A l’instar du très bon Samouraï du crépuscule, La Servante et le samouraï rappelle combien Yamada Yoji, résurrecteur d’un certain cinéma japonais classique, sait manier avec aisance l’art de la citation tout en discrétion. En ayant été proche des japonais pendant près de trente ans avec la saga Tora-san et divers films tournant autour de la famille, sa belle incursion dans le jidaigeki se poursuit avec ce film-ci. Le film ne réinvente rien, pas même le genre, mais réussit à être touchant grâce au portrait du samouraï pacifiste Katagiri qui dit n’avoir jamais dégainé son sabre si ce n’est pour en prendre soin. Selon lui, le samouraï est effrayé à l’idée de tuer, une philosophie contrastant drôlement avec l’image du sabreur sans pitié et déifié que l’on peut se faire. Yamada nous avait habitués à ce genre de personnage humaniste et pacifiste, il perpétuera également cette image de sagesse avec Love and Honor et son samouraï introverti, dépressif.
La Servante et le samouraï ne révolutionne certes pas le jidaigeki, mais s’avère bien plus intéressant que les ¾ des romances en costume issues de la récente production nippone, et ce pour plusieurs raisons. On trouve déjà comme arguments un vrai sens du cadre, Yamada Yoji réussissant à rattraper ses extérieurs ternes par des intérieurs parfaitement éclairés. L’interprétation est également solide même si le personnage de Kie, joué par Matsu Takako, manque de complexité et d’épaisseur. Celle-ci a été bien plus convaincante chez Iwai. L’écriture n’évite pas certaines longueurs (les dernières scènes entre Katagiri et Kie en plein milieu) mais évoque avec justesse l’amour impossible entre des personnes issues de rangs différents, tout en plaçant des interrogations sur les valeurs prônées par les hauts-placés du clan : l’intendant Hori est ici l’opposé absolu de Katagiri car il n’hésite pas à profiter de la faiblesse des gens dans la détresse, comme la femme du samouraï à exécuter. Enfin, les rares duels au sabre font preuves grandes qualités de montage et de mise en scène, avec un sens de la durée remarquable. A ce stade, l’assassinat de l’intendant Hori en fin de métrage stupéfie par sa légèreté, son silence et sa rapidité d’exécution. Yamada Yoji offrira également de beaux moments de combat dans Love and Honor. Malgré tout, la romance dépeinte ici manque de complexité et finit par ennuyer, Yamada Yoji maîtrisant bien mieux son sujet lorsque la tension est palpable, lorsque le questionnement des êtres prend le dessus sur une romance de campagne très classique. C’est dans sa verve la plus sombre que La Servante et le samouraï convainc.
2 ans après Twilight samourai, Yamada Yoji brosse un nouveau portrait de l’ère des samouraïs, une ère qui touche à sa fin avec l’entrée des occidentaux et de leurs armes. Derrière un académisme de façade, il brise pourtant quelques tabous, comme celui d’un amour interdit entre un samouraï et sa servante, 2 rangs différents qui ne peuvent en temps normal se fréquenter, tout en perpétuant des valeurs qui lui semblent incontournables pour un samouraï : respect, honneur, justice, y compris face au régime en place. A ce titre, la mise à mort finale marque franchement les esprits, à la fois discrète et hyper-efficace. Un film historiquement intéressant et agréable à regarder, même si un peu long.
La fin des samouraïs en proche... mise en scène par le grand YAMADA Yoji, qui signe avec "Le Samouraï du Crépuscule" en 2002 puis après avec "Love and Honor" en 2006, un vrai petit cycle à lui.
La photographie est magnifique, le reste est magique... on se laisse entrainer sans aucune difficulté dans le conte, et on s'en régale !
Filmé de manière classique et bénéficiant d'une superbe photographie, ce film s'attache à la vie quotidienne des samurai au moment même où leur déclin s'amorce.
Si la critique du système féodal est moins marquée que dans un Rebellion, elle n'en est pas moins réelle et le héros comprendra petit à petit que les idéaux de sa classe n'existent plus.
Au delà de la description d'un système social en très dur reflété par le destin poignant de la femme du compagnon de sabre du héros, le film repose sur une superbe histoire d'amour traitée à la japonaise, où se conjugent pudeur, discrétion et force émotionnelle. Un grand film à la fois calme et émouvant.
Une histoire classique mais universelle, filmée de manière académique mais irréprochable. Un film dans la veine du Chant de la fidèle Chunhyang, les interludes musicaux en moins. Dommage que la distribution d'un film soit souvent inversement proportionnelle à sa qualité. Si ce film passe dans une salle près de chez vous ne le ratez pas!
