Du feu au cul
1996 – année chaude pour l'Inde. Alors que le cinéma indien est plutôt réputé pour être l'un des plus chastes en Asie, deux films vont coup sur coup défier cette vérité. "Kama Sutra" de Mira Nair et "Fire" de Deepa Mehta vont tous deux réussir à littéralement enflammer les esprits au box office local et à l'échelle internationale. Il faut tout de même relativiser un tout petit peu: toutes deux réalisatrices sont des expatriées et leurs œuvres respectives n'ont pu se réaliser qu'à l'aide de fonds internationaux – peut-on, dans ce cas, encore parler d'une production indienne ? Il n'empêche, qu'ils feront beaucoup pour un cinéma indépendant plus libéré par la suite et il faut saluer le courage de ces femmes à défier ouvertement des interdits ancestraux, qui leur ont valu beaucoup d'ennuis. Deepa a notamment dû faire face à des larges critiques, a plusieurs fois échappé à des attentats à son égard et a été incapable d'assurer la réalisation de son second long, reportée de plusieurs années, face au tollé qu'a provoqué sa chronique familiale d'un "autre genre".
Sensible, parfaitement bien écrit et doté d'un large sens artistique (dans l'écriture des dialogues et scènes fantasmées très arty), le film n'a pourtant réussi à me toucher, moi, personnellement, qui lui préfère largement l'indonésien "Love for share" dans une thématique similaire ou le canadien "Quand la nuit tombe". Un brin trop prétentieux et assuré dans son exécution, le film manque de la sensibilité requise pour vraiment épouser le désarroi de ses héroïnes. Trop machiste – ou féminise, c'est selon – ce film est certes important, mais largement surestimé par la critique internationale.
