Intéressant.
Même si il ne relève pas de son style de prédilection, cet avant dernier film de Mizoguchi aux accents guerriers, et son second film en couleur seulement, est une bonne surprise. Il s'agit d'un récit historique au coeur du pouvoir féodal japonais en fin de période, très costaud, aux multiples tenants et aboutissants politiques, savamment condensé avec une maîtrise du plan et de sa trame toujours vivace qui forcent d'emblée le respect pour ce maître. Un film à découvrir qui traite des affres de la guerre et du pouvoir en se focalisant exclusivement sur ce second point, principalement les rapports entre une famille / clan de guerriers respectée du peuple, en particulier un fils aux origines incertaines en proie au doute, et le pouvoir alternatif plus ou moins dilué et empâté qui étend le chaos social. Les seuls instants de conflits filmés étant les discordances entre les différentes factions en jeu qui s'orientent vers les petites querelles désorganisées chères aux vieux films japonais historiques. Mention pour les personnages principaux tout en nuances et très bien développés comme le veut la patte du maître. Le coeur du film est d'ailleurs en parfaite adéquation avec le titre français. Certe un peu trop mélodramatique et moins habité que ses grandes oeuvres mais intéressant dans la carrière du réalisateur.
Belle forme mais trop bavard
Il est évident que
Le Héros Sacrilège est une oeuvre d'une grande beauté visuelle. Mizoguchi y soigne ses couleurs et leur utilisation par l'intermédiaire d'une panoplie de costumes impériaux ou religieux de toute beauté, même la simple louche en bois marron attire le regard, c'est ce qui fait justement la force des plus grands. En revanche, même si le scénario s'avère fouillé et traite plusieurs thèmes à la fois comme la rébellion ou la recherche d'identité, il s'avère bien trop bavard pour être un Mizoguchi véritablement majeur. Il l'est sûrement d'un point de vue historique, et même d'un point de vue de ses moyens colossaux (parfois des dizaines et des dizaines de figurants dans un même plan), mais fondamentalement il ne soutient pas la comparaison avec ses autres films des fiveties et ce malgré l'assurance d'un Ichikawa Raizo en grande forme. Mizoguchi est un cinéaste de femmes et si
Le Héros Sacrilège fait preuve d'une belle densité épique (bien que l'on compte une voir deux confrontations au sabre -et de mêlée), il délaisse la psychologie de ses actrices pour se centrer sur l'homme, le samouraï.
Si l'intention du cinéma Reflet de Medicis est louable dans sa démarche de faire découvrir au public l'oeuvre d'un cinéaste populaire sur le sol français (encore bien plus que Kurosawa Akira à l'époque), il est anormal de proposer des copies sur support numérique, annihilant le travail artistique du chef opérateur en ce qui concerne la palette colorimétrique. En résulte alors un lissage effroyable, un voile bleu omniprésent et des couleurs vacillantes. Le cinéaste méritait peut-être autre chose que cela.
Fils à papas
''Le Héros Sacrilège" est une ambitieuse fresque historique loin des oeuvres bien plus intimistes de son réalisateur.
S'attachant également à brosser le portrait d'un home, plutôt que celui - habituelle - des femmes, Mizoguchi ne perd pas de vue pour autant ses principales autres thématiques explorées, telle que la dénonciation de la recherche de pouvoir, opprimant les hommes à manipuler et de se battre. Etres au final très faibles, seules les quelques femmes présentes au cours de ce film font preuve d'une certaine force. La première apparition féminine réprimande d'ailleurs son mari de ne pas être suffisamment à la maison, là où est sa réelle place.
Les succès des films de Kurosawa ne sont certainement pas étrangers aux moyens déployés pour le compte du film : le nombre de figurants est impressionnant et les décors riches et variés. Mizoguchi fait preuve d'une rare maîtrise dans le déplacement des foules, mais est bien moins à l'aise dans les quelques rares combats, qu'il préfère filmer de loin pour masquer les imperfections de la chorégraphie et son manque de savoir-faire quant à une mise en scène adaptée. Son second film en couleurs ne révèle pas une grande recherche visuelle et les maquillages des acteurs ressortent même à outrance dans la fameuse ''Daiei-Color'' d'un jaune délavé.
Intéressante re-direction dans la carrière de Mizoguchi, ce film ne convainc qu'à moitié par un scénario par trop mélodramatique et inférieur aux plus grands films du réalisateur; en revanche, il donne un aperçu des expérimentations d'un réalisateur qui lui auraient certainement permis de s'affiner par la suite, si une leucémie ne l'avait pas emporté de ce monde bien trop tôt...
Un film épique ambitieux, mais hélas légèrement négligé.
Mon premier MIZOGUCHI, ça se fête ! :)
Même si j'ai plutôt bien aimé ce film, je vous confie ma petite déception sur ce réalisateur que l'on m'avait dit si talentueux. Si l'histoire de ce "Héros Sacrilège" est assez plaisante, je suis quand même resté sur ma faim, avec une impression de simple ébauche. Mais quels sont ces ingrédients qui manquent donc terriblement selon moi ? Tout d'abord des acteurs charismatiques bien sûr ! Le casting du film est correct mais il manque de l'intensité dans les interprétations, les personnages et leurs liens ne sont d'ailleurs que maladroitement mis en valeur (la relation du fils avec sa mère, son "père" et les autres ne sont pas assez exploitées alors qu'elles sont en plein centre du scénario). Le mauvais emploi de l'époque, où les samourais ne sont alors que de piètres serviteurs de rang inférieur, est aussi un des mauvais points du film. MIZOGUCHI Kenji aurait du profiter davantage de cette ère pré-samourai assez rarement scénarisée dans le cinéma japonais, pour donner ainsi une propre et forte ambiance à son film.
Voilà, hormis ces petites remarques négatives, ce fut un plaisir de regarder "Le Héros Sacrilège", mélangeant très bien le drame familial à la fresque historique. Un bon petit film sans surprises mais sympa du début à la fin.
Pas mal
un Mizoguchi en couleur. J'avoue que c'est pas ce que je prefere dans Mizoguchi. Ses histoires de femmes sont plus personnelles.
Pas mal quand meme.
Mizoguchi épique!
"Shin Heike Monogatari", en tant qu'avant dernier film de Mizo (non on va plutôt garder Mizoguchi!), fait déjà figure non pas de testament, mais de cérémonie funèbre: jamais un film du maître n'aura été si dense, varié (pas à cause des couleurs...), et surtout ouvert; son fatalisme régulier et ses histoires de femmes plus complexes qu'elles ne paraissent sont vite mis de côté, Mizoguchi s'attarde sur autre chose: la fin d'une ère.
Mettant à nouveau en scène un pouvoir politique dépassé, le manque de communication entre les hommes, et quelques autres de ses thèmes récurrents, le cinéaste se montre donc logiquement plus optimiste; l'amour y est plus heureux, les relations plus épurées, et plus pures. Cela à cause de la nature et du traitement plus abordables dira t-on, à l'image du héros, magnifique, moins que certaines héroïnes de ses autres films mais toujours grand; mais le film est foisonnant, et non dénué d'une profondeur originale; les dialogues sont excellents, les acteurs de l'histoire très bien dessinés, et la structure narrative nécessite pas mal de relectures...
En conclusion, souffrant à peine d'un trop-plein d'histoires à raconter (on aborde plein de sujets différents, etc), ce qui pour sûr témoigne plus d'une intelligence passionnée qu'autre chose, l'avant dernier film de Mizoguchi est pour moi un chef d'oeuvre du cinéma japonais de la "nouvelle vague".