Le dard du scorpion cible celui des hommes
Ce film mélange allègrement filles dénudées, violence exacerbée, expérimentations sur la mise en scène et gros crachat énervé sur toute forme d’autorité. Il est secondé d’un pamphlet d'embruns féministes assez extrême où la virilité masculine n’a qu’à bien se tenir. En dehors de ce contexte ce film est l'une de ces œuvres décalées et rafraîchissantes que l’on (re)découvre en grande partie grâce aux désormais fameuses influences de Quentin Tarantino. Reservoir Dogs braqua les projecteurs sur City on Fire et les polars HK en général, Jacky Brown boosta la ressortie de petits bijoux de Blaxploitation (Coffy, Meurtres dans la 100ème rue...) et Kill Bill permit une orgie dantesque, des 36 chandelles de Gordon LIU Chia Hui à Bruce Lee en passant par un paquet de « rape & revenge & women in prison etc movies », notre scorpion du jour passant juste derrière Lady Snowblood Blizzard from the Netherworld dans le « top 88 » des films cités.
Au sein du cahier des charges strict de cette oeuvre, ITO Shunya s’éclate à distendre sa mission, délirant sur ce groupe de femmes qu’il nous présente à grand renfort de métaphores critiques sur son environnement, de digressions autour du langage de sa caméra. Ainsi, une scène fantastique surprenante nous dévoile une vieille femme mourir puis se faire recouvrir de feuilles d’arbre amenées là par un vent qui, l’instant d’après, balaie son cadavre soudain constitué que de feuilles se dispersant au propre comme au figuré dans la nature. Treize ans plus tard, Terry Gilliam fera disparaître de la même manière le super-plombier Harry Tuttle dans Brazil, les feuilles de journaux volant sur le pavé leur succédant. Une imagerie forte, une raison parmi tant d’autre pour en pincer pour ce scorpion ; d'autant que nous n'avons pas encore évoqué la fabuleuse beauté de KAJI Meiko… voilà, c’est fait, en remerciant au passage la MJC (Maison de la Jeunesse et de la Culture d'Olivet) de nous avoir montré de si jolis yeux pendant un tout petit peu plus d'une heure et vingt minutes.
Bisserie totale surestimée
Scorpion a tout de la femme idéale : elle est belle, très belle, silencieuse et pratique le gang-bang. Le film entier tourne autour d'elle et peut-être ne le savez-vous pas encore mais elle est terriblement belle et même très belle. Et ça c'est assez fantastique, puisqu'elle est vraiment très belle.
Seulement voilà. Elle est belle mais elle a la fâcheuse d'idée de s'enfuir avec six autres femmes, qui elles n'ont rien de la femme idéale, surtout une qui a un faciès particulièrement ingrat. Alors que Scorpion, elle, est très belle. Les six autres (une très moche et très chiante, le commun des mortelles donc, et d'autres pas très moches mais insignifiantes) tirent malencontreusement le film vers le bas. Et même vers le très bas. Alors que Scorpion est très belle.
Irritantes à mourir, on n'a donc qu'une envie c'est de les voir mourir (et puis elles le mériteraient !), qu'elles gâchent moins de pellicule pour pouvoir tranquillement admirer la beauté fulgurante de Scorpion. Cette poursuite n'est donc finalement pas très excitante : une fois passés en revue les passages obligés des wips (moules-frites sans les frites, passages à tabac, massacres d'enfants et d'animaux, viols rigolos, humiliations de mâles), il ne reste plus grand chose. L'action n'est pas non plus très électrisante puisque le gore grotesque côtoie des coups qui s'arrêtent à trois mètres de l'impact.
La douce pensée qui survient pendant ce film, c'est que pour ce genre, il faut avoir quand même du biceps et du poil aux pattes pour que ce soit vraiment bien. Un Itto Ogami qui déchire, vous voyez le genre. Parce que par définition, une femme, ça crie et hurle continuellement et sans raison. Ici, c'est multiplié par six, donc. Oui, mais Scorpion est vraiment très belle (c'est un scoop !). Mais ça ne suffit pas. Pourtant elle l'est vraiment. Belle.
