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Hiroshima mon Amour

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Ghost Dog 4 Un film rigoureux et littéraire mais indispensable. Il devrait être projeté obl...
MLF 5
Ordell Robbie 4.5 Un film aussi fort et explosif que son sujet
Tenebres83 4.25
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un film rigoureux et littéraire mais indispensable. Il devrait être projeté obligatoirement dans tous les lycées

Hiroshima mon amour est sans conteste l'un des grands classiques de l'histoire du Cinéma. Et ici, classique rime avec rigueur et exigeance. D'aucuns feront le rapprochement avec le film scandinave apparemment mortellement chiant qui passe dans la pub pour "Crunch" et que les 2 jeunes ont envie de secouer en faisant exploser les canalisations. C'est vrai que les dialogues très littéraires, faits de phrases complexes et de figures de style répétées, n'arrangent pas les choses. Heureusement, le film a des qualités, et pas des moindres.

Tout d'abord, il donne à voir pendant les 20 premières minutes les horreurs que la bombe atomique a provoquée sur la population civile (par définition innocente), images tournées à Hiroshima bien après la guerre, et qui par cette oeuvre vont permettre la prise de conscience du reste du monde sur cette réalité. Par la suite, Resnais se concentre sur la vie et le passé de 2 jeunes gens amoureux dans un lieu qui se relève de ses ruines, couple mixte composé d'une française et d'un japonais. Là, le film perd un peu de son intérêt de par sa lenteur et le peu de choses à dire (en gros, faites l'amour - même avec "l'ennemi" allemand ou nippon - pas la guerre, et ce 10 ans avant mai 68).

Mais la dernière réplique, d'une profondeur et d'une justesse rare, emporte finalement l'adhésion chez le spectateur: il s'agit en effet de l'explication du titre. Les quelques secondes qu'a duré l'explosion de la bombe atomique, ces quelques secondes qui ont changé la face du globe, sont comparées de façon audacieuse aux quelques secondes d'extase que l'on peut vivre quand on connait l'amour fou, l'amour absolu, qui changent également profondément l'existence, mais à un niveau bien sûr beaucoup plus personnel. Le seul problème avec ces 2 évènements, c'est qu'au fil des minutes, des heures, des jours, des mois, des années, on a tendance à en minimiser voire à en oublier l'intensité et les conséquences. Le film de Resnais est là pour que l'on n'oublie pas, pour que l'on n'oublie jamais ces horreurs perpétrées contre la population japonaise.



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Un film aussi fort et explosif que son sujet

Hiroshima mon Amour fut en son temps un catclysme dans le paysage cinématographique français parce qu'outre son sujet très fort il tranchait avec le cinéma français des années 50 de par son intégration réussie dans le cinéma des apports du Nouveau Roman. Hiroshima mon Amour fonde un cinéma où ce sont les sensations, la combinaison d'images et d'une voix off qui font progresser le récit et ce sans jamais tomber dans l'illustration de texte, grand risque du projet.

Certes, la prose de Duras peut irriter par sa systématisation de l'oxymore -alliance de termes de sens opposés- (le titre du film, le "tu me tues, tu me fais du bien" qui siège dans les livres d'histoire du cinéma entre les "t'as de beaux yeux, tu sais" et autres "U're talking to me?") mais le long début du film offre l'écrin cinématographique parfait pour sa prose: elle trouve un écho dans l'alternance de gros plans sur les corps nus des amoureux et la visite d'Hiroshima racontée en voix off puis des plans et des extraits de documentaire sur l'horreur subie par les habitants (Resnais souhaitait se démarquer pour son entrée dans la fiction de son classique du documentaire Nuit et Brouillard). Cette séquence est magnifique de par sa tension permanente entre l'image et ce qui est dit. Ce qui est en jeu, c'est le lutte oubli/refus de l'oubli, l'attraction répulsion pour celui qui est de l'autre coté, celui que la société a proclamé comme l'ennemi (le Japonais puis l'Allemand plus tard dans le récit). Mais une fois que ces sentiments contradictoires ont été exprimés, que la passion entre les deux etres a pu se déployer jusqu'à son point de non-retour, que raconter?

C'est tout l'enjeu d'une seconde partie en apparence moins forte mais d'une audace rare. La passion de la narratrice pour ce japonais va évoquer une autre passion avec un ressortissant d'une autre nation défaite, l'Allemagne, le souvenir de l'opprobre subi à cause de cette passion, resusciter un autre amour impossible. Les images, les sons, le jeu très retenu et déclamatoire des acteurs permettent à la voix intérieure de la narratrice et de son amant de se déployer, font véritablement partager les émotions ressenties au spectateur au cours de travail de recherche de souvenirs, de sensations, de madeleines proustiennes. Le plus beau souvenir, c'est celui qui fait le plus souffrir, celui que l'on rejette spontanément. Le film montre ainsi Okada Eiji jouer véritablement le role du jeune Allemand dans la discussion pour faire affleurer ce souvenir si loin et si proche de leur histoire présente. Ce passage où l'on joue un role fait écho au film pour la paix tourné par la narratrice, au monument tellement bien fait qu'il émeut les touristes évoqué au début. Elle peut jouer Hiroshima, s'en souvenir mais ne saura jamais vraiment ce dont il s'agissait (l'hotel et sa très évocatrice inscription "New Hiroshima"). Les personnages élargissent leur passion aux dimensions du monde en s'appelant par leurs villes natales (Nevers, Hiroshima) parce qu'il s'agit d'endroits qu'ils ne veulent plus visiter ni revisiter, ils sont réunis par le refus des lieux de leurs souvenirs douloureux. Le dialogue systématise un peu moins l'oxymore ce qui donne au film un rythme plus fluide, moins déclamé. Le film culminera dans un final ouvert et définitif en meme temps qui expliquera le titre du film.

La mise en scène de Resnais est remarquable par son usage d'un montage très haché, des plans distants, des travellings embrassant les souvenirs de la narratrice au cours de ce voyage sensoriel et temporel rythmé par le superbe score d'un Georges Delerue. Outre cela, Resnais aura brouillé la frontière entre fiction et documentaire, ouvrant entre autres la voie au travail des Nouvelles Vagues des années 60. Plus qu'un film contre l'oubli, c'est un beau coup de pied dans la fourmilière de la narration classique, un moment d'émotion pure. Si le cinéma a pu progresser en tant qu'art, il le doit en partie à cette déflagration courte et intense créant inévitablement un avant et un après à l'image de la bombe A et de la passion de ses personnages.



15 juillet 2002
par Ordell Robbie


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