Semelles de plomb
Série à la réputation culte exagérée? Après un premier volet sans rythme ni sens du délire et un second volet qui perdait une partie de sa force jouissive à sa découverte sans les usuels massacres des doublages seventies, ce troisième volet des aventures du détective bien membré a tendance à le confirmer. Car si Inoue Yoshio n'offre pas une mise en scène plus paresseuse que celle déjà médiocre de Misumi et Masumura il ne fait que maintenir la série à bas niveau cinématographique. Et si l'on excepte une piste des armes à feu vite abandonnée par le scénario tout n'est ici que quasi-reprise des pitchs et des ressorts narratifs des précédents volets. Comme si Masumura passé scénariste se révélait incapable de savoir quoi raconter de neuf à partir d'un point de départ au fort potentiel jouissif. Ni même de tenter d'étoffer un peu un personnage posé par le premier volet et pas développé ensuite. Et contrairement au second volet, ce troisième n'offre même pas son quota de scènes délirantes, donnant l'impression d'assister à un jidaigeki ordinaire. La direction d'acteurs oscille elle entre le terne et le cabotin tandis que le score retrouve heureusement le bon niveau du premier volet. Pour une saga s'achevant sans avoir acquis un quelconque intérêt cinématographique.
Bouffon mais lucide
Plutôt que l'image d'un nanar répétitif, vaguement érotique et potache collant à la peau de ce 3ème épisode des aventures de Hanzo, je préfère retenir de ce film d'autres aspects plus positifs : derrière son côté volontairement bouffon (et somme toute franchement hilarant), un portrait sévère et assez rare d'une ère Meiji finissante, gangrenée par la corruption, d'une hiérarchie sociale archaïque qui étouffe toute innovation technologique et tout esprit scientifique digne de ce nom - fourmillière dans laquelle l'Occident va donner un grand coup de pied pour le meilleur comme pour le pire -, mais aussi une source d'inspiration évidente à un certain Takeshi Kitano qui parviendra plus tard à osciller avec génie entre tragique et comique à l'image de Shintaro Katsu.
La débandade.
Le nanar n'est toujours pas là mais le navet presque entièrement cette fois-ci. Tout dans ce troisième volet sent la surexploitation commerciale, le précipité, le non habité, le vite pondu, en clair le foutage de g.... Tout le charme du deuxième volet en particulier s'en va à vitesse grand V au fil d'une histoire insipide qui a tout contre elle. Nous retrouvons pour commencer énormément de scènes similaires aux opus précédents et plus rien ne les tient debout. Les acteurs déjà cabotins précédemment le sont bien plus ici, jusqu'à dépasser aisément la limite du supportable (mention pour le Nishimura Ko et le duo qui accompagne Hanzo appréciables dans "The Snare" et tout à fait irritants dans cet opus). Shintaro Katsu n'est plus du tout dedans, se détache énormément de l'entreprise et semble même avoir du mal à ne pas se retenir d'éclater de rire lorsqu'il est face aux trois cabotins cités plus haut. Pour compléter cette chute libre vertigineuse, la mise en scène va du paresseux au ridicule avec quelques tentatives de plans serrés navrants, presque nanars. Ajoutons des combats peu nombreux très mal gérés et sans aucune originalité. Notons en particulier à 1.03.13 le coup d'épée complètement foireux de Shintaro que le réalisateur Inoue ne daigne même pas refaire, sans doute parce qu'il se trouve à la toute fin d'un long plan séquence de combat qui manifestement manque clairement de soin à tous les niveaux. Notons aussi les cuts maladroits du combat final digne du pire des kung fus de troisième zone. Soustrayons à tout cela la moindre déviance érotique probante remplacée par de longues plages de dialogues bouche trou qui font en fait le principal du film, pour obtenir un dernier volet piteux, véritable chute libre qualitative. Restent les beaux décors, quelques plans fugaces plus habités et une minuscule pincée de scènes qui s'en sort, la scène de sexe sur fond de koto, c'est à peu prêt la seule.
Au final, ce troisième volet se repose paresseusement sur ses acquis et accumule sans ambage les mauvais points. Plus rien ne mène à l'impact nécessaire à ce genre de cavalcade légère en scénario. Inoue se perd un peu plus à chaque minute dans les méandres de la surexploitation commerciale et l'interview de son asssitant réalisateur confirme que l'ambiance sur le tournage n'était pas au beau fixe. Inoue en bon Yes-man cageolant la star Katsu et se prenant le bec avec ses assistants par manque de poigne et d'une ligne directrice tranchée ne faisait clairement pas l'unanimité sur le plateau à l'inverse de Misumi ou de Masumura, les réalisateurs des deux premiers volets De plus, toutes les scènes fortes que constituent l'entraînement de Hanzo, la "défonce" suspendue, l'invitation à l'Hara Kiri, l'infiltration chez un notable corrompu, ne sont que copier coller sans âme des volets précédents. Le notable en question ainsi que le joueur de koto aveugle bélliqueux n'ont pour couronner le tout aucune consistance, comme tout le reste d'ailleurs. Bref, une sacrée dégringolade.
Arf... J'oublais la BO sans identité, repompant même Jumping Jack Flash des Stones (aïe, aïe, aïe), placée n'importe comment et terriblement mal mixée de surcroît. Bref, surexploitation à tous les étages.
dernier opus
Il est vrai que cette série au large potentiel n'aura atteint des sommets, mais quel régal que ce personnage subversif, à la fois complexe et naif, et puis le coté chambara reste efficace.
Tout ce qui brille ne vaut pas forcément de l'or
Ultime volet des aventures de Hanzo; série qui n'aura jamais su convaincre, ni trouver son public, malgré un point de départ délirant prometteur.
La faute à un manque cruel de renouvellement d'idées; les intrigues se ressemblent et la trame et les scènes d'exposition sont toutes reprises à l'identique d'un épisode à l'autre sans rien apporter de neuf au personnage. L'un des secrets de la longévité d'une série comme Zatoichi était de développer durablement les principaux caractéristiques du personnage principal, voire de dévoiler par petites touches son passé mystérieux. Rien de tel dans cette série finalement fort mal inspirée, malgré son point de départ forcément original.
A la réalisation, un réalisateur peu connu. S'il ne démérite pas après les deux premières réalisations assurées par les vétérans confirmés Kenji Misumi et Yasuzo Masumura, il manque tout autant d'inspiration pour relever le niveau. Ce manque flagrant de toute initiative suppose une forte implication de l'acteur Shintaro Katsuo, régnant certainement en maître sur les différents tournages de la série, uniquement mise en chantier pour asseoir son statut de super-star.
L'intrigue ressemble en tous points aux deux précédents et si un arrière-plan économique et politique est esquissé, jamais le réalisateur ou les scénaristes semblent vouloir tirer parti de son potentiel. Intéressante idée, que d'introduire la notion des armes à feu, dont Hanzo se sert pour exterminer les méchants, avant de détruire cette arme déloyale face aux traditionnels combats de sabre et d'hommes face à face.
Un ultime volet ne rendant toujours pas justice au possible potentiel délirant et désavouant une fois pour toutes le statut de culte entourant l'invisibilité de l’œuvre dans son intégralité.