A gerber
Avec ce moyen métrage qui veut se faire passer pour un snuff movie (encore fallait-il éviter le montage « artistique » pour réussir ce pari…), on atteint la limite des limites dans ce qu’il est possible de montrer à l’écran, tant c’est abject et révulsant. A mi-chemin entre l’autopsie du monstre de Roswell et la décapitation de Nick Berg par Al Qaida, Guinea Pig : Devil's Experiment met en scène une femme qui se fait torturer gratuitement jusqu’à la mort par 3 tarés ricaneurs, tout en mettant à l’épreuve le degré d’acceptation de la violence des images par un spectateur déboussolé… Les scènes de tabassage du début sont dures, les tortures physiques sont cruelles et choquantes (brûlures, coupures, énucléation d’un œil avec une aiguille), mais les sévices psychologiques sont proprement insoutenables (20h avec un casque scotché sur les oreilles qui hurle des sons stridents, des asticots qui rampent sur tout le corps, une perte de conscience sur une chaise tournante… bigre !). On regarde du coin de l’œil le compteur des minutes défiler lentement en suppliant qu’il arrive vite à la fin, et on est vraiment gêné de savoir ce genre de film sur les étalages de toutes les FNAC de France, tant ce calvaire renvoie à des images de terreur enfouies en nous, l’écartèlement à la roue du Moyen Age, la guillotine, les tortures nazies ou japonaises de la Seconde Guerre Mondiale, le meurtre d’Ilan Halimi,…
Définitivement pas à mettre entre toutes les mains, voici une expérience ultime de confrontation à l’image, qui pose au moins une question intéressante (si si !) : comment une victime d’agression, de viol ou de sévices subissant durant un temps qui semble durer une éternité un traumatisme aussi marquant, peut-elle s’en remettre un jour, tirer une croix sur tout çà ? Et peut-on trouver des circonstances atténuantes à de tels bourreaux, à de tels barbares (le sempiternel trauma de l’enfance) ? Les juges intervenant dans des affaires similaires feraient bien de se pencher sur ce film excessif à tous les égards.
Symphonie du glauque
Un "essai" pour le moins désagréable car trop contrasté. En effet, même si le sujet de départ est incroyablement simple (capture d'une fille pour lui faire subir des sévices violents), il est normal de constater la pauvreté du film. Les coups portés sont plutôt mal simulés, l'actrice victime en fait des tonnes, les séquences de tabassage ressemblent plus à une danse orchestrée qu'autre chose.
Au principe malsain et ultra violent, Guinea premier du nom s'échappe dans les entrailles d'une ambiance pessimiste et tragique, le rendant percutant, surtout lorsque le dernier plan, d'une froideur inimaginable vous assène le coup final, d'une torture de plus de 40mn. Avis aux amateurs.
Les joies de la torture
Oeuvre culte du Japon des années '80s, le vidéaste expérimental underground Hideshi HINO semble avoir réussi à toucher le nerf du temps en remportant un vif succès à la sortie de cette production douteuse.
Une sorte de "Blair Witch Project" avant la date et en plein essor de la vidéo au milieu des années '80s, HINO fait fureur en vendant "Devil's Project" comme un authentique enregistrement vidéo saisi par la police. Son idée était assez géniale, l'énorme canular expliquant à lui seul la mise en scène relative et un manque de budget évident, puisque le film était censé être un film amateur tourné par quelque esprit malade. Seul fallait-il assurer au niveau des effets spéciaux, seul et principal intérêt de toute cette entreprise et aucun doute à ce que el réalisateur remporte largement son pari.
S'aguichant à quelques jeunes experts en matière de trucages, ils réussissent à créer une oeuvre d'une réalité criante. Les blessures et tortures infligées à la jeune dame semblent (quasiment) réelles et l'ambiance réaliste réussit à parachever la totale illusion; si bien que les forces de l'ordre se sont intéressés de très près aux conditions de tournage et que l'équipe a dû livrer toutes les preuves nécessaires quant à ce que aucune personne n'ait été effectivement maltraitée durant le tournage. La réputation et la gloire étaient instantanément leurs et les contrats tombaient en cascade suite à cet exercice de style réussi.
Maintenant, l'intérêt du film est ... quasi nul ! La trame se limite à 3/4 d'heures de violences et tortures exercées sur une pauvre femme. A commencer par 100 claques (visiblement fausses, à une ou deux près); puis elle est ruée de coups de pieds. Une pince tord à l'extrême limite différents morceaux de peau avant qu'on ne lui fasse faire une centaine de tours sur une chaise tournante, la force à boire une bouteille d'alcool avant de la re-faire tourner jusqu'à la faire vomir. On lui met un casque avec un son aigu pendant une vingtaine d'heures (méthode de torture efficace à en juger d'une méthode similaire utilisé par Jack Bauer dans la saison 4 sur un témoin clé). Un arrachage d'un ongle en gros plan plus tard, on verse de l'huile brûlante sur les bras de la femme avant de lui verser des vers dans les plaies ouvertes. Bref, les bonnes anciennes méthodes utilisées par l'Inquisition ou durant la Révolution Française. Après que la femme ait servie de cible à une bataille d'entrailles , que sa main a été coupée au scalpel, puis broyée à coups de marteau, le point d'orgue constitue une aiguille enfoncée à travers sa tempe jusque dans son oeil...Fin du film.
En gros, ce film est l'aboutissement logique de la palanquée des films d'exploitation déjà extrêmes durant les années '70s, notamment par des séries telles que "Joy of Torture" ou autres "Yakuza Law : Lynch". Vu les succès des tortures en place publique au Moyen Age (et au-delà) et autres pendaisons (jusqu'au XXe), forcément il se trouvera toujours un public friand de ce genre de choses. Fan de gore ou de films d'horreur, ce genre de métrage me laisse totalement froid et indifférent. Soyez juste prévenus de la totale futilité d'un tel produit avant de vous le procurer !!!