Goalés
Le foot est un sport particulièrement apprécié en Thaïlande; les locaux suivent jusqu'aux coins les plus reculés tous les récapitulatifs des championnats européens lors de longues émissions durant la semaine. L'engouement durant les Coupes de Monde est tout simplement incroyable; d'autant plus étonnant, que les équipes locales ne brillent pas particulièrement par leur force et talent...
"Goal Club" s'engouffre dans cet engouement; mais à la différence d'une bonne vieille comédie familiale à la "Sagai United", "Goal Club" est un drôle de mélange pas très reluisant. Le portrait de la jeune bande d'amis sans autre passion dans leur vie que le foot et l'argent facile fait souvent penser au similaire "15"...dans l manière de réaliser; car les jeunes loups aux dents longues sont tout de même à mille lieues de la nonchalance du film de Royston Tan. En revanche, les cadrages soignés, les effets de mise en scène, fraîcheur et dynamisme de l'ensemble louchent fortement du côté de la réalisation inspiré du singapourien. Quelques effets sont de la simple poudre aux yeux (effets de ralentis et d'accélérés en début du métrage); d'autres étonnent par leur ratage (notamment les plans "décadrés" sans réelle raison); heureusement le film n'est pas la simple accumulation d'une esbroufe visuelle...Même remarque pour le portrait des jeunes loups : au lieu d'accumuler poncifs et clichés inhérents au genre, le réalisateur se retient de verser dans les stéréotypes faciles; les jeunes tiennent donc davantage de la bande d'amis empruntant inconsciemment une voie trop large pour eux. S'ils se réjouissent du succès de leur "business", ils ne cherchent pourtant pas à surenchérir ni dans leur manière d'être, ni dans la volonté de s'enrichir au plus vite. D'autant plus cinglant sonne le retour à la réalité avec l'éveil du caïd du coin, pas vraiment content des petites affaires des jeunes. La première menace avec le passage à tabac de certains membres rappelle les films de yakuzas des années '70s, surtout quand les jeunes vont riposter à leur tour, sachant impertinemment, que le retour en sera d'autant plus cruel (et ce qui ne manque pas de leur arriver).
Le seul défaut est finalement de ne pas avoir été assez loin dans le portrait du monde cruel des jeux d'hasards et de la mafia locale. Autant le portrait des jeunes est réussi, autant leurs "méfaits" et surtout leur opposition à la mafia locale se contente de rester à la surface des choses. Evitant ainsi de déraper dans de clichés faciles, le scénario manque également d'un certain aboutissement, qui aurait pu faire de ce long métrage surprenant un classique instantané...
A noter que seule la copie circulant dans les Festivals est sous-titrée en anglais - mais pas les supports disponibles à la vente.
