drélium | 3.75 | Du solide. |
Ryoga | 3.75 | Chang Cheh réunit quelques uns des meilleurs acteurs de l'époque pour réaliser ... |
François | 3.5 | Bon Chang Cheh période Shaolin |
Anel | 3 |
Chang Cheh réalise à partie de 1974 pour la Shaw Brothers une série de films chorégraphiés par Liu Chia Liang qui se basent sur l’histoire et la légende du temple de Shaolin. Les Cinq Maîtres de Shaolin est le quatrième film de cette série après Heroes Two, Men from the Monastery, et Shaolin Martial Arts. Les héros de ces films sont tous des figures mythiques des arts martiaux, et leurs exploits servent à mettre en scène les différents styles de boxes traditionnelles chinoise.
La première partie des Cinq Maîtres de Shaolin commence avec l’incendie du temple et le massacre de tous ses membres par les Mandchoues, exception faite de cinq rescapés qui réussissent à fuir et partent à la recherche de disciples pour organiser la résistance anti-mandchoue. Malgré quelques qualités, cette première partie est plutôt longue et répétitive (chaque rescapé devant tour à tour persuader les disciples de leur bonne foi pour qu’ils les rejoignent dans leur lutte), seule l’histoire concernant Fu Sheng et David Chiang s’avère vraiment intéressante.
Par contre la deuxième partie est nettement plus convaincante. Une fois la résistance organisée, les cinq héros retournent au monastère en ruine afin de parfaire leur entraînement pour affronter les généraux mandchous responsables de la destruction du temple.
Les acteurs sont un des points fort du film, Chang Cheh ayant certainement réuni ce qu’il y avait de mieux à la Shaw Brothers à l’époque. On retrouve ainsi David Chiang et Ti Lung qui sont tous deux excellents, mais aussi Fu Sheng et Chi Kuan Chun qui préfigurent chacun leurs rôles à venir dans les Disciples de Shaolin tournés peu de temps après.
Quant aux combats, ils se basent sur les différentes techniques issues de Shaolin qui sont choisies en fonction de l’adversaire à affronter. Chaque combattant va donc apprendre un style particulier : David Chiang va se perfectionner dans la technique du fouet, Fu Sheng va développer la technique du tigre et de la cigogne ou encore Ti Lung apprendra la technique de la perche. Ces différentes façons de combattre servent à contrer les adversaires mandchous qui ont aussi leurs propres styles (technique de la hache volante, technique du cygne, il y en a même un qui se bat avec l’aide de sa natte). Le film se termine alors par l’incontournable mais spectaculaire combat final ou, comme toujours chez Chang Cheh, chaque affrontement finira dans le sang.
Les Cinq Maîtres de Shaolin, même s’il souffre d’une première partie qui aurait mérité d’être un peu plus rythmée, reste un spectacle tout à fait réjouissant où il n’est pas rare de voir en plein combat deux adversaires s’arrêter le temps de se lancer des répliques du style « votre kung fu est très bon », puis repartir de plus belle. Bref, le bonheur quoi.
La période "Shaolin" de Chang Cheh porte certainement moins à critique que sa période "sanglante" qui a précédé, mais également moins à louange. Disons que ces films sont tout simplement bons à tous les niveaux, alors que les précédents savaient être aussi géniaux que maladroits, tout dépendait des domaines. Résultat, si on apprécie les films Shaolin, on ne peut pas vraiment les aimer ou les détester autant que les films qui resteront clairement comme l'héritage principal du réalisateur Hong-Kongais, à savoir ceux de la période 67-73.
Ce Five Shaolin Masters est un très bon film de kung-fu 70's, c'est une évidence. La réalisation de Chang Cheh n'a rien de révolutionnaire, on est bien loin d'un Chu Yuan ou surtout d'un King Hu, mais il y a peu de maladresses comme quelques années auparavant. On repère encore quelques zooms hasardeux, mais rien de grave. Le film est tourné presque exclusivement en extérieur, ce qui lui donne un autre cachet que les films en studio des années précédentes, même si le côté théâtrale disparaît en même temps. Le ton est plus ample, les moyens plus conséquents, le but est tout de même de faire une reconstitution historique. Reste tout de même quelques "tics" typiquement Chang Cheh, les agonies un peu trop théâtrales (beaucoup trop théâtrales me diront certains en voyant un figurant mourir en faisant un saut périlleux avant), les mises à mort un peu sanglantes parfois, David Chiang débarque en faisant du David Chiang (sourire aux lèvres, démarche nonchalante). Ces défauts sont autant de qualités dans ses Heroic Bloodshed, mais ici ils sont un peu hors contexte.
Par contre, au niveau martial le film tient bien plus la route que précédemment. Il faut dire que Liu Chia Liang est derrière la caméra, et que les acteurs se débrouillent bien. Le premier tiers est un peu hésitant par contre, les combats font un peu maniérés, les coups sont peu convainquants. Heureusement le niveau augmente pour délivrer ensuite des combats aux techniques bien maîtrisées et surtout variées, comme toujours avec le chorégraphe. Les acteurs principaux font du bon travail, même si on peine toujours un peu à considérer David Chiang comme un expert martial... Par contre les quatre autres "maîtres de Shaolin" sont convainquants. Fu Sheng est très à l'aise dans son rôle de jeune chien fou, Ti Lung est éclatant de charisme et diablement impressionnant au bâton, Chi Kuan-Chun fait étalage de son physique avantageux, et Meng Fei reste un peu en retrait au niveau charisme, mais ne démérite pas au niveau martial.
Face à eux une ribambelle de méchants mandchous tout ce qu'il y a de plus appétissant, chacun avec sa technique, et vas-y que tout ce monde se bat pendant la majeure partie du film. Le côté reconstitution historique n'a rien de passionnant, l'histoire reste simple, les 5 héros sont des vrais héros, droits, justes, loyaux, s'échappent de l'incendie du temple et planifient leur vengeance. Les méchants sont vils, traîtres, à sale tête, bref, des méchants de cinéma. On est bien loin d'un Chu Yuan comme vous l'aurez constaté, on reste dans le filon "vengeance" cher à Chang Cheh, mais sans ses autres thèmes favoris (l'amitié, le dépassement de soi). L'absence de fond est compensée par la qualité de la forme, notamment une musique peut-être pas originale (tout était plus ou moins repompé à l'époque), mais au moins de qualité bien supérieure à la pauvre moyenne de l'époque. Les thèmes musicaux sont clairement identifiés et identifiables (le thème des méchants, le thème de Fu Sheng, etc...).
Bref, Five Shaolin Masters est un film de kung-fu fait dans les règles de l'art, joli à voir, martialement très correct même aujourd'hui pour qui aime le kung-fu bien technique, mais également sans surprise ni grosse personnalité. Le novice prendra certainement moins de risques qu'avec un Golden Swallow ou One Armed Swordsman, mais la satisfaction qu'il en retirera n'a certainement pas grand chose à voir non plus.