Bienvenue à Nagoya.
Si Gozu n'est pas franchement une grosse révolution dans le paysage Miikien, du fait de son thème "Yakuza" une nouvelle fois entrepris, on peut difficilement rester insensible devant ce spectacle bizarre. Du moins, peut-on réellement parler de spectacle quand le film parvient à décourager à cause de ses incroyables problèmes de rythme. Un rythme qui se veut -et à juste titre- complètement cassé, désordonné, annihilant toute implication du spectateur dans Gozu, effectivement l'on reste passif du début à la fin, éprouvé devant cette machination psychédélique où l'on ne peut que "constater" les mésaventures de Minami, yakuza totalement dépassé par les évènements.
Remarque, comment ne pas être "dépassé" quand une telle histoire lui arrive. L'homme devait escorter son boss Aniki/Ozaki quand ce dernier décéda (du moins on en n'est même pas sûr) des suites d'un freinage brusque de sa voiture. A cet instant, ce fameux Ozaki ne donne plus de signe de vie et reste affalé sur la plage arrière les yeux grands ouverts. Apeuré, Minami se pose dans un bar louche (tenu par une sorte de transsexuel), mange un étrange flanc salé accompagné d'un café, puis en sortant il s'aperçoit que le corps a disparu. Comment, pourquoi? Seule Nagoya en a le secret...
Gozu devient alors un film dans le film, multipliant les références. L'univers est étrange, instable, proche d'une dimension parallèle à la Cronenberg (ExistenZ), reposant sur des bases déjà étudiées auparavant par David Lynch (l'incohérence/cohérence de Lost Highway, la ville paumée à la Twin Peaks), le tout à la sauce Miike c'est à dire dépourvue de quelconque logique du moment que l'ensemble tourne bien. C'est ainsi que l'on verra, au gré du parcours de Minami, des propriétaires de chambres d'hôte complètement dérangées (la patronne est une fabrique de lait à part entière, perverse à ses heures perdues, le "frère" est un être dans les vaps, martyrisé par cette dernière), on y verra aussi un homme à tête de vache ainsi que toute une panoplie de personnages pathétiques (deux loosers qui passent leur temps dans un bar, un indicateur au visage pourris) en particulier la "réincarnation" d'Ozaki en femme. Le procédé est aussi déjanté car cette femme accouchera par la suite de ce même Ozaki (une des scènes marquantes du métrage) suite à une partie de jambe en l'air hilarante et de très mauvais goût. C'est justement la faiblesse de Miike, dans cet étalage de séquences souvent douteuses (le bain de Minami, des propos zoophiles) côtoyant des passages purement formidables et inexplicables (le long road-movie du héro, son changement de comportement au fur et à mesure que l'univers se détruit) dans un non-sens cinématographique absolu. Tout bêtement, il serait vulgaire de caractériser Gozu de "succession de scénettes" incohérentes, prétexte à Miike d'enchaîner avec un nouveau film. C'est plutôt une vision apocalyptique, sorte de bad trip Yakuza où l'on y verrait des types apeurés par un chien "anti-yakuza" et une voiture "anti-yakuza", plutôt étonnant quand on connaît la droiture des membres de ce genre de clan. De plus, Miike se permet de régler quelques comptes en réduisant les boss à de simples pervers sadomaso, le meilleur exemple est lors de cette réunion du clan lorsque le grand patron pose comme première question : "Alors tu te l'ai faite?". Inutile aussi de parler des pratiques sexuelles de ce dernier...
En bref, Gozu est un objet cinématographique difficilement identifiable, propre vision déjantée de la société par un réalisateur tout aussi déjanté, lequel nous amène par différents moyens à se faire une propre idée du monde présenté, à choisir ce qui est réel ou pas, de faire le tri en quelque sorte de ce qui est bon, mauvais, glauque...la liste est longue. Ca n'a peut-être pas de sens (encore que), et ce n'est pas cette fin incroyablement brusque qui nous fera dire le contraire, mais l'ensemble se suit avec beaucoup d'attachement, on reste curieux et pressé de voir comment toute cette zizanie va se terminer. C'est pourquoi ce métrage mérite une excellente note, comme il pourrait aussi être carrément pointé du doigt. Il faut le voir pour le croire. Ca ne s'explique pas.
Esthétique : 4/5 - Hormis ces teintes jaunes dégueulasses, l'univers proposé mérite un cigare.
