Faire une chronique de Grotesque reviendrait à s’intéresser de près au film polémique de Shiraishi Koji, qui a le toupet de se fiche entièrement du spectateur pour mieux dynamiter le genre, de manière très personnelle certes, mais surtout égoïste. Mépris du torture-movie qui eut son heure de gloire avec des bandes barely legal au Japon au cours des années 80, mépris du film de genre à connotation humoristique comme ont pu l’être un Evil Dead 2 ou Braindead, parce que le cinéaste ne sait jamais sur quel pied danser et laisse un goût amer en bouche une fois l’expérience terminée. On parle bien d’expérience puisqu’il n’y a pas grand-chose qui fasse penser à un vrai film de cinéma, comme c’était déjà le cas avec les premiers épisodes de la saga Guinea Pig. Un homme et une femme bientôt en couple se font capturer dans un tunnel par un malade et se retrouvent deux minutes plus tard ligotés sur une planche amovible. Un jeu sordide basé sur le niveau d’excitation du pervers débute alors, le futur couple est au centre puisque l’homme va devoir endurer le plus de souffrance possible pour sauver la jeune femme. Sera-t-il prêt à mourir pour elle ?
Sur le principe, Grotesque –qui l’est réellement- est un film qui n’assume pas grand-chose et qui a eu le malheur de se contredire à cause d’une séquence faussement « drôle » placée de façon tout à fait gratuite en fin de métrage, prétexte à prouver son dynamitage en règle du genre et prétexte à mentir sur l’authenticité dont il faisait preuve pendant plus d’une heure. Une authenticité dans les maquillages ultra réalistes, loin des quantités de latex apparentes et de colorants rouges des meilleures séries B d’horreur des eighties, et dans la mise en scène privilégiant les contrastes, les filtres, la froideur d’une lampe allogène aveuglante. Malaise. Malaise puisque la chose la plus épouvantable qui peut arriver à un cinéaste de film de genre, c’est de tomber dans le voyeurisme ou la perversité faciles. Éjaculation(s), bave, vomi, urine, massacre. Normal lorsqu’on masturbe, transperce, tronçonne et effraie son hôte. Que Shiraishi Koji tienne cette ligne directive jusqu’au générique de fin, on terminera laminé par les sales audaces d’un cinéaste qui aura osé faire ce qu’un Hino Hideshi ou un Nacho Cerda ont déjà fait il y a quelques années : montrer l’un des pires visages de l’Homme. Montrer l’abjecte et l’inqualifiable. Mais lorsque toutes ces fondations sont démolies en fin de métrage par un clin d’œil gore renvoyant à Raimi ou Jackson, le cinéaste qui « a osé » n’assume au final rien ou pense que ce qu’il a mis en scène n’est au final qu’une grosse blague, renvoyant ce qui ressemblait à un sordide fait divers vers le cinéma de fiction, annihilant la réflexion potentielle qui tournait autour de cette séquestration, pour au final en rire et ne retenir que cet ultime plan grotesque. Ou comment utiliser le médium cinéma pour étaler les pires horreurs pendant une heure, de manière salement réaliste, pour tromper son audience et ne rien assumer en un plan, certes drôle, mais définitivement hors-sujet.
Ce qui aurait pu donner de sacrés débats après projection, à la manière de l’Aftermath de Nacho Cerda, laisse place à la consternation sous fond de musique classique, procédé déjà éculé depuis belle lurette. L'une des rares bonnes idées du film est d'avoir créé un double malaise en leur faisant croire qu'ils avaient une chance de s'en sortir. On repense alors au prétexte nul d’une rencontre amoureuse timide, pour démontrer jusqu’où peut aller l’amour d’un homme pour une femme, et jouer autour de cette « épreuve » pour le salir. La fille également. Puis confronter leur crasse provoquée par un malade mental, sosie d’un Kitano plus jeune, et étaler des séquences de torture plutôt fortes dans le simple but de faire son buzz, en mettant hors-jeu le regard du cinéaste. Pascal Laugier avait réussi à délivrer son ressentiment face à la barbarie humaine, dans son film de fiction Martyrs. Shiraishi Koji exploite les sévices –qui peuvent arriver à cent mètres de chez vous- pour en faire un divertissement et rendre l'ensemble, au final, grotesque. Étrange école.
