Ordell Robbie | 3.5 | Le premier Fukasaku vraiment personnel |
Hommes, porcs et loups montre Fukasaku en net progrès par rapport au rififi chez les truands. La réalisation ressemble déjà plus à du Fukasaku qu'à un vulgaire Verneuil ou Lautner : les zooms et les cadrages penchés qui font la signature de Fukasaku y font leur apparition, le film est porté par des travellings virtuoses. On y retrouve également l'utilisation des arrets sur image durant la rapide exposition. Ensuite, le scénario traite de façon assez originale pour son époque l'univers du film de casse : un truand solitaire cherche à recruter des hommes pour dévaliser un gang puissant et respecté, ils vont se donner rendez-vous dans une cabane pour partager le butin mais l'un des voleurs l'a caché et ne dira pas au commanditaire où le butin se trouve meme sous la torture. Et si ce voleur (Sabu) ne le fait pas, c'est avant tout par un sens de l'honneur et des principes perdus par les gangs. Progressivement, les autres séquestrés et séquestreurs vont finir par adopter sa vision quitte à y perdre leur vie. En cela, le film annonce déjà les grands thèmes wooiens : les rapports d'amitié et de fraternité sont très intenses et très présents. L'expression « ne pas mourir comme un chien » se trouve d'ailleurs dans le film. Une originalité du scénario est de montrer les villageois d'abord spectateurs effrayés de la violence puis révoltés dans le final. Les femmes occupent également le role de meneuses des deux groupes (ravisseurs et otages) et ne cèdent pas à leurs principes et leurs objectifs. L'ambiance d'éructation permanente, la paranoia des personnages annoncent Reservoir Dogs. L'utilisation de la surf music à profusion dans la bande son annonce Pulp Fiction, film réalisé par un grand fan de Fukasaku. Les passages chantés font écho à ceux de Tokyo Drifter de Suzuki.