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L' Effrayant docteur Hijikata
les avis de Cinemasie
3 critiques: 1.67/5
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4 critiques: 2.94/5
Plus que culte...
Horror of a Deformed Man est un objet cinématographique ô combien difficile à appréhender, qualifier et noter. Son historicité en fait une oeuvre culte, bannie des écrans et surtout du marché de la vidéo au Japon où il transgresse depuis sa création l'un des tabous ultimes des représentations nippones, la malformation physique. D'un autre côté, sa dimension grotesque, sa narration alambiquée et pleine de ressorts pas toujours très bien huilés, le jeu soit fade soit complètement outré de ses acteurs, les longueurs de sa première partie, les lourdeurs explicatives de la seconde et tout un tas de petits défauts en font un film parfaitement médiocre. Et pourtant. Et pourtant
Horror of a Deformed Man n'en demeure pas moins saisissant. Sa verve poétique, la description de son île qui évoque celle d'un autre docteur, moins japonais lui, le docteur Moreau, le jeu halluciné d'Hijikata, les séquences oniriques et ses nombreux emprunts au Buto font de son visionnage une expérience hors-norme, et pour tout dire pas nécessairement désagréable. On peut en sortir consterné, hilare, perplexe, mais probablement pas indifférent.
Un très mauvais film d'épouvante
On pourrait situer
L'Effrayant docteur Hijikata entre le navet mal assaisonné cueillit on ne sait où et aux solutions visuelles difficilement digérables, et le sombre nanar grotesque et même pas drôle malgré ses jolis moments hélas bien artificiels. L'histoire, n'en parlons pas, elle ne fait qu'accumuler les erreurs et les errances, surtout les errances, de part son récit confus et ses rebondissements malvenus lui octroyant toute forme de cohérence possible. De même que l'effrayant -soit disant- docteur, tombant en pleur en fin de métrage, perdant ainsi toute l'épouvante de son charisme. Ses premières apparitions, sur les rochers écrasés par les vagues d'une mer agitée, semblent côtoyer l'au-delà : mouvements dégénérés, regard d'un mort, et hurlement désagréable. Pourtant, le film commençait plutôt bien, relativement tôt d'ailleurs avec un générique très particulier car en total décalage avec l'aspect "irréel" de l'oeuvre, ce décalage est à mettre à l'actif de plans proches d'une colonie d'araignée ne faisant que "renforcer" l'aspect plus ou moins documentaire -supposé par Ishii. Mais cette sensation d'être en face un documentaire (ou étalage de freaks en puissance) se vautre gentiment comme un mauvais Mondo. L'ensemble frise l'amateurisme, les maquillages rappellent les modestes films de zombies italiens plus proches des rejetons (Marino Girolami) que des grands artisans (Lucio Fulci) où tuyaux en plastique, plâtre et crème chantilly sont censés représenter toute forme de putréfaction.
Il est dommage de voir à quel point Ishii passe à côté de quelque chose. Adaptation d'une nouvelle de Rampo Edogawa, impliquant une certaine audace dans l'horreur, le résultat laisse place à quelques jolis moments. Si l'utilisation de filtres de couleur pour mettre en forme les flash black annoncent la mouvance des cinéastes de la nouvelle vague pour leurs audaces, elle n'en demeure pas moins inégale : perturbante (verte), laide (rouge) ou alors réussie (négatif/rouge), Ishii soigne le mieux possible son cadre par un scope bien tenu et parfois intelligent comme ces plans filmés à hauteur de genoux soulignant l'épouvante. Mais lorsqu'il tente de recréer un univers (le chant récurrent d'une femme mystérieuse), il se voit souvent contredit par son caractère comique reprenant le dessus : les deux moines faisant un bon en hauteur avant de prendre la fuite, la jeune fille fredonnant un air connu qui aime se cacher dans les arbres, on se croirait dans une vilaine comédie HK d'époque entre les délires d'un Tsui Hark et les épisodes fantômesques d'un Sammo Hung. Le score navigue aussi entre les déchets au synthé et les bruitages flippants. Trop inégal pour tenir la dragée haute aux grands d'époque, trop nuancé dans ses interprétations (sans vilaines allusions), trop bricolé pour paraître sincère, L'Effrayant docteur Hijikata est un étrange et très mauvais film.
L'île du Dr. Rampo
Tout le principe de "Horrors of malformed men" repose sur un malentendu assez gonflé, dont se joue le réalisateur Ishii Teruo.
Le titre induit irrémédiablement en erreur et le "culte" entourant cet objet filmique (non pas en raison de son caractère "sulfureux", mais parce que les studios de la Toei ne voyaient pas l'intérêt de le ressusciter d'entre ses nombreux films archivés) a su entretenir la légende. Point de "freaks" à l'horizon, mais une fructueuse collaboration avec le danseur de butoh avant-gardiste Tatsumi Hijikata, qui défrayait les chroniques de son époque en présentant une variation particulière des mouvements traditionnels de "butoh" basés sur les gestes désarticulés d'handicapés physiques et mentaux.
"Horrors…" est donc un pur produit de son époque. Inspiré par un récit classique d'Edogawa Rampo ("The strange tale of Panorama Island", récit qui pille ouvertement le classique "Ile du Dr. Moreau", mais aussi des éléments pris de "Ogre of the secluded isle", "The Human Chair" et "Watcher in the attic"), Ishii puise dans les film d'horreur de la Hammer de la même époque et mêle une nouvelle fois la scène japonaise underground de l'époque. "Horrors…" ressemble donc à un trip psyché sous influence de substances illicites, un délire fantasmé par un artiste en marge du système et qui a une nouvelle fois réussi à dynamiter un grand studio (la Toei) de l'intérieur. Plutôt culotté, alors que ces studios luttent pour maintenir les profits des dernières années et qu'ils accordent une confiance quasi aveugle à l'homme, qui leur avait assuré gloire et richesse avec sa série des "Abishiri". Une réputation, qui avait valu à Ishii une entière créativité artistique – dont il a très certainement abusé.
L'horreur ne naît donc pas des situations et des apparitions des créatures monstrueuses sciemment ridicules, mais des états mentaux déstabilisés de tous les protagonistes. Bref, exactement ce qu'Edogawa poursuivait dans chacune de ses nouvelles.
En poussant le vice, on peut même dresser un parallèle entre la mystérieuse île et le Japon lui-même, gouverné par un homme unique (l'empereur) entouré d'une cour de figures pittoresques et qui a lui-même créé ses "monstres" en s'engageant dans la Seconde Guerre Mondiale et héritant des bombes atomiques en réponse, tuant et défigurant une bonne partie de sa population.
Bref, une vraie curiosité, sans aucun doute pas une réussite majeure, mais qu'il faut savoir replacer dans son contexte historique.
L'échec au box-office à sa sortie en octobre 1969 ne permettre pas à Ishii de continuer le cycle de films adaptés de Rampo, qu'il avait pourtant sérieusement envisagé.
les tabous trop comiques!!!
Il vaut mieux ne pas être impressionné par le titre et le résumé du film qui font penser à "un film d'horreur pur".
En marriant l'horreur et l'humour, le metteur en scène réussit bien à nous faire éclater de rires.
Le côté théâtral et humouristique l'emporte sur l'authenticité des déformations...
Pour moi, ca déchire vraiment le dernier scène de feu d'artifice avec les membres du corps dans le ciel!