Musique : 2.5/5 - Très peu de musique, juste quelques envolées sombres et inquiétantes. A l'image de son univers.
Interprétation : 3/5 - Sho Aikawa en fait des tonnes, mais reste amusant. Hideki Sone est génial.
Scénario : ?/5 - Suffisamment dense pour poser débat, mais souvent inaccessible.
Ca aurait pu etre un bon Miike...
Malgré quelques bonnes surprises de la part de Miike, Gozu laisse également un fort sentiment de gachis face à ce qui aurait pu etre un Miike vraiment réussi. Déjà parce que sa photographie est meilleure qu'à l'accoutumée chez le cinéaste et surtout parce que la mise en scène de Miike n'a jamais été aussi maitrisée (tout est relatif). L'autre élément qui aurait pu en faire quelque chose de réussi, c'est le fait que cette fois le scénario n'est pas bourré de scènes bouche trous entre les idées délirantes (ce qui n'empeche pas, on le verra plus pas, que le film ennuie trop souvent) mais au contraire son délire est construit, avec une progression narrative logique. Bien sur, on est à des années lumière des vrais grands surréalistes du celluloid (Bunuel et Suzuki, Miike tentant parfois comme ce dernier d'utiliser le montage pour créer du décalage sans l'égaler et de loin) mais c'est toujours ça de pris. La narration y progresse par la répétition d'un certain nombre de lieux plusieurs fois visités par les personnages, d'un certain nombre de motifs (le personnage qui voit un chien anti-yakuza puis une voiture anti-yakuza, les disparitions de passagers d'une voiture alors qu'un personnage a le dos tourné, les gouttes qui tombent sur le sol, l'idée de fantome avec certaines ambiances très ringiennes ou celle de réincarnation dans un autre corps), bref il y a un vrai fil conducteur narratif.
Mais où cela mène-t-il -pour moi en tout cas:)-? SPOILERS A la symbolique grosse comme une maison de l'Aniki/figure paternelle qui fait mine de soutenir son acolyte/fils puceau complexé dans sa virilité (l'opération du pénis qu'il a subi) dans ses élans vers le sexe opposé tout en ayant une présence trop castratrice pour qu'il puisse vraiment passer à l'acte. C'est son éclipse provisoire qui permet à l'acolyte de se confronter dans sa recherche à une figure maternelle -la gérante de l'auberge- qu'il refuse, puis de surmonter ses frustrations pour passer à l'acte, passage à l'acte où le fils affronte littéralement la volonté castratrice de son père; une fois ceci fait, le film peut s'achever dans le calme par la création d'une forme de cellule familiale -le trio de la fin-. FIN SPOILERS Derrière les circonvolutions d'esprit surréaliste, on ne trouve donc que du Freud méthode Assimil. Comme toujours chez Miike on fait du gros vent pour ne pas dire grand chose d'intéréssant. Et à coté de ça, il y a le fait que s'il n'y a pas de bouche-trous entre les idées délirantes celles-çi sont très très loin de vraiment fonctionner (l'électrocution d'un personnage, la gérante qui torture un personnage, le final jouissif, oui mais pour très peu d'idées réussies combien d'idées poussives ou d'absurde lynchien à deux francs? le principe de répétition induit par la progression narrative du film n'arrange rien lorsqu'une idée ratée revient plusieurs fois...) et puis le fait que s'il filme mieux Miike devrait embaucher un vrai monteur parce qu'à l'évidence il ne sait pas quand couper ses scènes, finissant par susciter l'endormissement durant une grande partie du film. Il se défend en interview en disant qu'il cherche à ennuyer le spectateur durant ses premières parties de film pour créer un contraste avec des fins plus enlevées.
Le problème, c'est que le plus souvent Miike arrive trop bien à ennuyer le spectateur pendant ses deux premiers tiers de film ce qui fait que malgré ses finals souvent réussis (le dernier tiers est ici le meilleur du film) une sensation de ratage, de déséquilibre, de film beaucoup trop long (les bons moments ne contiennent même pas de quoi remplir une bonne série B) domine. Et encore plus ici, dans un Miike qui avait une vraie structure narrative et qui aurait pu etre un sympathique petit délire surréaliste si le cinéaste avait mis en veilleuse son gout pour l'esbroufe.