10 juillet 2002
par
Chris
Une série B féministe sympa, mais parfois grotesque
Elle s’appelait Scorpion, avant toute chose, doit être replacée dans une époque : celle des seventies, où la revendication syndicale et sociale battait son plein dans une société japonaise déboussolée. On ne s’étonnera donc pas de l’aspect féministe radical de ce film, qui balaye d’un revers de la main l’image que l’on se fait de la femme japonaise, soumise, bien coiffée et marchant à petits pas dans son kimono à carreaux. Ici, les 7 héroïnes sont des criminelles en cavale, mais des criminelles fabriquées par les hommes, dont le portrait sans concessions (violeurs, menteurs, lâches, pervers, cruels) frise bien souvent la caricature. On pense même à l’ignoble Baise-moi dans la manière de raconter la vengeance et la haine à l’encontre de la classe masculine… Mais la gente féminine n’est pas épargnée non plus, l’auteur condamnant leur naïveté et leur passivité face aux hommes (cf. la femme qui veut revoir son mari malgré tout).
Scorpion, une femme très belle au passé obscur, est au centre de l’intrigue. Et si elle ne dit mot, cela ne l’empêche pas d’être la plus extrémiste de toutes les fuyardes, obéissant uniquement à son instinct de survie et ne se fiant qu’à elle-même. Ses péripéties sont globalement agréables à suivre, notamment lorsqu’elles sont soulignées par des moments surréalistes comme l’épisode de la sorcière des bois ou celui de la traversée du tunnel. On regrettera cependant que la personnalité de chacun des personnages n’ait pas été creusé un peu plus en profondeur, puisqu’elle se résume uniquement à leurs actes, présents ou passés, ce qui provoque un détachement entre eux et le spectateur. On regrettera aussi quelques effets de mise en scène discutables comme des zooms outranciers ou des arrêts sur image muets, ainsi que certaines facilités grotesques dans les scènes d’action (les coups n’atteignent jamais leur cible, Scorpion couchée sur le dos se retrouve subitement à étrangler un gardien par derrière, on balance un mannequin à la flotte,…). Du coup, avec toutes ces réserves, on se demande si le film n’a pas été légèrement bâclé, et c’est plutôt dommage.
Mérite d'être vu
Malgré la monotonie d'un rythmie qui se traîne, malgré une histoire qui à défaut de rebondir, bave ou éructe d'une péripétie à l'autre, malgré une réalisation que n'aurait pas reniée un
NAM Lai-Choi, ce film mérite d'être vu (et revu) pour l'incarnation que la magnifique
KAJI Meiko donne à son personnage. Une héroine non pas féminine, ni même anti-masculine car fondamentalement c'est la bestialité qu'elle combat dans les hommes qu'elle rencontre aussi bien que dans les femmes d'ailleurs, mais supra-féminine. Cette incarnation est sensible dans tous les traits de son visage, dans ses postures, dans son silence même. Rien que pour cette transcendance de l'héroine classique, ce film est indispensable.
une réussite du cinéma d'exploitation nippon
Scorpion, récidiviste en évasion, a crevé l'oeil du gardien de sa prison. Depuis, il fait de son cas une affaire personnelle et la martyrise. Le jour de la visite du chef de l'administration pénitentiaire, Scorpion se fait remarquer par sa provocation. Les sanctions font qu'elle est détestée des autres prisonnières. Lors d'un transfert, elle s'évade avec d'autres prisonnières. Female convinct scorpion est une des grandes réussites du cinéma d'exploitation japonais. Avec les films de Fukasaku, Suzuki et Gosha meme si c'est de façon un peu plus mineure, ce film est un précieux témoignage de la créativité du cinéma japonais de genre des 70's. Ce qui distingue le film du tout-venant des films d'exploitation montrant des femmes faisant subir les pires outrages à des machos (outre le fait que les personnages féminins n'y sont pas tous idéalisés, bref qu'il n'est pas manichéen dans son féminisme) est son inventivité formelle et scénaristique: les prisonnières débarquent dans un bidonville où elles rencontrent une sorcière qui leur narre leur propre vie à la façon d'un fantome japonais, on a ainsi droit à une série de trajectoires de femmes bafouées, la course finale des prisonnières au ralenti dans un Tokyo désert est une image très forte, les cadrages penchés accentuent le coté bis du film. Scorpion est un modèle de rectitude impassible face à la cruauté des autres prisonnières à son égard. Il faut remercier la Cinémathèque Américaine et l'Etrange Festival d'exhumer ce genre de petite perle.
