Ghost Dog | 1 | Intrigue consternante et rythme laborieux. A fuir. |
jeffy | 4 | Et alors ? |
François | 2 | Les limites du système Wong Jing |
Neil | 2.25 | |
Sonatine | 1.5 | |
Anel | 2 |
Fist Power est en quelque sorte un des derniers vestiges du cinéma de Hong-Kong des années 90, un film très typique autant par ses qualités que par ses défauts, d'autant plus pour une production Wong Jing. Sans qu'on puisse lui enlever quelques qualités, il faut bien reconnaître que le prolifique réalisateur/producteur a fait bien mieux dans sa carrière et affiche ici les limites de son concept de divertissements faits au lance-pierre.
Sans même jeter un oeil aux crédits, on reconnaît la signature de Wong Jing au scénario: c'est un foutoir intégral absolument sidérant. Le film se permet de passer du sérieux le plus total (une prise d'otage dans une école) à la comédie la plus typique (càd grasse au possible), avec une vraisemblance approchant le zéro et un peu de fond sur la rétrocession et le sentiment d'abandon de certaines personnes. On passera donc sur les carences du scénario, trop nombreuses pour être citées. On finit tout de même par rire de quelques répliques mémorables, et on ne peut enlever au film un rythme certain. Il faut dire aussi qu'il n'y aucun développement de personnage, tout n'est que prétexte à bastons (très nombreuses) ou gags de bas niveau. Bref, les connaisseurs savent à quoi s'attendre.
Cependant, ce genre de scénario n'est pas vraiment le pire, au moins le rythme est accrocheur et l'ensemble divertit. Mais c'est la présence d'Aman Chang à la caméra et le faible budget qui viennent sérieusement entamer le capital sympathique du film. Filmé souvent de manière amateur (les zooms hasardeux), avec un découpage horripilant qui vient gâcher des chorégraphies peu inspirées mais énergiques, les scènes d'action sont un pur et simple gachis. On comprend le surdécoupage pour des acteurs non martiaux (comme Anthony Wong), mais quand on a Chiu Man-Cheuk, Jewel Lee et une équipe de cascadeurs de bon niveau, cela relève du sabotage. On a toujours vu pire comme scènes de combat, mais aussi tellement de fois mieux à Hong-Kong. Ne parlons pas de la musique assez répandue dans les films X, des poursuites de voiture à 50 km/h, ou de la photo quasi inexistante (voir les changements de lumière...), mais peut-être que ce bon Aman voulait suivre le Dogme 95?
Au final, quand on voit l'équipe d'artistes martiaux sur le papier, ainsi que les seconds rôles de luxe enrolés on se demande à nouveau comment par Wong Jing, il y a de quoi être un peu déçu. Certes, cela fait plaisir de voir Chiu Man-Cheuk distribuer de la tatanne à tout va, ainsi que Cheng Pei-Pei faire un peu de Wing Chun, mais cela ne comble pas l'amateurisme du scénario ou de la réalisation. Ici on a l'impression d'être devant un téléfilm très rapidement produit avec son doublage son en studio indigne d'un film des années 2000. On peut considérer Fist Power comme un film malade des excès de son géniteur, malgré quelques qualités encore très typiques de l'âge d'or du cinéma local. Wong Jing connaissait alors une de ses plus difficiles périodes, victime de ses propres méthodes, tout comme le cinéma de HK en général. Ni l'un ni l'autre ne s'en sont complètement remis, malgré quelques progrès, comme en témoigne le récent Naked Weapon, nettement plus présentable même si toujours peu original.