La tête dans les nuages, les pieds au sol
Cinq longues années auront été nécessaires pour mener à terme l'incroyable aventure cinématographique que constitue véritablement le long "First Flight".
Le film aura usé 5 réalisateurs, vu le passage de quatre producteurs, changé deux fois de titre et subi de multiples réécritures avant sa sortie définitive fin janvier 2008.
Le premier montage a même été terminé au mois de mai 2005 avant que des remontages auront successivement écourté la romance, intervertit des scènes et changé la fin. Les nombreux inserts en CGI auront nécessité plus de deux ans de travail (pour un dixième d'images de synthèse que celles contenues dans "Titanic") et des nombreuses scènes à retourner pour mieux savoir les intégrer.
Il a été question de montrer le film parallèlement à l'inauguration du nouvel aéroport de Thaïlande au mois de septembre 2006, puis de le sortir à l'occasion de l'anniversaire du roi au mois de décembre 2006…puis en 2007…puis de sortir dans l'indifférence générale le 31/01/2008. Le projet est devenu un sujet de moquerie au cours des Marchés du Film Internationaux à force d'avoir été présenté plusieurs années consécutives et entretemps est sorti l'américain "Flight Boys" dans un même genre très proche.
Un projet, qui avait tout de même su attirer la curiosité du nonchalant, ne serait-ce que pour être le premier film thaï comportant des nombreuses séquences aériennes; et puis l'alléchante expectative de voir des nombreux CGI reconstituer l'ancien royaume de Siam et de donner vie à des anciens bimoteurs avait tout de même tout pour plaire.
La déception éprouvée à la vision de ce film n'en est donc que plus grande. Superbement filmé (surtout les quelques rares magnifiques survols des somptueux paysages thaïs, qui donnent entier sens au titre original du film, dont la traduction littérale veut dire "Love Siam as much as the sky"), bien reconstitué, l'ensemble fait tout de même un peu trop "propret" sur lui pour totalement transporter son spectateur à une époque finalement pas si lointaine; les six minutes de films d'archive inclus au début du film y parviennent bien mieux, que tous les décors un peu tocs et costumes impeccablement repassés.
Ensuite, l'histoire est incroyablement plate et convenue…et dénuée de tout suspense et d'action. Toute l'histoire est résumée dans son pitch, il n'y a guère qu'une historie de romance pas très intéressante, qui vient s'ajouter au restant du récit. En fait, les personnages passent leur temps à discuter, à se remettre en question, à se demander comment s'y prendre pour donner vie à leur projet. L'intrigue se focalise avant tout sur le paysan, seul personnage fictif, qui ne sert finalement qu'à donner corps à l'exploit et à la "réalisation du rêve américain par excellence": "You can do it", peu importe ton statut et tes origines (hem hem). C'est l'archi-populaire comédien Pee Mum, qui écope de ce véritable premier rôle du film.
Les scènes de vol sont donc plutôt chiches et seule les cinq dernières minutes de fin versent dans du spectacle…avant que le film ne cesse aussi brusquement, qu'il n'avait commencé.
Une reconstitution histoire soignée, qui donne l'occasion d'apprendre quelques faits historiques bienvenus (la Thaïlande ayant été le premier pays asiatique à s'équiper d'avions; l'instruction française; l'engagement d'un escadron thaï aux côtés des français lors de la première guerre mondiale…), mais qui manque du souffle épique auquel il aimerait bien prétendre et terriblement d'âme, malgré tous ses efforts.
