A Tale of Legendary Libido est une curiosité malpropre. Derrière une impression de grosse production coréenne se cache en définitive un pur ramassis de conneries pas drôles sur toute la ligne. N'assumant pas réellement son statut de comédie à part entière, le film verse dans la pastiche froufrou de films d'aventure et de contes de fées pour tenter de sauver les meubles là où l'humour vient de franchir un pas dans la bassesse. Byun est un jeune homme frêle et impuissant, comparé à son frère qui semble avoir la cote auprès de la gente féminine amatrice de membres virils. Un beau soir Byun fait la rencontre d'un vieux sage et de son disciple tous deux pris au piège, suspendus à un arbre. Le jeune homme les secourent et termine sa soirée avec eux, il apprendra qu'un objet enfoui sous terre face au totem du village renferme un précieux liquide capable de redonner force et vitalité à tout membre fatigué. Cependant, le sage prévient Byun qu'il ne faut surtout pas exagérer dans l'absorption du liquide sous peine de voir son village attaqué par la sécheresse et autres joyeusetés. Confiant, Byun part à la recherche du trésor et s'ingurgite l'intégralité du breuvage. Dès lors, ce personnage conspué et moqué par la population féminine attirera ces dernières, toutes excitées du fait de l'absence de leurs maris partis à la guerre. Pour asseoir son récit à dormir debout, Shin Han-Sol débute par une introduction parodiant le conte de fées avec une armée de bonshommes apparus suite à la fracture du nez du totem du village, provoquée par une femme mûre s'apitoyant sur son sort. Elle est veuve, n'en peux plus, et se verra complètement rassasiée par cette armée de gladiateurs en slip venus enfourcher tout ce qui leur passe sous la main (hommes, femmes, animaux...). Voilà une des preuves de bon goût de A Tale of Legendary Libido, pas farouche en érotisme -suggéré- mais plus explicite que la moyenne "sexy" des films coréens bénéficiant d'une grande visibilité au pays : nombreux plans de seins et de fesses, représentation un peu malsaine de l'image de la femme montrée comme une "folle du cul", aussi bien à tous les âges qu'à tout niveau social, même la jeune nymphe rencontrée lors d'un soir de pleine lune par Byun et son frère cache un petit côté chaudasse alors qu'elle est sûrement la personne la plus sensible et la plus fragile de la troupe.
Difficile alors de s'identifier au moindre personnage, d'éprouver la moindre sympathie lorsque personne n'est là pour rattraper l'autre : moche et ridicule, Bong Tae-Gyu se vautre littéralement et ne fait le moindre effort pour camper comme il se doit le rôle de son personnage. Il reste passif et inexpressif, malgré son visage particulier, face aux moqueries et aux défis qu'il rencontre. Et quels défis! Shin Han-Sol, à l'écriture et à la réalisation promet quelques moments d'une bêtise sans nom lors des défis cruciaux : pour sauver son frère, il devra passer l'épreuve du soulevé de poids par la force de son phallus face à un énorme black (ou comment grossir encore plus le cliché du black bien membré), s'enfilera de la gonzesse venue le voir comme une attraction sexuelle démesurée, et finira par l'épreuve ultime consistant à s'envoyer en l'air avec un ours dans une grotte. On était censés se marrer? Le film a beau se la jouer "on n'oublie pas nos traditions" avec des séquences de danse bien moins hypnotiques que chez Im Kwon-Taek ou Kim Ki-Young, des moments chantés oscillant entre comédie musicale mal faite et pansori sans talent, ce n'est pas là non plus qu'il réussira quoi que ce soit. Le summum est atteint lorsque Byun propulse un jet d'urine avec la force d'une lance à incendie pour déplacer une chute d'eau et pour éteindre un début de feu sur la route du village (par la même occasion, la population se rafraîchira avec). Crétin et pas drôle, A Tale of Legendary Libido n'est pas non plus ce qui se fait de mieux en terme de mise en scène malgré quelques beaux -mais faux- paysages. La cohérence fait aussi plus penser à une succession de scénettes qu'à un vrai tout scénarisé comme il faut et crédible, c'est notamment ce qui fait la force des vrais contes de fées, c'est à dire cette impression de croire à ce qui est irréalisable. Ici on croit bien plus en l'absence totale de talent du cinéaste qu'à ce qui se passe devant nos yeux. Ce n'est vraiment pas croyable.
Annoncé à grands renforts de teasers magnanimes et bandes-annonces franchement hilarantes, "Tale of legendary…" était au moins aussi attendu, que le retour du messie sur terre. D'autant plus, que les teen comedies à la "American Pie" (ou autres "Sex is zero") montraient des sérieux signes d'essoufflement ou du moins des ersatz tout sauf inspiré.
Et puis cela faisait franchement longtemps, que l'on n'avait plus vu de comédies érotiques dignes de ce nom et à force de nous repasser les Max Pecas et Michel Lang sur la TNT (ou les "Geier-Wally" et autres "Es juckt mir in den Lederhosen" sur les chaînes du câble allemandes), il y avait comme un certain manque, qui se faisait sentir.
Quelle débandade à la vue de ce résultat tout sauf inspiré !!! En fait, tous les meilleurs gags se trouvent réunis sur la bande-annonce…le reste n'est que du vide et du vent.
Effectivement, rarement n'aura-t-on vu donzelles coréennes si chichement vêtues (sauf dans les productions à passer après 22h le soir sur certaines chaînes du pays) dans une production commerciale et le film aime à flirter avec quelques motions de censure de là-bas; mais toute chair exposée ne saura tromper sur la marchandise, quand l'ensemble est à ce point inintéressant !!
Au milieu de ce débâcle, le comique Bong Tae-gyu semble franchement se demander, ce qu'il fait; rarement n'aura-t-il aussi peu drôle et peu inspiré. Un sacré faux pas dans sa carrière, qu'il semble regretter dès les premières minutes à l'écran.
Quant au réalisateur Shin Han-sol, il confirme son manque de talent déjà visible dans "Art of fighting"; alors qu'il n'avait pas su comment filmer ses séquences d'action dans son précédent, il fait preuve d'un manque flagrant de timing comique dans celui-ci. Une nouvelle preuve, qu'il ne suffit pas seulement d'une idée de départ pour réaliser un long-métrage; faut savoir tenir sur la distance.