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Gilgamesh

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1 critiques: 3.75/5

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Arno Ching-wan 3.75 No present
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


No present

Episodes 1 à 9.

Tout commence comme une énième resucée de X. Des djeuns au dernier look à la mode se retrouvent sur les toits d’une grande bâtisse pour s'en mettre plein la tronche à coups de pouvoirs bien balèzes. Le rituel est désormais connu des aficionados, on enchaîne donc par… Pardon? Pas du tout? Mais qu'est-ce que...?

Ci-gît l’gars mèche rebelleLa série, surprenante, bifurque très rapidement vers un univers expurgé de tout manichéisme. Chaque camp considère l’autre comme l'incarnation du mal et, pire que tout, personne ne ricane salement pour appuyer son statut maléfique. Mince alors, qu’est-ce qui se passe là ? Rien de neuf au pays du soleil levant, ce monde est une nouvelle fois "post-apo", c'est à dire né d'une explosion dévastatrice, sauf que cette fois il s’agit d’un « attentat », qu’il a eu lieu un « 10 octobre », et que son auteur est un « terroriste »... Pourtant, la guerre ne fait que commencer entre des démons qui se réclament de ce terroriste, et des humains - les gentils ? -, tous aux objectifs encore peu définis. Ils évoluent dans un décor référencé, des immeubles fragilisés y tombent d’eux-mêmes, à intervalles réguliers, sans qu’une bombe lambda n’y soit pour quoi que ce soit. La ville se désagrège toute seule, comme si tous les acquis s'effritaient, condamnés, sans qu'aucune pespective d'avenir ne soit même envisageable. L’aspect inéluctable de cette aberration trouve son point d’orgue lorsque les deux parties se rencontrent autour d’un avion posé sur une large étendue de béton, une épave déjà détruite qui, pourtant, finira par exploser à nouveau au terme d’un 36ème combat... L’impression galopante que nous nous trouvons dans un espace temps réduit et répétitif nous envahit alors, comme si nous nous situions dans un segment placé entre un quelque chose et un autre chose, si mystérieux qu'il en deviendrait presque effrayant.

Dans cette continuité, les auteurs cassent le concept archi-exploité de l’élu, le synthétisent en deux personnes, le frère Tatsuya et la sœur Kiyoko, et les placent qui plus est au sein d'une frontière floue entre bien et mal. On ne nous demande plus de suivre bêtement un prophète, on nous en propose maintenant plusieurs, multipliant ainsi les options, les camps etc... La série surfe ainsi habilement sur les ambiguïtés mises en avant par l’actualité nuancée d’une Amérique critiquée et d’un terrorisme condamné. Bye-bye le bon vieux méchant nazi « rassurant », place à une nouvelle hésitation, un fait très (mais alors très-très) rare dans l'univers manga.

Cogiter sur l'actualité amène aussi la série à s'attarder sur le concept même de shonen et le statut de super-héros. Elle fait s'opposer thématiquement Kiyoko, émouvante par sa normalité, à Tatsuya qui, lui, a toutes les caractéristiques du héros propre au shonen : il doit prendre davantage confiance en lui, progresser, maîtriser son pouvoir caché - incommensurable - etc... Lors du premier épisode, on nous révèle le "petit" pouvoir de Kiyoko, son oreille absolue, avec des gouttes d’eau générant des notes à chaque fois qu’elles touchent le sol. « Do dièse, do, ré… » murmure l'adolescente à chaque impact. Et aux images de défiler : une sur les gouttes tombantes, une autre sur ses lèvres en train de suivre la partition improvisée, et une dernière sur le visage de son frère, subjugué. Kiyoko n’a pas le « Dynamis », c'est à dire qu’elle n’a pas de super-pouvoir dans cet univers blindé de surhommes. Peu importe, elle se révèle magnifique quand elle met en avant ses talents de pianiste et ses dons de chanteuse. Emplie de dynamis, sa camarade du jour en devient même jalouse, elle qui vient de jouer trop facilement de ce même piano en s’aidant de ses pouvoirs. Elle a triché et elle le sait. La vérité s’impose à cet instant : elle n’a pas de mérite. L’apprentissage, lié un minimum au talent, est la condition sine qua non du vrai succès ; au super héros alors de dévoiler ses limites, voire sa raison d’être. Ceci nous est raconté en quelques petites minutes faites de regards échangés ou perdus au loin, aidés d’une BO somptueuse de Kaoru - Ninja Scroll - WADA, et d’une mise en scène sachant en toute simplicité cibler les éléments importants de sa narration. Quant au character design, il perpétue ce spleen très en vogue d’une jeunesse complètement désabusée ayant franchi le cap du « Grunge » pour désormais adopter cette attitude blasée et distante que l’on connaît, de celles que l’on peut observer chez tous ces gamins traumatisés par un drame impossible à effacer. Un viol de leur perception du monde ? Les dessins vont dans ce sens, comme s’ils peinaient volontairement à donner vie à ces êtres désincarnés.

