drélium | 3.5 | Miam. |
Ghost Dog | 4 | Ne pas se fier au titre… |
Ordell Robbie | 3 | Le flingue et le sabre |
Si l’entame de ce long métrage au titre besogneux peut laisser craindre le pire à la vue de ces militaires aux discussions académiques (on se demande si on n’a pas loué un sous-Rambo…), la suite rend heureusement le spectateur beaucoup plus euphorique, au prix d’un retour dans le temps de 4 siècles de cette unité, à l’époque des samouraïs. Et là, c’est le bonheur total. On assiste ainsi à la rencontre improbable de 2 civilisations et de 2 manières de faire la guerre, à travers des scènes délicieusement anachroniques où un hélicoptère apparaît aux fenêtres d’un dojo traditionnel, où un char tire à boulets rouges sur une armée de soldats armés simplement de sabres, et où on dégoupille des grenades dans des forteresses impériales. Ce n’est donc pas un sous-Rambo, mais plutôt un mélange jouissif de Kurosawa et de Schwarzenegger…
Mais attention, Les Guerriers de l’Apocalypse n’est pas qu’un bête film de guerre un peu original. Grâce à son acteur principal Sonny CHIBA en pleine forme et dont le charisme étonnera plus d’un, on pénètre également dans les méandres d’un l’esprit humain assoiffé de guerre et de sang. Le personnage qu’il interprète est un lieutenant du XXème siècle en manque d’activités ; il va trouver par l’intermédiaire de ce voyage dans le temps inattendu l’occasion de réaliser tous ses rêves de conquêtes en ayant la possibilité de changer radicalement l’Histoire, et de la manière la plus facile puisque disposant d’un arsenal militaire (hélico, char, fusils,…) théoriquement capable de renverser tous les shogun du pays. Ce faisant, il va découvrir les ancêtres qui sommeillent en lui, et s’adapter plus que de raison à l’époque où il fut parachuté sans raison. Lors de scènes de combat impressionnantes, on ne sait d’ailleurs plus de quel côté se ranger puisque le Bien et le Mal sont totalement remis en cause : doit-on cautionner les rêves fous d’un lieutenant qui veut le pouvoir ? Ou bien soutenir les hordes de soldats du XVIème siècle qui se battent avec un courage remarquable ? Cruel dilemme…
Un épilogue surprenant vient ponctuer cette œuvre qui est un de mes coups de cœur de l’année. Vivement conseillé.
Les Guerriers de l'Apocalypse, vus dans une version au doublage atroce -meme pas assez drole pour etre un "bon" doublage René Chateau- et écourtée par rapport à la version sortie au Japon, se laisse voir plutot agréablement. Néanmoins, il n'y a pas de quoi crier au bijou inconnu de la fin du système japonais des studios. Tout d'abord parce que l'installation d'une platitude extreme et faite de banalités de bidasses est bien trop longue avant que l'on rentre dans le vif du sujet. La réalisation ensuite: pas assez mauvaise pour couler le film mais l'usage du style caméra à l'épaule et des téléobjectifs fonctionne moins dans un film d'action premier degré au style sec que dans l'univers exacerbé d'un Fukasaku par exemple. Ensuite, la confrontation militaires/samouraïs est au départ assez stéréotypée.
Heureusement, cela commence à s'arranger dans la seconde partie avec une longue scène de bataille où défile toute l'histoire du Japon: on sait grâce à Kurosawa l'importance des armes à feu symboles de l'influence occidentale dans la guerre entre les clans dans un Japon médiéval pas encore unifié et celle-ci se vérifiera encore dans cette bataille où le potentiel spectaculaire des affrontements sabre/armes à feux/arsenal militaire moderne est bien exploité; tout ceci n'est pas filmé de façon assez transcendante pour etre jouissif mais cette partie reste plaisante et efficace. Qui plus est, la bataille est ce moment où tous les désirs guerriers son renvoyés dos à dos, égaux qu'ils sont devant leur absurdité et leur coût en vies humaines. Une fois cette bataille finie, on arrive à la partie la plus intéréssante où se mettent en place des thèmes tels que le vertige donné par la soif de pouvoir et les réactions diverses suscitées par ce désir-là chez les militaires. Sauf que cette partie est bien trop courte et vite expédiée, privant le film d'une certaine folie et d'une vraie ampleur romanesque. Niveau acteurs, l'interprétation est globalement bonne et Sonny Chiba montre sa capacité à relever la sauce d'un film qui ne serait que moyen sinon.
Ce film à grand spectacle n'est pas inintéréssant mais il est plus le symbole d'un savoir faire de studios en pilotage automatique qu'un film incarnation de la capacité du cinéma populaire japonais des années 70 à allier commentaire social et inventivité visuelle soufflante. Savoir faire depuis malheureusement perdu comme le montre le remake cuvée 2005 transformant le film en blockbuster quelconque sans touche asiatique.