Xavier Chanoine | 2.25 | Des idées, mais un ensemble globalement soporiphique |
Fujian Blue, c'est le genre de premier film -déjà auteurisant- d'un cinéaste aussi sympathique devant que pénible derrière la caméra. Lors de sa présentation dans l'immense congrès de Deauville, le cinéaste annonçait clairement une oeuvre péchue de part son charisme et sa bonne volonté face à un public déjà -semble-t-il- acquis à sa cause. C'est donc avec un large sourire aux lèvres que la projection débute, et force est de constater que les relents désagréables du "film d'auteur chinois" dans sa définition la plus large, c'est à dire faussement poseur par moment, faussement anarchiste et faussement "beau" s'élèvent jusqu'à provoquer un endormissement symptomatique d'une mise en scène certes énergique mais guère franche envers son spectateur. Il manque du naturel, sorte de croisement peu probable entre un Lou Ye revendicateur et un Iwai Shunji période "caméra DV" filmant une bande de potes entre Taiwan et la Chine. L'un des intérêts du film est d'ailleurs de se situer dans cette péninsule, laissant ainsi une petite marge de "folie" et de liberté qui scient tant aux interprètes. Mais rien n'y fait et la mayonnaise ne prend pas malgré une bande-son pop accrocheuse et des images de "vacances" aussi laides que touchantes. Un film réellement paradoxal au potentiel gâché.