Dirty Set Money
MEYATHAISONG Thiwa n'est pas un bon réalisateur, mais c'est un incroyable esthète et ses films ont au moins pour mérite de divertir l'œil, à défaut de révolutionner les esprits. "Ghost Delivery" était – avec le recul – une joyeuse parodie du film de fantômes avec quelques scènes d'action correctement torchées, mais également très ratée. "The Sisters" n'était qu'une pâle copie des nombreux "Ring"-alike, mais jouissait d'un superbe rendu des couleurs et quelques (dé_)cadrages parfaitement maîtrisés. "Happy Inn" est dans la parfaite lignée des précédentes réalisations du jeune (né en 1976) homme avec son lot de scènes réussies dans un ensemble plutôt faiblard. En même temps, il reste tout de même largement supérieur à la plupart des films de même style à se tourner à la chaîne au pays du sourire.
Dès les premières images, on ne peut être que surpris par la magnificence des images aux couleurs superbement (re)travaillées. Un film hype, un film pop, aux mouvements de camera parfaitement vains en termes de grammaire cinématographique, mais qui insuffle une dynamique – qui sera d'ailleurs nécessaire pour pallier aux carences scénaristiques et rythmiques. Un jeune homme au look branché atterrit dans une étrange demeure et est accueilli par un mystérieux tenancier souffrant de trisomie 21 (le populaire comédien Meungjarern Sayan, qui a fait de son syndrome de Down un véritable atout comique…du moins pour les thaïs et qui apparaît dans des nombreuses émissions TV et a joué dans des comédies récentes comme "Headless Hero 2" ou "Ghost Variety) et qui cherche son chat, affublé d'un faux museau noir. Le ton est donné et ne cessera plus avec l'introduction des autres personnages venus pour passer la nuit à l'auberge pour d'obscures raisons et parmi lesquels on retrouve l'acteur SAKDIKUL Somlek, qui doit sans aucun doute tenir le record du plus grand nombre de comédies enchaînés en un minimum de temps, vu la quantité d'affiches qu'il a tenues ces dernières années.
On pense à des comédies telle que "Killer Tattoo" pour la galerie des personnages truculents ou – plus proche de nous – au français "Serial Lover" de James Huth pour le ton de la comédie macabre noire qu'emprunte le film dans sa seconde partie, durant laquelle tout le monde (ou presque) se met à mourir par un étrange concours de circonstance.
Dommage seulement, qu'il y a des sacrés passages à vide avant un dénouement totalement tiré par les cheveux, mais assez efficace. Comme il est de coutume dans la plupart des comédies thaïes de ces dernières années, Thiwa ne semble avoir l'idée que des lignes conductrices du scénario, puis a compté sur le talent "inné" de son casting en grande majorité constitué de comédiens populaires venus de la télé pour improviser des scènes plus ou moins drôles; sauf que la sauce ne prend que dans des rares occasions, que l'humour est basé sur des nombreux jeux de mots intraduisibles et que la plupart des gags visuels ciblent sous la ceinture.
Il faudra donc attendre le dernier quart d'heure pour que la dynamique se remette en route avec l'explication des étranges événements et des effets gores drolatiques de meilleur goût.
Une toute petite curiosité, qui ressemble un peu à ses bonbons distribués parfois dans des restaurants chinois ou indiens, qui attirent l'œil par la couleur criarde de leur emballage synthétique, mais qui n'ont absolument aucune couleur et plus aucun goût une fois déballés.