Enfin un film de plus de deux heures où je n'ai pas eu l'impression qu'une demi heure étais de trop. Au début, le film part gentillement, avec même quelques scène très amusante. Puis, petit à petit l'ambiance deviens plus sombre. Entre sens du devoir et de l'honneur, mélangé à un peu d'amour, tous simplement excellent.
Nouvelle incursion de Yoji YAMADA dans le film de sabre après TWILIGHT SAMURAI en 2002. Parfait artisan du grand écran, YAMADA est le réalisateur attitré de l’interminable série TORA SAN et de celle des A CLASS TO REMEMBER. Autant dire qu’il a eu peu de temps pour développer un univers plus personnel.
Ce Jidaigeki conte donc la destinée du samouraï Katagiri, témoin actif d’un changement de société en cette fin de XIX° siècle, et aux prises avec une autorité corrompue. Il devra faire des choix autant professionnels que personnels pour accéder à la sérénité recherchée. Drame historique intimiste, ce film laisse de côté les grandes batailles pour se focaliser sur la psychologie et les sentiments des personnages. Les quelques scènes d’initiation des guerriers nippons aux techniques de guerre modernes étant alors prétexte à un humour bon enfant, toile de fond pour mieux situer les enjeux de l’intrigue. La reconstitution est superbe : les décors naturels, les costumes ou la photographie sont particulièrement soignés. Les sons directement issus de la nature environnante renforcent cette impression de véracité, la musique étant un score assez classique et très mélodique.
YAMADA place toujours la caméra pour suivre au mieux l’action, dans un souci de limpidité évident, loin de tout chichi artistique superflu. La beauté du classicisme, c’est son credo, et son savoir-faire n’est plus à démontrer. Il prend certes le temps d’installer l’histoire, de cerner ses héros, mais sa réalisation parfois contemplative ne souffre d’aucune longueur, tout parait fluide. Quant aux scènes d’action, peu nombreuses, elles sont exécutées avec une belle efficacité, comme ce combat final court mais intense entre Katagiri et son ami, devenu figure quasi-spectrale impressionnante.
Ce soin poussé de l’esthétisme se conjugue avec une intrigue toujours intéressante : derrière la façade d’autoritarisme se cache une classe dirigeante décadente et axée sur les profits et plaisirs immédiats, loin de l’esprit chevaleresque du Bushidô. Seul Katagiri garde encore un peu de cette noblesse éphémère du cœur et de l’esprit. Son histoire d’amour impossible avec la servante Kie est traitée avec un maximum de pudeur en renforçant la puissance émotionnelle, pendant que gravite autour une galerie de personnages forts ou attachants. Il faut dire que la distribution est remarquable : on ne dira jamais assez combien Masatoshi NAGASE est un superbe comédien, pouvant se glisser dans n’importe quel rôle, du détective privé Mike Hama au tueur à gage de LOVED GUN, il est ici un combattant qui doute de ses choix très crédible. Face à lui, la magnifique Takako MATSU, désormais plus actrice que chanteuse, révèle une autre facette de son talent après un APRIL STORY qu’elle illuminait de sa grâce. Le vétéran Ken OGATA (MISHIMA, PILLOW BOOK) reste toujours aussi charismatique et superbe d’élégance dans le rôle d’un homme de pouvoir corrompu. Leur jeu est sobre, exactement dans la ligne d’un film discret mais terriblement séduisant, œuvre intemporelle privilégiant la lisibilité aux effets de style. Un antidote certain aux KITAMURA de tous bords (voir le très creux AZUMI), sorte de rempart contre le second degré si facile à imposer aujourd’hui : quand on aura vu l’insupportable SAMOURAI FICTION, on comprendra mieux le fossé entre un mauvais concept filmé comme un clip et un vrai scénario travaillé porté par un cinéaste inspiré et respectueux de son sujet. Yoji YAMADA, c’est un peu ça, le travail contre l’esbroufe et l’agitation stérile. Et lorsque le résultat donne cette SERVANTE ET LE SAMOURAI, notre choix est vite fait.
L'histoire tourne autour de l'époque maudite de la fin des samourais, où ces derniers commencent à apprendre malgré eux le maniement des fusils.
NAGASE Masatoshi est un samourai d'un clan éloigné de la capitale, il lui est demandé d'affronter son frère d'arme accusé de traitrise et supposé le meilleur sabreur du clan.Toutefois,seul NAGASE Masatosh connait la technique secrete de leur maître, la "hidden blade".
Le rythme tres lent du film pourra en décevoir certains, tout est classic dans ce scénario, même l'histoire d'amour rendue impossible par la barrière de la caste.