Entre drame, comédie et catastrophe, Haeundae peine à se positionner, s'essayant à tout.
Haeundae est un film catasptrophe, et se vend comme tel par une bande annonce emphasant particulièrement la scène choc du film où un homme vient sauver sa petite fille de 3 ans au milieu de la plage pendant qu'une vague immense vient submerger la ville. C'est d'ailleurs probablement la scène la mieux faite du film, tellement on sent l'inutilité du geste du pauvre homme qui n'a aucune chance de semer une vague arrivant à 300 km/h sur lui. Mais finalement, en regardant enfin le film dans son intégralité, on se rend compte que le scénario donne une tout autre vision de l'histoire. Comme beaucoup de films catastrophe, il suit plusieurs groupes de personnes qui ne se rencontreront jamais, ou seulement brièvement. C'est tout d'abord Manshik (Seol Gyeong-gu), un pêcheur pauvre, amoureux de la fille (Ha Ji-won) de son meilleur ami mort en mer quelques années plus tôt (dans une séquence d'ouverture extrèmement chaotique et au montage complètement raté), mais qu'il n'ose vraiment approcher. Celle-ci a un restaurant, menacé de fermeture par un promoteur immobilier qui veut tout acheter pour monter un grand complexe balnéaire digne de la plage la plus célèbre de Corée. Le frère de Manshik (Lee Min-ki) est quant à lui sauveteur en mer et fait la rencontre mouvementée d'une jeune fille qui a failli se noyer. De l'autre coté, Kim Hwi (Park Joong-hoon), un ingénieur à la surveillance sismique annonce le risque d'un tsunami pouvant attaquer les cotes coréennes ; personne ne le prend au sérieux, ni son patron, ni son ex-femme en voyage d'affaire à Busan avec à ses cotés sa fille de 5 ans dont il ignorait l'existence.
On peut vite fait passer sur la pseudo théorie expliquant comment une vague d'une centaine de mètres de haut peut avoir le temps de se former avant d'atteindre la Corée depuis le Japon. Il fallait bien inventer quelque chose pour faire passer la pillule. Et puis plus c'est gros, plus ça passe, c'est bien connu. En attendant, le discours est loin d'être idiot. Haeundae est une grande plage, entre une falaise et une petite péninsule. Du coté de la falaise, rien à dire, c'est même probablement le meilleur endroit pour se planquer en cas de tsunami (ce que personne n'a l'air de faire dans le film, en passant). Du coté péninsule, c'est autre chose. Il faut savoir que ce quartier est peu ou prou au niveau de la mer (enfin moins de 5m), ce qui n'a pas empêcher les entreprises BTP de construire de grandes tours habitables à deux pas de la rive, alors qu'en cas de typhon majeur, toute la péninsule serait sous 5m d'eau, ce qui peut poser problème pour sortir de chez soit, sans parler de l'affaiblissement des structures. Bref, le quartier est en théorie non-constructible (information venant directement d'une architecte de Busan). Alors pourquoi construire ? Simple, les Coréens peuvent avoir la mémoire très courte sur certains sujets, et pensent que comme le dernier typhons majeur a eu lieu il y a plus de 15 ans, il ne peut plus rien arriver maintenant. C'est un peu ce que raconte le film ; l'appât du gain fait oublier au investisseurs coréens combien leur décisions peuvent avoir de graves conséquences, même quand on les prévient avant. Évidemment, le tsunami est d'une probabilité ridicule, mais quand on voit que même la France a sorti un programme d'alerte aux tsunamis en méditerranée, il y a de quoi se poser des questions sur le nombres d'informations qu'on nous cache(1).
Coté dramatique, on ne s'en sort ici pas trop mal. Les histoires sont plutôt classiques mais bien développées, et surtout, innondées de blagues en pagaille. Entre Seol Gyeong-gu bourré ou Lee Min-ki maladroit, on se tape de bonnes barres de rire, et c'est en quelque sorte ce qui vient sauver toute la première heure et demi où il ne se passe finalement pas grand chose. Pendant que Park Joong-hoon fait monter la pression avec ses scénarios catastrophes, nos amis pêcheurs font du yoyo entre le drame, les sentiments et l'humour. Mais tout cela est bien long, et on veut voir des vagues. On attend de voir l'eau exploser les vitres de ces grands immeubles arrogants. Et finalement, après une petite sieste, ce qui devait arriver arriva, et voici la grande scène catastrophe avec son immense vague, mais surtout, l'incrédulité des touristes sur la plage puis leur panique pour se mettre en sécurité ; globablement c'est la partie de la catastrophe qui est la mieux réussie, et scène de panique oblige, on ne peut pas ne pas faire le lien avec The Host, qui nous concoctait une belle scène du genre dès l'ouverture. Pour le coup, The Host s'en sortait mieux dans la bande-annonce, avec un résultat moindre en vrai. Ici, c'est tout le contraire, la bande-annonce ne s'étandait pas trop sur la panique généralisée, mais le film s'emploie finalement bien à montrer les gens passer de l'étonnement, à la panique en passant par l'angoisse. Mais rassurez-vous, les effets spéciaux sont aussi mal fait dans les deux.
Et c'est un peu dommage pour un si gros film. Mais évidemment, quand on paie le cachet de Park Joong-hoon et Seol Gyeong-gu réunis, sans parler des scènes d'hélicoptère, il ne faut pas s'étonner qu'il ne reste que des miettes en post-production pour les effets spéciaux. Finalement, la vague n'a pas l'air très crédible (niveau texture) et les immeubles qui tombent on l'air un peu faux. Et pour finir d'enfoncer ce qui va pas dans le film, on ajoutera que malheureusement, les scènes dramatiques sont vraiment trop dramatique, et j'aime de moins en moins la façon dont Seol Gyeong-gu pleure et crie à l'écran. Enfin, l'orchestre est encore une fois pompeux à l'extrème, ce qui complète le tableau des grands ratés de ce film qui voulait en mettre plein la vue. Au final, le passage vraiment catastrophique du film est l'arrivée de la première vague, qui apporte son compte de torpeur jouissive, mais la suite vascille entre le drame extrème, les pleurs en puissance, le suspense avec des retournements de situation gros comme un gratte-ciel et de l'humour désamorçant complètement le suspense.
