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The Crying Wind

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Xavier Chanoine 3 Comme un poisson dans un bocal...
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Comme un poisson dans un bocal...

Sur le point de terminer I’ll Come Home When I’m Sober avec Asano Tadanobu, adaptation du livre autobiographique éponyme du photojournaliste Kamoshida Yutaka, le papy cinéaste Yoishi Higachi signe avec The Crying Wind une œuvre qu’on aimerait défendre jusqu’au bout, c'est-à-dire prendre en compte, au-delà de son aigreur toujours un peu réac’ vis-à-vis de la 2nd Guerre Mondiale, ses belles qualités d’ambiance, son atmosphère particulière une nouvelle fois très proche du documentaire. Il y a ce beau sentiment de naïveté avec cette brochette de gamins qui s’improvisent goonies en mode pépère, cette légèreté toute enfantine comme de se sentir pousser des ailes en allant piquer des ananas dans le jardin d’un vieillard solitaire, dit le coupeur d’oreilles, mais aussi cette peur de l’inconnu ou de la malédiction : en déposant un bocal renfermant un poisson près du crâne d’un ancien kamikaze, celui qui « pleure » quand le vent s’y infiltre à l’intérieur, les petits risquent de porter malheur au petit village côtier.

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Pourtant, la délicieuse saveur toute estivale qui se dégage de The Crying Wind, celle que l’on trouve dans les beaux films de Kawase Naomi, voit perdre un peu de son charme à cause de ses à-côtés les plus sombres en rapport avec Kazue (la mère du jeune Masashi) et son ex-compagnon, et les flashbacks plutôt faiblards durant la 2nd Guerre Mondiale. Le stylo perdu, l’amour brisé par la mobilisation du jeune Shin’ichi Kano et sa lettre d’amour adressée à Shiho sont autant de symboliques fortes que d’éléments clés de la narration, mais ils s’avèrent souvent traités de manière convenue et d’un goût parfois douteux. Il reste alors le passé de la guerre, très présent et très ancré dans la mémoire collective des anciens, qui les pousseront à revenir vers ce lieu qui semble contenir toutes les traces du passé (Okinawa n’est à ce stade pas un choix anodin). Comme Shiho venue déposée quelques fleurs devant le crâne du jeune soldat qu’elle aimait et dont le corps a été déposé dans une grotte par le père de Seikichi, un vieillard réservé qui ne tardera pas à se lier d’amitié avec Shiho simplement parce qu’ils ont vécu les mêmes horreurs. Aussi, la petite intrigue tournant autour de Kazue et les violences de son ex-compagnon semblent être traitée avec indifférence, occasionnant malgré tout quelques instants en dehors du temps : la très étrange bande-son et la photographie alternant réalisme documentaire et surnaturel participent au décalage bien venu, hissant le film au rang de petite réussite du cinéaste, pas vraiment à l'aise dans ses différents partis pris narratifs, mais dont le côté zen et estival apportent un peu de bonheur. Avec simplicité.



17 juin 2010
par Xavier Chanoine


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