Un film Bis d'une grande recherche visuelle
Le cinéma d'exploitation est en pleine bourre dans les années 70. Un moyen efficace d'utiliser un thème, d'y humilier les protagonistes pour ensuite faire exploser leur vengeance. C'est le cas d'Elle s'appelait Scorpion, second volet des aventures de la femme Scorpion de Shunya Ito. J'avais vu une grosse partie de ce bijou Bis dans une soirée spéciale organisée par Jean-Pierre Dionet consacrée au cinéma japonais, sur canal + il ya de ça plusieurs années. J'étais évidemment novice dans le genre et je n'avais pas aimé. Pourtant chaque image est restée imprégnée en moi. Près de dix ans plus tard, il est impossible de ne pas se souvenir du visage inquiétant de la femme "monstre". Impossible aussi de ne pas se souvenir des chansons de Meiko Kaji, ou de la scène colorée de la sorcière. Elle s'appelait Scorpion est une oeuvre qui ne s'oublie pas, tout court.
La "saga" Scorpion expose la vengeance de prisonnières, réduites à l'état d'objets de tous les désirs par des matons. A défaut du premier opus, la prison représente uniquement une petite partie du film qui dans sa globalité, peut être divisé en trois : l'intro dans la prison, l'échappée et enfin la prise d'otages. Le prologue débute alors avec la femme Scorpion (interprétée par la sublime Meiko Kaji), allongée à terre, menottée et tenant dans sa bouche une petite cuillère qu'elle fait grincer sur le sol. Elle tente de creuser un trou avec cette cuillère à café, mais en vain, ce ne sont que des espoirs perdus puisqu'à peine une minute plus tard, les matons débarquent. Dans cette première partie, les matons sont représentés comme des bêtes féroces et avides de perversion. Outrages, humiliations sont au programme, sous les yeux ravis du directeur de l'établissement, véritable sadique de première. Le ton est donné, les hommes et les femmes vont toutes et tous passer un sal quart d'heure.
Elle s'appelait Scorpion ne privilégie pas forcément la violence comme elle pourrait laisser croire. L'échappée de prison par exemple, est une véritable ode à l'aventure et à la poésie. Les détenues en "liberté", vêtues d'une couverture, errent dans les montagnes à la recherche du moindre morceau de viande (figure imagée de la frustration sexuelle durant leur séjour en taule), cherchent un abri pour se reposer la nuit et reprendre leur fuite au petit matin. Ce privilège sera freiné par la rencontre -exceptionnelle- avec une vielle sorcière baratinant "je vais te tuer". L'apparition de cette sorcière est un prétexte pour raconter le passé des sept prisonnières, via une inquiétante chanson, non sans rappeler le théâtre Kabuki du Japon médiéval. Esthétiquement, cette séquence s'avère en tout point extraordinaire, pleine d'onirisme et de rêve. Il n'y a pas de décors, seulement un fond noir et chaque prisonnière est éclairée par un spot d'une couleur différente. Les héroïnes, si l'on peut les appeler ainsi sont toutes plus ou moins tourmentée. Rappelons qu'elles ne sont pas allées en prison pour rien, et c'est durant la chanson de la sorcière que nous apprenons qu'une des détenues (sûrement la plus dangereuses) a tué ses deux enfants, l'un noyé, l'autre mis à mort alors qu'il était encore dans son ventre. Qui parle de malaise?
Souvent ironique, parfois ultra violent, l'oeuvre d'Ito ne penche jamais sérieusement d'un côté. Ironique, avec cette bande de détenues affamée qui ira jusqu'à dévorer un chien pour se nourrir, sans cesse accompagnée par une musique étrange, voguant entre les sonorités bizarres d'un Kwaidan et les ressorts humoristiques utilisés par Morricone pour certaines bandes son de western spaghetti. Ultra violent, dans la mesure où personne n'est épargnée, même pas les pauvres idiots de l'autobus, qui seront pris en otage puis fusillés par erreur par la police. Les évadées, et encore plus Scorpion, étranglent, hachent menu et torturent. Ne soyons pas étonnés de voir un policier étranglé puis mis à mort par un tronc d'arbre empalé dans ses parties génitales (scène heureusement filmée en contre-champ). De même d'exulter en voyant les voyageurs séquestrés par les donzelles après avoir tués l'une d'entre elles. Il n'est pas nécessaire d'évoquer le triste sort des coupables...L'un des éléments principal de Scorpion est bien sûr le personnage qu'incarne Meiko Kaji. En tant que scorpion, elle pique là où ça fait mal, sans dire un seul mot durant tout le film. La performance est en soit ahurissante compte tenu que seul son jeu scénique fait le travail. Un regard, une prestance, une position, Meiko Kaji n'a réellement pas besoin de l'ouvrir pour faire éclater son charisme et son talent. Sa présence à l'écran est amplement suffisante, de même que ses compositions musicales, une fois de plus magiques. La chanson principale, Urami Bushi, est une superbe illustration de l'esprit du film : la recherche de la liberté et de la survie. Le thème sera d'ailleurs repris par Quentin Tarantino pour le générique de Kill Bill vol.1 & 2, excusez du peu!