Un bon Miike
Quelques légers spoilers…
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise puis à Gérardmer, Gozu est le on-ne-sait-plus-combien-tième film de Miike Takashi. Indubitablement frappé du sceau de son auteur de par ses thèmes, ses qualités, mais aussi ses défauts, Gozu propose comme à l’accoutumée des yakuzas, des personnages bigarrés, des digressions paraphréniques, du mauvais goût, du sexe déviant (et outré aussi), de la violence outrée (et déviante aussi), des problèmes de rythme, un scénario ficelé on ne saurait trop dire comment, un décalage complètement assumé, Aikawa Sho… bref tout ou presque ce qui fait la substantielle moelle du cinéma fou de Miike Takashi.
Pourtant, à sa manière, Gozu fait preuve de singularité. D’abord parce qu’aucune idée délirante signée Miike ne ressemble à une autre et l’on se délectera avec un plaisir toujours aussi coupable de toutes les absurdités qui font l’univers foutraque de Gozu : l’Oyabun en mal de virilité, le chien anti-yakuzas, l’accouchement… De plus, si les similitudes avec les City of the Lost Souls et autres Dead or Alive sautent aux yeux, la trame de Gozu se démarque finalement par sa cohérence. Certes, rarement scénario ne sera parti dans autant de directions à la fois, mais les multiples digressions surréalistes ne sont jamais que de menus détours et ne sauraient obvier au dépucelage final vers lequel tout concourre en réalité. De plus sous les faux airs de road-movie lynchien (avec des films comme Mulholland Drive ou Lost Highway, Gozu a en commun la propension exacerbée à d’interminables parenthèses chimériques et le goûts pour les incohérences assumées, du moment qu’elles procèdent du projet de mise en scène) aux à-côtés buñuelisants, se cache en définitive une des mises en scène les plus réussies de Miike ; la réalisation est de bonne tenue et, comme trop rarement dans le cinéma du Japonais fou, tous les éléments du filmage semblent faire corps pour former un véritable ensemble et pas un pot-pourri foutraque aux allures de boîte à idées égrillardes. Certes, Gozu reste trop long, bourré de petits défauts et on pourra toujours remettre en doute la sincérité d’un cinéaste qui semble en faire toujours plus pour répondre à sa réputation d’artiste hype et déviant, mais à l’opposé de bon nombre de réalisations antérieures de Miike, ce film procure un réel plaisir de cinéma et apparaît vraiment comme une véritable œuvre un tant soit peu habitée et pas un squelette animé par la vermine qui le peuple ou une collection de vignettes trash et décalées. C’est déjà ça…
Etrange voyage initiatique
Gozu est un film très étonnant. Ca peut paraitre lent mais l'atmoshère qui s'en dégage est très prenante.
Meme trame que le voyage de Chihiro: une route barrée, un etre familier qui disparait soudainement, la recherche du disparu dans un univers qui a basculé dans l'étrange, puis le passage à l'age adulte à travers une séquence tout à fait étonnante.
A voir
DECEPTION
Gozu est le 5 ème film de Takesshi Miike que je vois après "AUDITION" et la trilogie "Dead Or Alive " . A la vision de ce fameux Gozu, je suis plutôt déçu : l'histoire traine en longueur, il n'y a pas réellement de renouveau de la part de Miike ; les acteurs ne sont pas mauvais, mais on tourne en rond et rien ne se passe . A oublier .
Miike trop long pour pas grand chose...
Je l'avais attendu ce film !!!
Et finalement la montagne accouche d'une souris...
On peut décomposer ce film en 3 grosses phases :
La première (la moins longue malheureusement a mon avis...) est le début commencant sur le ton de la comédie via les délires du frère luttant contre tous les phénomènes anti yakusa :)
Ensuite on rentre dans une phase étrange a la david lynch dans un univers complètement déjanté ...
C'est à partir de la disparition de son frère et "mentor" que débute la quête d'affirmation de soi de Minami qui se retrouve alors confronté à ses peurs et ses secrets au beau milieu d'une faune de personnes plus cinglés les unes que les autres.
Et là force est de constater que Miike tombe dans certains de ses travers car que c'est long... trop...
Au début on peut etre fasciné par l'univers qu'il a mis en place mais on tourne vite en rond pour finalement rentré dans la dernière période du film qui est celle de la renaissance, sur laquelle je ne m'étendrais pas pour ne pas dévoiler la fin du film mais d'ailleurs Takishi ne s'y est pas forcément attardé non plus puisque ce seront quelques flashs qui viendront ponctuer et imager le final...
