Une page d'histoire méconnue mais pas désintéressante
Comment ce fait-il que Hong Kong était une possession anglaise jusqu'en 1997 ? Une conquête du colonialisme anglais, oui, mais qui sait vraiment comment c'est déroulé cet épisode de l'histoire mondiale ? Pour ceux que cela intéresse, ce film est une version des faits qui vaut vraiment la peine d'être vue. Bon, c'est sûr que l'on a le droit à la version chinoise. Ici les sages chinois ont préféré céder cet îlot aux enragés de colons britanniques complètement aveuglés par le profit et la gloire. Il y a certainement du vrai, mais cela sonne un peu trop faux par moment.
En dehors de la véracité des faits, qui restera probablement à jamais impossible de démontrer, ce film et quand même une bonne réussite. Les moyens y ont été mis, puisqu'il s'agit de la production chinoise la plus coûteuse de tous les temps et on peut en profiter en ce qui concerne la réalisation et la mise en scène.
Chinois, combattez l'opium, et vous perdrez Hong Kong ainsi que votre fierté !
Ne croyez pas que ce film à gros budget (12 millions de dollars) fut tourné par hasard ! C'est en effet la même année que la rétrocession de Hong-Kong à la Chine (en 1997) que Xie Jin perçut les fonds nécessaires pour réaliser cette grande fresque historique relatant la première humiliation chinoise en 50 siècles d'Histoire, flanquée d'un revers de main par de petits blancs très malins habitant une île minuscule, l'Angleterre, vers 1840. Cet épisode tragique est considéré en Chine comme un immense traumatisme (à juste raison, puisque le traité de Nankin signé en 1842 provoqua une guerre civile qui fit 20 millions de morts jusqu'en 1949), et nul doute que cette œuvre eut indirectement un effet pédagogique sur les spectateurs chinois qui n'ont pu qu'en conclure que la rétrocession était justifiée.
Pour les spectateurs occidentaux, La Guerre de l'Opium n'a évidemment pas la même portée. Le film reste avant tout une page d'Histoire bien rythmée, bien interprétée et bien racontée, qui présente posément sans trop de manichéisme les 2 protagonistes du conflit (les Chinois apparaissent plus faibles et naïfs que l'on pourrait s'y attendre, les Anglais sont culottés et arrogants dans leur comportement, et la réalité est sans doute à peine déformée). On sort de la projection éclairé et un peu révolté sur la manière de faire des Occidentaux lors des différentes phases de la Colonisation au XIXème siècle : les Anglais, les Français et les autres se sont crûs tout permis et plus beaux que tout le monde, ils en ont bien profité, et ce sont les populations locales qui ont morflées, comme d'habitude. Une analyse sommaire certes, mais qui remet à sa place la richesse des pays du Nord, ce qui n'est pas inutile…