Grotesque est une expérience de 72 minutes. A la fin, je me suis pris pour Macdowell dans Orange Mecanique après sa cure forcée d'ultra violence pour le sevrer. Ici, il n'y a de place pour rien d'autre que pour le spectateur : scénario, musique, photo ne font réellement sens qu'au travers des émotions de ceux qui le verront jusqu'au bout. Le rejet suscité peut être aussi violent que la jubilation de voir un tel ovni. Grotesque est un Torture Porn total; l'oeuvre la plus aboutie de toutes et son titre défini bien ce genre surréaliste du cinéma qu'un Bunuel n'aurait pas renié si seulement ce cinéma pouvait être assumé en tant que tel. Grotesque n'est pas du cinéma d'horreur d'entertainment ou alors il faut vraiment avoir une case et encore le film ne laisse pas la place pour cela.
La torture sur grand ecran a toujours été une tradition nippone et ce film est a reserver aux amateurs du genre, a la sauce Saw et Hostel ( bien que marrant a coté de ce film )
Il n'y a pas de limite c'est purement gratuit et "grotesque" et c'est ça qui est bon !! comme il est JOUISSIF de voir ENFIN un film qui donne aux spectateurs ce qu'ils ont envie de voir sans se vautrer dans des prétextes fallacieux, de prétendues analyses à deux balles de la nature humaine et patati et patata. Juste de la torture gratuite et à peine marrante au début, l'histoire est tres simple aussi simple que les motivations du mechants. La fin c'est de l'humour dont on se demande encore s'il est noir tant il s'assume dans le burlesque et le granguinolesque. A ne mettre sous les yeux que des fans avertis !!
Ca demande une culture du gore et du roman-porno jap des années 70, 80 pour être apprécié! Et aussi [surtout] d'être un peu timbré dans sa tête, avouons-le! :)
Bienvenue aux amateurs de la bonne barbaque et du steak tartare servis sur celluloïd, bonsoir.
Si le temps depuis la sortie du dernier "Guinea Pig" et "All night long" vous a paru bien long et qu'un "Red Room 2" peinait à satisfaire vos ardeurs d'arrachage de tripes en gros plan, "Grotesque" arrive à point nommé. Et de remettre les pendules à l'heure, comme quoi les américains sont finalement des vrais amateurs, quand il s'agit de produire de la bonne pelloche déviante du genre de "Hostel" et "Saw"; car rien que la première séance de torture se montre plus cruelle que l'ensemble de la saga "Saw" prise dans son entier.
"Grotesque" ne s'embarrasse d'aucun détour inutile pour aller droit au but de son film: montrer de la torture. Un couple fraîchement assorti (comme on l'apprendra dans un rapide flash-back ultérieur) se fait enlever par un psychopathe dérangé dès la seconde minute du film pour se retrouver dans une salle de torture. Le prémisse s'annonce prometteur: à la demande lequel des deux serait prêt à mourir pour l'autre, l'homme dit "Oui", tandis que la femme dit "Non"; c'est donc sur l'homme que notre psychopathe va s'acharner avec cette terrible promesse: tant que l'homme reste en vie, la femme ne mourra pas…Et c'est parti dans la torture grand-guignolesque, où la première scène (après quelques attouchements sexuels, présence d'une star de l'AV dans le rôle principal oblige) est celle des bourses du monsieur cloué au lit, castration et autres enfonçages d'aiguilles dans l'œil…Ahhh…et que dire de ce collier fait de doigts humains et passé au cou des deux amoureux pour ne plus jamais être séparés.
Après une petite accalmie, ça repart de plus belle avec une dernière torture sous forme de jeu pour espérer pour l'un des deux personnages de – quand même – pouvoir s'en sortir vivants.
Quant au titre du film, c'est finalement un plan (presque) final, qui donne tout sens au film et sert finalement à dire, que le genre même n'est rien d'autre qu'une gigantesque farce cinématographique, un genre tout sauf à prendre au sérieux…sauf qu'il aurait fallu, que le réalsiateur Shiraishi Koji (l'excellent "Slit-mouthed woman") joue davantage avec le second degré tout au long de sa terrible séance de torture pour faire passer ce désagréable arrière-goût de trop réel, jusque dans la réalisation extrêmement précise et méticuleuse des effets de maquillage.
A réserver aux aficionados du gore pur et dur du genre des films édités par les français de "Uncut Movies"; pour les autres, un bel objet de polémique et de parlotte du film sans aucun intérêt, mais qu'il faudra avoir vu pour en parler. Personnellement, la scène finale de "Audition" m'aura traumatisé bien davantage avec sa torture hors champ, que les gros plans des boyaux et de la tripaille s'étalant sur toute l'image.