Bref des bonnes idées mais c'est très long pour finalement une histoire bien plus simple que la presse pseudo intellectuelle a bien voulu le dire quand ils ont assassiné le film (Et pourtant ils comprennent godard, eux...)
Une note un peu sévère car je suis très déçu surtout que je sais que Miike est capable de mieux...
ozaki ?
gozu la premiere fois que je l'est vu, j'ai été scier sur place(mon deuxieme miike apres audition). je ne pouvait pas dire si j'avais adorer ou le sentiment de mettre fait berner.enffet c'est au second visionnage que j'ai vraiment kiffer. le film commence sur les chapeaux d'roue, après on rentre dans rhytme beaucoup plus lent,bizzare ( a la lynch) et la fin est vraiment innimaginable. c'est comme souvent chez miike une experience unique, meme si par moment c'est long, rester jusqu'a la fin (sa vaut vraiment le coup). et c'est le genre de film ki vous reste longtemp dans la tête. a decouvrir et surtout a voir et a REvoir.
Interessant...
Ce n'est certes pas le meilleur Takashi mais j' avoue qu'il m'est resté un bon moment dans la tête après l' avoir vu.
Les personnages sont interessants surtout les femmes car elles sont comptètements barrées (Mention spéciale pour le personnage de la vieille dame..).
Je préfère quand même la deuxième partie du film parce qu'elle est beaucoup plus radicale dans le délire (une habitude chez Miike....). On pense quand même beaucoup à Lynch.
Mites au logis Yakuza
Bien que durant plus de 2 heures, je trouve que c'est un des Miike les plus digestes ... et même fascinants (osons!)
J'avais envie de faire une chronique super longue avec pleins de spoilers pour détailler le cycle qui permettra à notre Yakuza puceau de devenir entre autres "un homme un vrai", j'avais envie d'expliciter toutes les sequences et progressions logiques qui en font un chihiro bis (Source d'inspiration principale du film, on pourrait faire 10 pages avec les emprunts à Chihiro).
Oui mais voila, entretemps j'ai lu la chronique chez sanchodoesmiike et j'ai pas envie de recopier donc allez-y-voir !!
Nagoya wa hen desu
Sensationnel ce film!! Un très bon miike
Un pur délire
Un takashi miike comme je les aime : déjanté à souhait. Totalement fou du début à la fin. Malgré qu'il soit un peu long par moment, je trouve que ce film est magnifique. Pas de violence, juste la visite d'une petite ville qui ne se trouve sûrement pas dans les guides touristiques. Et les deux dernières scènes finales encore plus folles que le reste du film. Simplement bravo M. Miike.
Complétement barré, comme tous les films du réalisateur ceci dit....
Etrange, fantasque et parfois un peu longuet
En voyant la scène de début, on se dit qu'on va avoir droit un un gros délire. Mais le film préfère naviguer dans le bizarre et parfois le n'importe quoi (mais ça on a un peu l'habitude avec Miike). On est donc content de voir d'excellentes scènes déjantées mais entre c'est creux, donc on attend la prochaine séquence anthologique et c'est comme ça tout le film.
Plus court,
Gozu aurait gagné en intensité
Miike a encore craqué..
on savait déjà qu'il était un peu atteint, mais là...O_O...
A vrai dire, j'ai pas adoré le film.
Mais je ne l'ai pas détesté non plus, loin de là.
En fait, le problème est que ça commence de façon très prometteuse, mais que, encore une fois, je le maintiens, Miike a du mal avec le rythme..
2 H 10, c'est à peu près 20 minutes de trop pour ce voyage extrême et déjanté.
On peut comparer ce film, par certains aspects, à du Lynch, mais en plus déjanté, et avec une ambiance plus grotesque encore.
Le scenario : Minami, un yakuza est chargé d'éliminer son aniki (= frère, terme employé dans le milieu des yakuza), Ozaki, qui commence légèrement à péter les plombs.
Fait qui nous est d'ailleurs montré dans une mémorable séquence d'ouverture, où Ozaki est persuadé qu'un chien a été créé pour se débarasser des yakuza ^^;
Bref, le boss charge Minami de se débarasser d'Ozaki en l'emmennant à une décharge un peu spéciale à Nagoya, ce qu'il entreprend de faire à contre-coeur, Ozaki lui ayant sauvé la vie par le passé.
Seulement, sur le chemin arrive un incident qui a raison d'Ozaki.
Minami, paniqué, embarque le corps et décide de se poser dans un café pour gamberger un peu sur les évènements.
