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Good Men, Good Women

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Ordell Robbie 3.5 La Griffe du Passé
Anel 3
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La Griffe du Passé

Dernier film d'une trilogie sur l'histoire de Taïwan commencée avec La Cité des Douleurs ce Good men, good women? Oui et non, vu qu'il ne s'agit pas d'un vrai point final et qu'il semble ménager des pistes artistiques pour la suite de l'oeuvre d'Hou Hsiao Hsien. S'il tente de solder les comptes de la répression du communisme à Taiwan et des rapports entre les résistants taiwanais et ceux de Chine continentale dans les années 40, le film est après La Fille du Nil une nouvelle tentative d'Hou Hsiao-hsien de tenter de représenter le Taïwan contemporain.

Le présent existe ici dans une interaction avec deux passés: le passé proche d'A Ching et le passé historique de la partie en noir et blanc. C'est dans les correspondances et les points de contraste entre ces trois parties que se construit le rapport du film au souvenir. Progressivement, c'est comme si le souvenir d'un amant perdu pesait sur A Ching tandis que se rajoute pour elle le poids (culturel et historique) du role qu'elle veut interpréter. Une voix du présent peut dialoguer avec les images du passé. Possibilité de grossesse, mari assassiné semblent rapprocher A Ching de Chang Bi Yu. Mais là où cette dernière s'est battue pour des idéaux politiques, A Ching semble naviguer à vue dans sa vie. Et c'est comme si son travail d'actrice lui permettait de tenter de supporter son présent en se reliant au passé de Taïwan. Comme si une femme se confrontant à la face noire de son propre passé (ce journal intime dont le vol par un inconnu la pousse à rechercher son passé) faisait écho à une nation cherchant à affronter son passé historique.

Reste que le dispositif du film est bien plus inspiré lorsqu'il tente de lier entre elles les époques que lorsqu'il veut brouiller la frontière cinéma/réalité. Titre du film qui est aussi titre du film qu'elle tourne, usage de la couleur pour suggérer que le vécu de Chang Bi Yu est aussi celui de l'actrice, partie au passé qui pourrait être le film tourné... Les solutions apportées par Hou Hsiao Hsien sur ce point ne se distinguent en rien de chemins balisés par la Nouvelle Vague des années 60. Une caméra parfois plus mobile et plus rapprochée dans le présent a au moins le mérite de la prise de conscience de Hou que pour rendre compte du monde contemporain il ne peut se contenter de répéter un dispositif construit en regardant dans le rétroviseur historique et autobiographique. Et le film recèle un certain nombre de grands moments de cinéma: quelques crises hystériques dignes du meilleur Pialat, un passage dansé où la réalisation se distingue par un vrai sens des corps et quelques passages au passé dignes de ses deux films précédents par exemple. Mais la mise en place du dispositif du film est très laborieuse, il se perd parfois dans les allers-retours temporels comme son héroine se perd entre ses deux "passés" tandis que qu'un score peu inspiré est parfois utilisé de façon convenue.

Si la tentative de rénovation du dispositif pour trouver un regard juste sur l'époque contemporaine n'est pas totalement menée à bien, Hou Hsiao Hsien ouvre au moins ici des pistes pour développer ce projet-là. Bien plus qu'un chapitre final, il s'agit d'un film de transition ouvrant la voie aux fictions contemporaines qui suivirent



15 novembre 2005
par Ordell Robbie


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