Bref, je n'attendais franchement pas grand chose de ce film, je ne dirais pas que j'ai été complètement déçu, et j'avouerai avoir bien rigolé, mais il est vrai qu'il n'apporte pas ce qu'on recherche. Le suspense que l'on voit d'habitude dans les films catastrophes dignes de ce nom est complètement absent, à part dans une scène clé, et on s'ennuie quand même beaucoup en l'attendant pendant une heure et demi.
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(1) À ce propos, dans le film, on nous donne un chiffre (j'ai oublié le nombre exact) sur le nombre de séisme dépassant les 3.5 sur l'échelle de Richter survenant chaque année entre la Corée et le Japon, et je serais curieux de savoir s'il s'agit d'une chiffre officiel, parce qu'en effet, ce serait l'information la plus importante du film.
Impressionnant et décevant.
Donc je viens de regarder le film catastrophe coréen de l'année. Il faut dire en effet que le film met vraiment du temps à démarrer au niveau de la catastrophe qu’on attend tous : une vague de 100 mètres de haut. Une heure d’attente. Je trouve aussi que les histoires sont assez complexes, quelques unes inutiles, trop dramatiques et d’autres superbes (et oui, il y en a pour tous les goûts). Etant un aficionado de la péninsule asiatique, faire une version du Jour d’Après, Nihon Chinbotsu, et d’autres en Corée, tout était présent pour m’attirer. Je l’ai été. Je fus impressionné et déçu. Mais faites-vous votre propre opinion, c’est ma première critique.
Le film d'après
Les asiatiques semblent re-découvrir ce bon vieux film catastrophe américain des années 1970 en démultipliant les exemples du genre après le médiocre "2022 Tsunami" (le producteur et réalisateur a d'ailleurs tenté de mettre fin à ses jours après avoir consacré plusieurs années et – surtout – plus d'une centaine de millions de baths de sa poche pour recouper…moins de 10 millions…) et le prochain chinois "Aftershock" de Feng Xiaogang. Evidemment, le récent (court) revival américain avec les succès (relatifs) de "Poseidon" et surtout "Le jour d'après" et "2012" ne sont pas étrangers à ce phénomène…mais c'est également signe de l'incroyable émergence et vitalité des nombreuses sociétés d'effets spéciaux toujours plus performants, qui rendent possibles ces projets d'envergure…pour concurrencer une nouvelle fois les américains.
Voici donc venir la "déferlante Tsunami coréenne", un énorme blockbuster, curieusement confié au réalisateur de grosses comédies familiales Yun Je-gyun ("My boss, my hero", "Sex is Zero")…et qui ne change finalement pas tellement de registre…Car après un court prologue fort spectaculaire d'un bateau ("La tempête" quelqu'un ?!!) pris en pleine tempête, on va devoir se payer près d'1h30 de COMEDIE limite potache et graveleuse pour toute exposition apparemment obligatoire des personnages pris plus tard dans le fameux tsunami. Eh oui…Ce que vous cache l'habile campagne marketing lancé pour la sortie du film en France (qui va même jusqu'à obnubiler le fait, que ce soit un film ASIATIQUE en réussissant l'exploit- grâce à un découpage vif et enlevé – de quasiment montrer aucun personnage), c'est que al fameuse vague ne déferlera que durant une petite vingtaine de minutes, fort coût des effets spéciaux oblige – et une récurrente jusque dans les films-catastrophes américains finalement. Alors, c'est vrai, ça dépote grave lors de la fameuse arrivée de la vague, surenchérissant toujours plus dans les dégâts et le grand spectacle (mention spéciale pour la scène d'un comique (in?)volontaire du personnage manquant de se faire écrabouiller par la chute d'énormes objets sur le pont) notamment sur un grand écran avec le volume poussé à fond…mais quelle plaie pour y arriver !!! On connaissait le goût inconsidéré des coréens à brasser les genres et notamment la comédie et le mélodrame ("Memories of murder", "The Chaser", …)…mais toujours faut-il que ce soit justifié quelque part. Là, on se paye franchement plus d'une dizaine de personnages assez insipides, dont l'humour tombe souvent à plat…et puis SURTOUT, les américains ont compris depuis le temps, qu'il fallait des personnages FORTS, auxquels s'identifier et pour lesquels TREMBLER pour rendre leur dénouement d'autant plus palpitant, quand on craint pour la survie de ses personnages…Or, là, aucun personnage (ou presque) ne pourrait trouver grâce aux yeux des spectateurs…Au contraire…Imaginez, que la "7e Compagnie" se retrouvait dans un film catastrophe…au mieux, on rigolera de leurs morts, au pire on la SOUHAITERA, tant ils vous auront horripilé.
Ben, voilà…Autant, le mélange des genres n'était pas évident dans le film d'horreur du sanglier géant, "Chaw", mais pouvait encore se justifier, autant ici, il ne marche pas du tout. Comme si le réalisateur avait manqué de confiance en lui et avait tenté de réaliser sa sempiternelle comédie au cas où les effets spéciaux auraient été totalement ratés…A moins, que ce soit les producteurs, qui – devant la platitude de la comédie – aient décidé d'un revirement complet en rajoutant les scènes de la catastrophe à la dernière minute en toute fin du film. Bref, une vaste blague…éculée.