Ordell Robbie | 2.75 | Qualité Japon |
Gonza the spearman, c'est de l'adaptation de Chikamatsu habillée par des griffes dont la réputation n'est plus à faire: Shinoda Masahiro, cinéaste de la Nouvelle Vague nipponne sixties ayant déjà adapté Chikamatsu avec Double Suicide à Amijima, Miyagawa Kazuo, chef opérateur aux états de service cinq étoiles (Kurosawa, Mizoguchi), Takemitsu Toru, compositeur d'avant-garde aux états de service tout aussi fournis (Teshigahara, Kurosawa, Kobayashi). Pour un film qui aurait pu tout aussi bien etre fait il y a 50 ans tant il ne s'écarte jamais d'une certaine idée du classicisme si "japonaise" ayant fait ses preuves en festival. Mizoguchi, cinéaste fétiche de Shinoda, plus précisément. Ces signes extérieurs de "film artistique" firent leurs preuves lors de la sélection berlinoise du film où il décrocha un Ours d'Argent. Académique alors ce Gonza the spearman? Plus formaliste que son maitre, Shinoda fait ici preuve d'une maitrise maniaque confinant à la distance froide. Mais on pourrait aussi dire cela du superbe Double Suicide à Amijima. La différence est que ce film faisait de la distanciation son grand sujet. Distanciation n'ayant plus d'écho thématique dans cette adaptation bien plus classique narrativement. On peut donc dès lors parler d'autoacadémisme concernant ce Gonza the spearman en forme de pastiche mizoguchien bien fait. Voire meme d'un ex de la Nouvelle Vague tombé dans la "qualité Japon". Ceci dit, il y a quand meme mille fois plus pénible que ce type de films ne faisant strictement pas oublier ses modèles: un certain cynisme second degré courant dans le cinéma contemporain par exemple. Bien interprété et bien découpé, il se regarde sans susciter ni ennui ni agaçement. Comme d'ailleurs tant de films en costumes "à l'ancienne": Doraheita, Twilight Samurai... Reste qu'on préfère le classicisme chez les Eastwood, Gray et Shyamalan si contemporains dans leur propos.