Soyez sûr d'une chose, Elle s'appelait Scorpion est du cinéma bis, qui malgré quelques défauts, recèle de passages succulents, mêlant sans gêne violence et comédie. Il était un genre...
Mieux que le premier, certes...
Moi qui aimais déjà beaucoup le premier, je n'ai pu qu'être ravi de la tenue du secon opus qui développe avec autant de brio et plus de rythme le thême du scorpion vengeur.
Ceci dit, je savais depuis le Grand silence qu'il est possile de tenir un rôle muet, mais là, la scorpionne, elle n'est même pas muette! Ha ouais, c'est vrai j'exagère, elle dit deux phrases, dont une de deux mots....
Sasori strikes back.
Si le premier Scorpion se déroulait entièrement en prison, ce n'est ici le cas que pendant 1/3 du film tout au plus...le reste narre l'escapade de Sasori et d'un groupe de tolardes, dont quelques specimens bien vicieux (voir la meneuse de file).
Le film est dans la continuité du premier, avec 1 ou 2 scènes d'humiliation, de la vengeance, du sang, et un peu de viol pour parachever le tout ^^.
Dans la continuité du premier, cet épisode l'est aussi par certains de ses éclairages et scènes ou des images surréalistes (cf. la présentation chantée des prisonnières par une vieille femme étrange, la cascade de sang, ou la scène finale)..
Meiko Kaji est parfaite (ce regard >_<), on ne s'ennuye pas, et, si on aurait aimé voir les personnages un plus "parlants" et exploités, c'est à nouveau une réussite, un poil meilleur que le premier.
Même si on nous sert parfois un féminisme assez extremiste, c'est une fois de plus, une réussite.
Vivement le 3eme.
un film qui porte la marque de son studio
vraiment interressant, de plus la réalisation est très bonne
un film à voir malgré quelques défauts
Excellent film, l'actrice est impressionante, les cadrages inventifs et la musique parfaite.
Bad girls want to have fun
Les cinéphiles vous diront qu'Elle s'appelait scorpion est un film féministe, mais chacun sait que le cinéphile n'aime rien moins que les codifications simplifiés, véritable raccourci pour la pensée qui nous empêche (justement) de penser. Pourtant il se pourrait bien que contrairement à Sasori premier du nom ce second le soit, féministe. En abandonnant partiellement sa flamboyance formelle Itô fait de cette suite une puissante charge contestataire, ou entre mâles, flics et état chacun en prend pour son grade. Délaissant la sacralisation des corps féminins célébrés dans un déluge d'humiliations et autre postures violentes, Itô fait d'Elle s'appelait scorpion une version habillée de son premier opus. Film d'extérieur (contre premier d'intérieur), version fille de sept mercenaires en lutte enragée contre la nouvelle société patriarcale nipponne, Sasori 2 se veut plus scandaleux, plus anar, et faire moins de compromis. Passer par les signes récurrents du genre oui, mais au minimum. Ici moins de poitrines dévoilés, moins d'érotisme de voyeurisme, et plus d'hommes émasculés, humiliés, assassinés. Elle s'appelait scorpion veut sa vengeance, libérer ses femmes, il leur donnera son plan final. Elles ont vaincu, même après la mort. Le faux machisme dissimulé sous un voile artificiel de féminisme de Sasori se brise dans Sasori 2. Chaque femme a ici son destin, ses cicatrices, sa cause qui la pousse en dehors du monde. La femme est victime, vengeresse, mais aussi sauvage. En ce sens, rien ne la distingue tant des hommes que Itô montre comme des bêtes, juste une question de nuance. Seule la trop belle et mutique Kaji Meiko, inoubliable Sasori, bras armé révolutionnaire des temps qui cours, seule elle se distingue pour Itô.