Episodes 10 à 18.

La trame avance bon train, les révélations s’enchaînent, de nouveaux personnages entrent en scène et des mélos sans niaiserie font leur apparition. Concernant les bémols, de ceux que la mélomane Kiyoko pourrait repérer, notons qu’il y a parfois une baisse de qualité dans l’animation. Ré-b : des images figées apparaissent et freinent les élans dynamiques du dynamis bourrin, ce malgré leur intégration intelligente dans la narration. La bataille clôturant l’épisode 18 est la plus faiblarde, à peine sauvée par l’astuce d’une comptine douce placée là pour justifier la fatigue des combattants de tous bords. On enchaîne nos notes bémols de la gamme chromatique en vannant un peu le générique d’intro, le "Crazy 4U" de la star pop KODA Kumi (mi-b), pour le coup complètement à l’ouest de l’esprit Gilgamesh. L’oreille de Kiyoko se fait plus positive en notant le fa # qu’est le morceau de fin "Wasuremono no Mori" de Yuko Ando, une chanson qui, tout en ne reniant pas ses origines pop, compose plutôt bien avec l’œuvre et vise la complémentarité. Ajoutons à cela un sol#, le mélo entre Kiyoko et un gilgamesh, franchement émouvant, puis soustrayons au tout un dernier si-b, à savoir que c’est encore à suivre tout ça et que les 8 derniers épisodes de la série manquent terriblement à l’appel…

Episodes 19 à 26: Est-ce que réduire en miette permet de recoller les morceaux ?

En route pour la fin... Les révélations s’enchaînent, les personnages s’épaississent, la comtesse nous bouleverse, certaines ambiguïtés sexuelles sont développées et nos deux héros en prennent plein la tronche. On nous explique enfin l’origine des « blattes », ces monstres composant une section d’élite sensée mettre fin aux agissements des Gilgameshs. Par ce rebondissement, et l’espace d’une scène seulement, ces blattes deviennent fascinantes de fragilité, elles qui, par leur nombre, semblaient invincibles jusqu'alors. Les scènes d’action, trop ambitieuses, sont toujours peu suivies par une animation peinant à représenter des combats de groupe, une constante dans les DA que la série aurait parfois dû schématiser autrement. Les deux derniers épisodes redressent la barre sur ce point, des efforts sont visibles sur les ultimes affrontements.

Malgré une fin qu'on pourrait juger des plus expéditives, cette dernière n'en reste pas moins sombre et suffisamment barrée pour passer dans une autre dimension. La conclusion n'est pas clairement compréhensible mais possède une force poétique rare et bienvenue. Déstabilisante, la série nous ballade complètement. On s’attend dans un premier temps à un twist proche de celui de La Cité interdite de Yoshiaki Kawajiri. Mais non, ça sera autre chose encore, de beaucoup plus sombre.

Dans sa globalité, Gilgamesh ne fait pas de concession et va jusqu'au bout de la noirceur de son propos. C'est dramatiquement dur, très pessimiste, et la série se paye même le luxe de détruire des personnages importants sans pour autant sortir les violons habituellement de rigueur dans de telles circonstances. La notion de « segment de temps » évoquée plus haut, impossible à prolonger, est bien là, traduite par un dernier mot placé tout simplement à la fin du dernier générique de fin. "Extrémité". Il n'y a rien à ajouter, si ce n'est que les promesses sont largement tenues. Gilgamesh nous change du tout venant, en plus de parfaitement rendre compte d’un étrange malaise existentiel. Bien réel cette fois. Au spectateur de voir s’il se sent concerné.



06 février 2007
par Arno Ching-wan


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