariste attitré de Johnnie To, j'ai nommé Yau Nai-Hoi. Si l'ensemble manque certes de personnalité (nottament à cause d'une photo plutôt banale), le film est pourtant très bien réalisé et pas du tout filmé avec les pieds. Le rythme est maîtrisé (c'est du non-stop, un style qui rappele des séries genre 24 ou les films Jason Bourne), l'émotion bien dosée et pas lourdingue à l'inverse de somme de films HK d'aujourd'hui (genre dans Invisible Target de Benny Chan) et les rares scènes d'action sont d'une effficacité bluffante. Enfin, les acteurs sont très sympas, tous comme les actrices qui ne sont pas reléguées au second plan.
Pour un premier film, c'est prometteur.
Bref, courez donc voir
Filatures en salle.
21 janvier 2008
par
Hotsu
la ville a des yeux
Alors que l'usage de systèmes de contrôle et de surveillance des individus se banalise de plus en plus (caméra de surveillance, base de données de consomateurs, fichiers ADN,...) il est vraiment pas étonnant de voir des films s'attaquer à ce genre de sujet. C'est même bien, le cinéma étant potentiellement fort cohérent avec ce genre de questionnement.
Filatures n'est malheureusement pas le film qui le traite de la meilleure manière (mais sur le moment, comme un con, j'ai pas d'exemple, mais ça viendra).
La première scène met pourtant l'eau à la bouche, à travers l'entrecroisement de deux "filatures" (même si aucune de deux n'en est vraiment une), prétexte à des jeux d'axes et de points de vue plutôt intéressants. Et surtout, incluant dans son regard, au dela des personnages mis en scène, l'environnement urbain - buildings, avenues, supérettes, transports en commun et ruelles. C'est ce qui péchera sur la suite du film, alors que le scénario comme la caméra accorderont davantage de place aux personnages, dans un déroulement de thriller plus traditionnel et surtout moins esthétique. Le reste est connu et d'un schéma assez classique - même si le sujet (la filature, rien que la filature) reste un peu original - mais un rythme soutenu et une mise en scène pas déshonorante le font passer agréablement.
05 janvier 2008
par
Epikt
Le film commence bien avec un premier tier ou il y a peu de chose à redire, mais le développement est inégal. Certes il y a des bonnes séquences mais il manque un peu d'action, en tous cas les filatures deviennent un peu rébarbatives à la longue.
Sinon dans l'ensemble le réalisateur doit vraiment apporter plus de style personnel car pour l'instant inexistant.
Un film qui ne tient pas toutes ses promesses mais qui permet d'espérer une suite de carrière de qualité.
Classique... mais bon, la machine est bien huilée.
Un nouveau thème, la surveillance discrète policière, et un polar HK de plus.
Marchant dans les empreintes de Johnnie To, Yau Nai Hoi nous livre un film correct, mais sans style personnel propre.
Si l'on attend rien en particulier, on passe un bon moment, et puis voilà.
Vu au JIFF 2007.
Oeil pour oeil
Intéressant de voir comment l'actuel système "Johnnie To" se met en place au sein de l'actuelle cinématographie hongkongaise…et d'en apercevoir déjà quelques limites.
Soit le fidèle scénariste Yau Hai Noi (la majorité des scéanrios depuis "Bare-Fotted Kid" en 1993) passant pour la première fois derrière la caméra sous l'égide de l'ultra-puissant Johnnie To. L'intrigue est interchangeable avec les autres productions Milky Way – et notamment celles de la fin des années 1990: on y suit le quotidien d'une cellule SU (Surveillance Unit), spécialisée dans le filage de personnes. La réalisation a été pensée en collaboration avec To: caméra à l'épaule, zooms pour augmenter l'authenticité et coller au plus près des récentes séries télé américaines. Staff technique et acteurs sont les mêmes que d'habitude, avec l'éternel Lam Suet (largement sous-employé) et Simon Yam bedonnant (pourvu d'une affreuse prothèse pour l'empâter); mais également l'excellent Tony Leung Ka-Fai et Maggie Siu.
L'intrigue est ultra-simple…et manque un peu de passion. A la différence d'autres productions du genre, l'enquête trépigne et Noi n'arrive à créer le climat angoissant, paranoïaque et oppressant nécessaire. Une scène d'action et un rebondissement clé tombent un peu comme un cheveu sur la soupe avant un dénouement entièrement pensé à satisfaire son public. A aucun moment, les "Eye in the sky" et autres équipements de surveillance de notre société ne sont exploités pour une quelconque dénonciation – le film reste un pur produit de divertissement avant tout; mais la paranoïa aurait largement méritée à être développé…
Les intentions de To se dessinent de plus en plus clairement – et ne sont finalement que dans la droite continuité d'une vaste entreprise commencée depuis des années…mais le résultat semble ici un peu vain. La constitution d'un solide staff lui permet désormais d'enchaîner de plus en plus rapidement des productions, mais également d'introduire ses propres collaborateurs de longue période…et d'exercer un contrôle de plus en plus appuyé sur la cinématographie ambiante.
Une production largement au-dessus du lot des autres productions à nous provenir de l'archipel et une intéressante "mise en jambes" de tous ceux moins familiarisés avec l'univers de To; mais loin des meilleures réalisations de To.