Avec Elle s’appelait scorpion Itô signe un film plus sec, terne, gris, cendré. Il prolonge son travail surréaliste tout en le radicalisant et le réduisant (moins de scènes mais plus poussée : la sorcière). Pense un espace en forme de no man’s land pour mieux faire passer ses prisonnières au travers d’un monde détruit, en ruines, déchetterie sur lequel la femme doit renaître. Pour que de cette renaissance advienne des temps nouveaux, l’heure de la révolution où des femmes individualistes assumant une féminité farouche seront défaite de l’influence masculine. Bien sûr tout ça pour Itô Sunya était accessoire, seul comptait le geste, le sang versé, la femme personnage contre l’ordre. Moins pamphlétaire dans son style mais plus dans son propos Sasori deuxième du nom n’est pas le brûlot ultime que promettait ses débuts. Il reste pourtant un moment où quelques fulgurances féminines prennent corps et deviennent sous les traits de Kaji Meiko un moyen d’atteindre le sublime.
La rage jusqu'au bout des ongles
Un classique du cinéma d'exploitation Japonais. Une fois de plus Meiko Kaji est joliment redoutable.
A noter aussi que la musique est parfaite.
Une goutte de poésie dans un océan sordide.
Annonçons tout de suite la couleur. Je sais que je vais en choquer beaucoup, et je leur adresse par avance mes excuses sincères. Mais je dois avouer, à ma grande honte, la terrible et abjecte perversion qui s'exprime en moi : je n'éprouve en effet aucun plaisir à regarder des femmes se faire violer à la chaîne. Désolé.
Je sais, c'est mal.
Et voilà pourquoi, pour tout vous dire, je ne suis pas particulièrement un fan de la série Sasori. Honte, opprobre, pilori, etc.
J'aurai néanmoins la délicatesse de n'écrire une critiquounette qu'au sujet de ce seul épisode, ce qui me permettra de nuancer quelque peu mon propos, plutôt que de décharger haineusement ma colère et mon dégoût sur les épisodes qui me repoussent le plus (le troisième, totalement irregardable tant du point de vue de mon sens moral que de celui de mon estomac, et les cinquième et sixième, qui ajoutent à leur turpitude une objective nullité).
Parce qu'il me faut quand même concéder que ce film-ci est franchement bien ficelé. La galerie de personnages constituée par le groupe d'évadées permet de dévier le propos du seul personnage de Sasori (charismatique si vous voulez, mais vite ennuyeux), de multiplier les regards, de susciter l'émotion et la compassion. L'irruption complètement inattendue du fantastique apporte une respiration plus que bienvenue, d'autant qu'elle est savamment dosée, et enrichit le récit principal sans le polluer. Ces scènes fantastiques bénéficient d'une réalisation splendide, subtilement mais clairement inspirée du théâtre traditionnel japonais (je ne connais pas la carrière de l'actrice Shiraishi Kayoko, mais je ne serais pas étonné qu'elle soit issue de ce milieu), sans que cette référence soit jamais lourde ni envahissante. Même le scénario parvient (un petit peu) à surprendre, révélant des personnages bien plus complexes qu'ils ne paraissent.
En fait, à partir de la scène d'évasion des prisonnières et jusqu'à la fin, j'adore ce film.
En revanche, pour la première partie, c'est une autre histoire. Parce que franchement, le viol collectif public par les types masqués dans la carrière, désolé, mais ça me fait pas kiffer. Et qu'on ne me ressorte pas l'argument du message féministe, parce que sincèrement, je trouve ça odieux. Ce n'est qu'un prétexte fallacieux, et pour le moins cynique, pour montrer ces scènes avec la plus grande complaisance, en toute impunité morale.
J'ajoute, pour ôter toute ambiguïté à mon propos, que la censure bien-pensante qui a malheureusement de plus en plus cours à l'époque où nous vivons me dégoûte tout autant. Je ne dis pas qu'il ne faut pas montrer le viol : le viol existe, il fait partie de ce monde, il n'y a pas de raison de le cacher. Mais cette série de films en fait un spectacle devant lequel on s'amuse. Alors le prochain qui me dit que c'est un pamphlet féministe, c'est deux claques.