Seulement, le temps d'aller aux toilettes, et Ozaki a disparu de la voiture dans laquelle il l'avait laissé.
Plus qu'à le retrouver.
C'est alors pour Minami le début d'un longue quête surréaliste dans Nagoya, qui s'avèrera peuplé d'habitants carréments zarb.
Alors voilà, le spectateur perd peu à peu pied au en même temps que Minami au cours de son enquête, et de ce point de vue là, c'est réussi.
Il y a du beau monde dans le coin, et on rencontre des persos plus bizarres les uns que les autres.
On alterne donc, dans ce rêve éveillé, surréalisme, grotesque, et non-sens, jusqu'à un final qui m'a paru quasi-incompréhensible..
Tout cela est loin d'être déplaisant.
La réal tient la route (hormis quelques accrochages), et les acteurs assurent, certains s'en donnant à coeur joie.
Mais en même temps, c'est un peu vain et longuet.
Je ne vois pas trop quelle est la finalité du film, et si ça se trouve, il n'y en a tout simplement pas d'autre que de perdre le spectateur dans ce "joyeux" bordel...
Après tout c'est pas si désagréable :)
C'est loin de donner un excellent film à l'arrivée, et encore une fois, je trouve que Miike gâche ses idées par manque de rythme et le côté "entamé mais pas terminé" de certaines idées, mais si on aime être surpris et perdu, ce road-movie bizarroide n'est pas un total ratage malgrès ses défauts.
Un petit 3,25/5, en espérant, comme après chaque film de Miike, qu'il saura mettre un jour sa folie et ses bonnes idées au service d'un film plus équilibré et abouti.
Un soupçon de Lynch, un zeste de Cronenberg...
Le film commence avec une scène débile/délire...et puis au bout d'un moment, on a l'impression que le personnage principal entre dans la 4ème dimension, et là, tout bascule...
Je n'ai pas encore vu beaucoup de films de Miike, il fait du trash, il ose, il surprend, mais les autres films que j'ai vu manquaient de rythme (des scènes frappantes ou trash, entrecoupé de vide), manquaient du je ne sais quoi qui fait qu'on accroche vraiment le film pour qu'on le considère très bon.
Miike semble avoir franchi un pas dans la réalisation, car c'est cette fois ci vraiment bien filmé, de plus, c'est pour le moment son seul film qui ne m'a pas laissé de repis, et surtout d'ennuis.
Il est difficile de décrire le film, d'en donner une interprétation, et c'est aussi sa force, chacun aura sa propre façon de voir et comprendre...certains diront qu'il n'y a rien à comprendre, d'autres chercheront des reflexions bien complexes.
On croise les mondes de Lynch ou Cronenberg, tant sur le fond que la forme, et qui va s'en plaindre ?
Un film étrange qui est à voir, mais pas à mettre entre toutes les mains...
Ich Liebe!
Bon film malgré quelque longueurs (mais dans quel Miike n'y en a-t-il pas?) qui fait rebondir allégrement son gros cul sur des idées de plus en plus déilrantes(avec un gros faible pour la louche). J'ai failli mourir de rire devant la scène avec le chien du début. C'est un peu idiot comme film, c'est sur, mais le film commence par prévenir qu'il ne faut pas croire un mot de ce qui va être dit... donc on ne peut pas dire qu'on est pas prévenu.
Crazy Miike
Gozu ? Une œuvre très inégale, cas récurrent dans la filmographie de son auteur. Il faut tenir le coup durant la première partie du film pour ne manquer sous aucun prétexte les festivités trash éparpillées çà et là dans la seconde. Soigneusement réalisé, avec une photographie rappelant le cinéma US des années 70,
Gozu accuse en contrepartie de nombreux temps morts inutiles qui ne font que desservir la narration et plomber gravement le rythme du métrage. Et ne parlons pas de ce pseudo-scénario à la David Lynch du pauvre, dont l'intérêt demeure lui aussi fort limité. Reste ces incartades complètement chtarbées (le rêve de l'homme à tête de vache, le meurtre du boss obsédé sexuel, la scène d'amour qui tourne mal et se transforme en accouchement absurde), ces idées folles nées de l'imagination morbide et détraquée de Miike, qui nous obligent à tout pardonner et à se délecter d'instants purement jubilatoires entre quelques durs bâillements au final bien récompensés. Le réalisateur pense même à nous refaire le coup de
Visitor Q et de sa demoiselle d'âge mûr au don laitier miraculeux qu'elle exerce en activant ses glandes mammaires. Une fois encore, fous-rires et grimaces de dégoût sont légion.
