Assez dispensable
Le problème avec les films à sketches, c'est qu'il y'a toujours un risque que la qualité de l'ensemble soit quelque peu bancale(surtout quand c'est des réalisateurs différents à chaque fois) et avec Heroes In Love, c'est quasi les montagnes russes.
Ca commence déjà très mal avec Kidnap, où le format court(à peine 20min) convient assez peu, on a vraiment l'impression que l'histoire est expédié(en fait, on a même pas le temps de s'attacher aux personnages que c'est déjà fini). Mais ce qui agaçe fort, c'est la réalisation qui donne un mal de tête pas croyable à cause d'un montage où les coupes sont quasi tout le temps abruptes et saccadées, sans compter les trois-quarts des plans qui sont de travers et une alternance entre pellicule couleur et noir et blanc. Le seul point positif serait la musique qui fait penser aux morceaux ambient d'Autechre.
On attaque le gros morceau "commercial" du film avec My Beloved, car co-réalisé par les deux djeunz de service: Nicolas Tse et Stephen Fung. Cette partie du film ressemble vraiment à un "premier jet" car les deux compères semblent avoir écrit et réalisé ce film sur un coup de tête tant l'idée principale est au bout du compte quelque peu inaboutie et bâclée dans sa forme définitive. Nicolas et Stephen ont essayé d'injecter un maximum d'idées farfelues avec un certain sens du second degré mais ce trop-plein nuit à la cohérence générale. La réalisation est d'ailleurs assez symptômatique de cet état de fait car on a droit à un étalage ininterrompu d'effets de style sans véritable liant, ce qui est signe d'une certaine immaturité cinématographique.
A ce moment, je dois bien avouer que je commençais franchement à en avoir plein le cul d'Heroes In Love et c'est avec un certain déplaisir que j'entamais le second CD mais arrive enfin un petit miracle avec Oh G!. Un fait révélateur: on peut enfin voir des plans qui durent plus d'une minute et dieu sait si ça fait un bien fou après toute l'esbrouffe visuelle des deux sketches précédents. Au niveau de l'histoire aussi, ce court-métrage fait preuve d'une certaine humilité vu qu'il ne fait que rendre compte d'une amourette adolescente toute simple sans grands bouleversements, une histoire somme toute ordinaire et commune mais qui révèle Charlène Choi(faisant partie du groupe "Twins", hyper à la mode à HK), quelque peu sosie de Charlie Young en plus jeune, qui perfectionnera encore plus son jeu par après pour Funeral March. Comme vous l'aurez compris, Oh G! est la meilleure partie de ce film et il ne serait pas étonnant de retrouver Gc Goo-Bi dans de futures réalisations.
Mais c'était trop beau pour être vrai, et arrive TBC, un montage d'à peu près 5 minutes des trois sketches précédents avec un monologue sur l'amour et autres conneries nombrilistes: rien de tel pour démolir l'impression finale sur un film. De fait, on se retrouve avec un seul sketche valable sur quatre ce qui est assez peu et justifie sa note défintive pour l'ensemble.
Original mais manque de fond
Chacun trouvera certainement quelques bonnes idées parmi les trois court-moyen métrages proposés. Le problème commun au trois c'est que ces idées sont noyées dans une masse qui globalement n'est pas assez travaillée.
Le premier est le plus court de la série, le plus hermétique certainement aussi. La réalisation a des prétentions artistiques, mais ce qui dans un film aurait pu donner une pâte, ici en vingt minutes donne surtout une impression de brouillon. Les ellipses sur l'histoires de ces deux personnages, rendues obligatoire vu la durée, constituent certainement l'intérêt principal de ce film, plus ambitieux que les suivants mais trop confus pour être marquant.
Le deuxième épisode donne l'occasion à Nicholas Tse et Stephen Fung de nous livrer un petit assez sympathique avec son humour au second degré. Celui-là par contre n'aurait certainement pas gagné à être plus long vu les répétitions qu'il contient déjà. Les gros plans sont assez bien maîtrisés et intégrés à l'ensemble et si la réalisation est moins ambitieuse que le film précedent, elle est un peu plus efficace et suffit à soutenir une histoire pauvre par elle-même.
Le troisième volet qui est aussi le plus long se rapproche dans le traitement du sujet plus du long métrage à la différence des deux précédents. Une histoire d'amour simple entre deux jeunes, basée surtout sur l'idée de la communication et du partage, bien interprétée et qui finalement permet un atterissage en douceur arès les deux épisodes précedents. Même si cet épisode est le moins savoureux par la quasi-absence d'idée originale (exception faite de la scène en point de vue objectal depuis le micro-onde), il est aussi le plus constant et tient mieux sa longueur relative que les deux autres.
Quant au commentaire off de la fin qui nous réinterprète les trois films, il constitue un lien trop artificiel pour englober ces trois films hétérogènes dans un tout. L'impression finalement est à l'image de ces films, il y a du bon et du moins bon mais il faut au moins reconnaître à l'ensemble une certaine originalité dans sa forme même qui préserve de l'ennui. Si l'on ajoute les quelques passages intéressants, chacun peut se trouver une bonne raison de voir Heroes in Love.