Esprit d'amour
A l'origine un "véhicule star" pour la chanteuse pop vedette de l'époque, Ryoko Hirosue (l'insupportable "fille à papa" à Jean Reno dans la production Bessonnienne "Wasabi") sorti quasiment en même temps que son mega-succès asiatique, "Poppoya – Railraod Man", "Himitsu" s'avère finalement une excellente surprise. Le principal mérite revient à l'excellent roman d'origine signé Keigo Higashino, qui ne s'embarrasse ni d'explications inutiles quant au phénomène quasi surnaturel de la possession du corps de la fille par l'esprit de sa mère, ni n'exploite les scènes inhérentes au genre depuis l'ultra éprouvé "Big" de Penny Marshall (avec un jeune premier du nom de…Tom Hanks). Certes, il y a quelques scènes assez typiques, dont notamment le premier jour du retour à l'école d'une mère quelque peu dépassée; mais là encore, le réalisateur mise davantage sur un humour discret et finaud, plutôt que de viser les rires bien gras.
"Himitsu" devient ainsi une très, très belle histoire d'amour désormais impossible entre deux adultes. Une relation contrainte par l'impossibilité de mener une vie normale, jouant au couple à la maison et se faisant passer pour père-fille pour le monde extérieur. Une relation fragilisée par l'absence de sexe, un sujet délicat abordé de front (dès la 35e minute) et qui interroge de manière très intelligente la capacité d'un être humain à poursuivre un amour platonique. Les quelques timides tentatives de rapprochement rendent parfaitement l'hésitation d'un père au bord d'un inceste – qui ne serait finalement pas un…
Au-delà de son postulat fantastique, le film aborde bon nombre de thèmes indirects. Comment mener une vie de famille normale à la disparition d'un être cher? Que ce soit en l'absence de la fille (mais encore "physiquement" présent dans la mémoire du père) ou le souvenir de la mère (de tous les plans durant le "retour" de la mère), jamais aucune situation n'est réellement satisfaisante pour le père. D'où cette fin totalement géniale – et nécessaire.
Est également abordé le thème des "apparences trompeuses": alors que la raison de l'accident semble acquise dès la présentation de la spectaculaire séquence d'ouverture, la suite du film "interroge" les causes de l'accident et donnent une explication inédite et qui remet pas mal de choses en cause. Le "pardon publique" du fils remet directement en cause la rigidité de la société nipponne (il est obligé d'endosser toute la responsabilité de l'accident, alors qu'il n'aura rien demandé à personne et n'y peut absolument rien).
Mais au-delà, le film aborde également la "re-naissance" d'une femme jusque-là entièrement au service de son mari. En ayant la chance de re-vivre sa vie (avec l'expérience acquise), elle prend rapidement goût à expérimenter des choses inédites et dont elles s'était privée jusque-là. Elle reprend des études, fait du voile et néglige les tâches ménagères (elle n'est plus là pour faire la popotte du mari à son retour le soir; elle néglige le jardin). Là encore, la fin en est incroyablement représentative – et sans aucun doute beaucoup plus significative au sein de la société nipponne, que son remake américain, signé en 2007 par…Vincent Perrez!!!
Superbe !
Ce film a su éviter le piège de la surdramatisation qu'aurait pu entraîner ce genre d'histoire. Bien qu'abordant des thèmes sérieux, l'ambiance reste assez léger et des touches subtiles d'humour agrémente cette histoire de cohabitation (impossible?) entre un père/mari et sa femme/fille; ce qui donne un rythme au récit.
Il est seulement dommage que dès le début du métrage (lorsque le père va à la bibliothèque pour consulter un ouvrage su le phénomène de possession de corps), une voie est ouverte pour une issue possible, ce qui enlève un peu - pour le spectateur - la tension qu'engendre cette situation (bien que cette 'découverte' soit utile au déroulement de l'histoire). De la même manière, la fin film - bien que très belle - aurait pu être traîté avec plus de finesse (quelques plans bien senti aurait pu remplacer les répliques).
Mais ces quelques petits détails ne gâchent en rien la superbe histoire, ajouté à cela une interprétation sans faille des acteurs principaux. Ce film est fortement recommadé !
ps : ce film me fait un peu penser à "Be with you" - avec un discours sur la condition de la femme japonaise beaucoup plus moderne et subtil, en plus.
Un joli secret
HIMITSU ou "The secret", n'est pas un chef-d'oueuvre ni même un "grand film",mais c'est une histoire vraiment agéable à suivre.
Sorte de comédie romantique ou de mélo fantastique pas trop lacrimal, il utilise un thème déjà vu en l'adaptant de façon originale.
En bref,une mère et sa fille ont un grave accident en autobus ,la mère meurt et la fille reste en vie...mais l'esprit de la fille s'est envolé et celui de la mère,toujours là,prend possession du jeune corps!De là va s'ensuivre une suite de péripéties avec ce couple formé par un père-mari vivant avec sa fille qui est son épouse,celle-ci aspirant à vivre sa nouvelle vie de jeune femme mais retenue par ses devoirs vis à vis de son "voeuf" de mari.
Si les clichés du romantisme sont là, ils ne sont jamais pesants, et la deuxième partie du film amène une fin intéressante er sortant des sentiers battus.Le tout est toujours enjoué,aucune longueur à l'horizon, c'est du cinoche sympa et pas idiot.
La casting y est pour beaucoup. Le mari c'est Kaoru Kobayashi, qui a des faux airs de Kitano, et joue juste.Le charme de Ryoko Hirosue est incontestable,son interprétation de la jeune fille trés crédible, et ses mimiques souvent irrésistibles.La mère est interprétée par la toujours excellente Kayoko Kishimoto, "l'épouse" habituelle dans les films de Kitano,et on retrouve d'ailleurs une partie de la bande à Beat Takeshi:Ren Osugi en chauffeur de bus malheureux et Ken Kaneko (Kids return)pour le rôle de son (trés beau) rejeton .
"Himitsu" peut s'apparenter à ces fameux dramas de la télévision nippone, leurs téléfilms à eux, en un peu plus léché.Le réalisateur Yujiro Takita tourne de manière classique,sans effets de style,mais le résultat est probant et rend parfaitement le climat voulu de l'histoire.
Par son thème, "The secret" rappelle de façon lointaine "Love letter",ce magnifique film sur le deuil avec Miho Nakayama, et son approche,même si elle est moins ambitieuse,n'a pas trop à rougir de la comparaison.Ici certains éléments de comique viennent aussi parfois atténuer l'émotion pure de son grand modèle, d'ailleurs le personnage pince-sans-rire joué par Kaoru Kobayashi limite le risque de trop-plein de mélo. Le charme opère,de façon diffuse mais permanente,et c'est le premier atout de cette jolie découverte que je ne saurais trop conseiller.