Nagoya confidential
Venez à Nagoya! Le soleil y brille de mille feux, la plage y est large et sauvage, et les orangers s'étendent aussi loin que l'oeil peut voir! On trouve autant de travail que d'habitants et la terre est bon marché. Chaque japonais a sa propre maison, et dans chaque maison, une joyeuse famille japonaise. Vous pouvez avoir tout ça, et qui sait, devenir une star, ou au moins en rencontrer une venue se reposer dans ce havre de paix! La vie est belle à Nagoya! C'est le paradis sur terre!
C'est en tout cas ce qu'on voudrait vous faire croire. Mais derrière ce paysage idyllique, on trouve aussi des casses où on n'écrase pas que les voitures, des restaurants où le sourire des clients peut cacher d'horribles vérités, et des hôtels tenus par des fratries psychologiquement perturbées. Dans ce genre d'hôtel, vous pourrez facilement trouver du lait produit sur place, du lait maternel qui plus est!
A Nagoya, si vous trouvez la bonne ruelle, vous trouverez tout ce que vous chercher. Vous pensiez trouver un homme? Vous repartirez avec une belle femme à l'allure distinguée, au bon goût indéniable, et à la distinction évidente. Les gens s'y sentent en sécurité, loin des conflits de la ville, et de la corruption engendrée par les yakuzas.
Alors laissez vous guider par Takashi Miike, qui vous fera découvrir une ville aux charmes aussi variés que surprenants, pour une visite jouissive de 2h09!
Bad Yakuza Trip
Et un Miike de plus, un !
Vu au dernier (excellent) Festival de Nantes - les Utopiales - ce Miike est un bon crû. Désarçonnant, comme à son habitude, le film démarre comme un road-movie Kaurismaki-en pour embrayer sur un patchwork de saynètes aux réferences multiples (Lynch pour le travail sur le son, Kitano pour la mise en scène et quelques personnages pittoresques, ...); mais ce sont avant tout des thèmes propres au réalisateur, qui sont repris et étendus (fluides corporels en tous genres, lait maternel, scène anthologique finale, hôtellerie/bar repris à l'"Hapiness...").
S'il est amusant et intéressant de voir entamer/experimenter le réalisateur de "genres" de films toujours plus divers (road-movie / fantastique lynchien, comédie absurde, quasi HK), c'est une fois de plus les idées (trop nombreuses) et l'énergie (travail trop bâclé) débordantes, qui semblent empêcher le réalisateur de nous livrer un chef-d'oeuvre ou du moins un film complet. De plus, la scène finale est certes anthologique (je vous laisse la surprise), mais semble comme "plaquée" au reste du film, comme si Miike cedait à l'attente évidente du spectateur de supplanter des finales à la DOA ou autres "Audition". Le réalisateur n'est pourtant pas dupe et sur-enchérit par un épilogue aussi jouissif, que celui de "the Feebles" de Peter Jackson...
L'ensemble est assez barré pour se laisser regarder sans déplaisir (même s'il aura désarçonné quelques novices présents dans la salle) et l'amateur averti prendra plaisir à se réferer aux nombreuses auto-citations / approfondissements des thèmes recurrents.
Gozu, voyage dans les ténébreuses pensées d'un yakusa !
Le film narre le malaise soudain d'un yakusa qui ne supporte plus sa condition et qui, dans son délire paranoïaque, se croit notamment poursuivit par un chien qui veut sa mort.
Avec Gozu, le prolifique cinéaste Takeshi Miike nous livre un nouvel élèment de sa filmographie consacré au problème de l'intégration et du rejet de l'individu.
Oeuvre synthèse de ses préoccupations, on y retrouve le thème des yakusas mais aussi cet onirisme étrange si caractèristique de ses oeuvres. De nouveau, le réalisateur s'interroge sur l'être humain, sa folie, mais aussi ses rêves, ses appréhensions dans la vie, sa solitude face à un monde qui le rejette (ce qui n'est pas un mal dans la mesure où il n'y a pas sa place).
A la fois déstabilisant et profondement humain, le regard porté par Miike sur un personnage hors du commun constitue l'une des plus belles réussites cinématographiques de ce premier semestre. Une oeuvre qui n'est pas sans évoquer le meilleur de David Lynch et Takeshi Kitano. Indispensable !