Hong Kong Nocturne

Ordell Robbie

2.5

Nuit (trop) légère

Nuit (trop) légère

D'un strict point de vue cinématographique, ce premier coup d'éclat de Inoue Umetsugu est plus réussi que son futur the Millionaire Chase qui bricolera à la hongkongaise la comédie américaine fifties: le scénario comme toujours gentiment clichetonnesque avec ses tribulations de trois soeurs revant de gloire et de bonheur est plus construit, Cheng Pei Pei se montre très convaincante dans les moments mélodramatiques du film et les numéros de danse, cette fois plus proches de la comédie musicale américain fifties, sont des petits bijous de naiveté et d'inventivité au niveau situations -au niveau chorégraphique on est loin des classiques made in USA- (le mariage sur le toit, Tien Feng en professeur tyrannique poursuivant son élève qui danse un ballet, la scène en forme de clin d'oeil à Diamonds Are A Girl's Best Friend), l'humour est plus léger et la mise en scène est comme toujours correcte et agrémentée de quelques belles idées (les diamants entourant une danseuse, l'utilisation de l'animation), la photographie superbe et dans la lignée du ton léger du film les vetements ont des couleurs plus pastel que criardes. Sauf qu'il manque au film pour se détacher vraiment du rythme: certains passages intimistes sont assez longuets (les querelles et rabibochages des soeurs avec le père, la dureté des entrainements) ce qui réduit un peu l'impact des moments mélodramatiques. Certes, le délire et le kitsch bollywoodien peuvent très bien faire sombrer un film dans le n'importe quoi. Mais d'un autre coté le film manque de cet équilibre entre maitrise et petit grain de folie qui font les chefs d'oeuvre. Bien tenté néanmoins. Et un témoignage du désir démesuré des Shaw Brothers pour essayer de proposer un cinéma pouvant rivaliser en diversité avec Hollywood ou celui des voisins japonais et coréens de l'époque.

visiteur	note
yushichoo	5
TsimShaTsui	3.75
Fred30	2.5
Phildu62	2.5
Bastian Meiresonne	2.25

Très agréable à regarder

Mauvais père

Réputé pour pouvoir boucler des tournages en un temps relativement court, INOUE suit l'appel alléchant des frères SHAW, qui s'évertuent à recruter des réalisateurs de différents horizons asiatiques aussi bien pour intégrer une touche d'exotisme dans leurs oeuvres, que pour conquérir de nouveaux marchés inédits. La collaboration avec INOUE s'avéra l'une des plus fructueuses, le réalisateur nippon signant dix-sept co-productions avec les puissants frères, dont dix tournés à Hong Kong. "Hong Kong Nocturne" sera un baptême de feu grandement réussi - commercialement. Difficilement bouclé en moins de trois mois de tournage et après maintes péripéties avec l'équipe technique (difficulté de traduction) et les acteurs (souvent de jeunes premiers encore en pleine phase d'apprentissage, dont Lily HO), le film remporte un succès fulgurant. Pas étonnant, car tous les ingrédients chers au public de l'époque sont réunis : une belle histoire mélodramatique, allant du rire aux larmes. De nombreuses séquences de danse divertissent agréablement d'une (trop) longue saga familiale, sans toutefois pouvoir égaler les grands classiques américains de même genre : les acteurs sont loin d'avoir le génie de Fred Astaire et les chorégraphes ne semblent pas s'être foulés de beaucoup pour faire apprendre les bons pas de danse à leurs poulains. Sans parler des séquences fréquemment tirées par les cheveux, notamment quand un couple trouve consolation dans le fait d'entamer quelque pas de danse à chaque coup de déprime. A force de vouloir surcharger sa fresque, le réalisateur s'égare en route dans de trop nombreuses sous intrigues totalement inutiles. Côté mélo, le dosage y va également très fort - et ce jusque dans son dénouement. Assez étonnant pour une production Shaw de l'époque, le film aborde sans détours parties de jambes en l'air, hommes et femmes manipulés, mais sauve une morale - du coup - douteuse en toute fin de film pour tout de même verser dans une sorte de happy ending de derrière les fagots. Certes égayé par le charme des trois actrices principales, l'ensemble manque de rigueur et d'une cohésion suffisante pour pouvoir totalement convaincre.