On sait toujours un peu à quoi s’attendre avec les mélos coréens destinés aux 14-20 ans. C’est aussi avec effroi que l’on termine Humming, honnête mélo larmoyant truffé de bonnes intentions, à cause d’un épilogue proprement indigeste sur toutes la ligne, imbuvable, honteux, atteignant un degré quasi inespéré dans le cucul, pardonnez l’expression. On ne pardonne en tout cas pas cet écart de conduite au cinéaste qui visiblement ne savait plus comment finir son œuvrette lorsque celle-ci dépassait déjà un peu les bornes en tentant une approche fantastique de son sujet dans un contexte banal : Joon-Seo n’en peut plus de sa fiancée. Cela va bientôt faire 2000 jours qu’ils se sont rencontrés avec Mi-Yeon et cette dernière l’agace constamment lorsqu’elle aborde le sujet, tout comme ses petites manières. Il désire de faire une pause mais ne sait pas comment l’avouer à sa chère et tendre si ce n’est d’inventer le prétexte de partir en mission dans le pôle sud, ce dernier étant un scientifique assez pointu. En lui apprenant la nouvelle, Mi-Yeon ne lâche pas prise et décide d’investir son temps et son argent dans la communication à distance, cette dernière projetant d’acheter un appareil de communication lui permettant ainsi de ne pas perdre son petit ami même à des kilomètres. Malheureusement en voulant se rendre chez lui pour lui annoncer la nouvelle, Mi-Yeon est victime d’un accident de la route. Percutée par un camion, cette dernière se trouve à présent dans le coma. Etrangement au même moment, Joon-Seo reçoit la visite de Mi-Yeon venue lui apporter le précieux appareil et lui rappeler en entourant la date sur le calendrier que leur 2000ème jour est pour très bientôt. Ne voyant rien venir et ne sachant pas ce qui s’est passé, ce dernier l’envoie balader et part au boulot comme si de rien n’était avant de recevoir un coup de fil de sa tante lui affirmant que Mi-Yeon est à présent à l’hôpital dans un état critique : pourtant, la jeune fille n’était-elle pas chez lui il y a à peine quelques minutes ?
Joon-Seo verrait-il des fantômes ? C’est ce que tente de nous faire croire Park Dae-Young en voulant à tout prix faire culpabiliser son héros de ne plus prendre soin de sa bien aimée après des années de relation très –trop- propres, « depuis combien de temps ne t’a-t-il pas embrassé » rétorquera une amie de Mi-Yeon à cette dernière un peu avant son accident. Imaginez un peu le scénario, Joon-Seo est quelque part un peu responsable de son accident (et l’avouera lui-même, désemparé dans les bras de sa tante dans la salle d’attente de l’hôpital…), car sans ce prétexte débile du voyage au pôle sud, Mi-Yeon ne serait pas allé chez lui pour montrer le gros engin wifi. Mais tout n’est pas que tristesse et résignation, le film est régulièrement accompagné de flashbacks sur les premiers jours amoureux de deux acolytes, le temps de quelques séquences rafraîchissantes dans un ensemble bien tristouille : les «saranghaeyo » enregistrés sur K7 pour Mi-Yeon, les excuses bidonnes pour la voir (entraînement intensif en natation) et la montée d’un immense col. Pilier de l’œuvre, la montagne démarre et clôt les débats de manière trop lourde pour être digérée par tous, elle est le lourd symbole de l’effort à réaliser pour conquérir/garder/sauver le cœur, l’âme de Mi-Yeon. Autant le message passe plutôt bien au départ, autant la course contre-la-montre pour la sauver en fin de métrage relève du grand n’importe quoi, risible et incroyablement tire-larmes sachant que la demoiselle n’a absolument aucune chance de s’en sortir, le spectateur, mis au courant depuis une bonne demi-heure devra donc faire face à un film impasse et supporter les larmes de tous les protagonistes. Parait-il que c’est plaisant de voir causer l’âme d’une mourante avec son amoureux. La rencontre ultime entre Joon-Seo et l’âme de Mi-Yeon dans les hautes herbes sur le col de la montagne, le 2000ème jour est un de ces grands moments nunuches dont le film aurait pu se passer pour éviter d’être comme ces sempiternels dramas avec ces personnages cotonneux dignes d’un mauvais Marc Levy. Morceaux choisis :
-Mi-Yeon : Je voudrais te voir sourire. Souris pour moi. Je ne t’oublierai jamais, je garderai tout, ton sourire, ton odeur, ta voix. Grâce à toi je n’étais pas seule, tu me faisais tout le temps sourire. De toute façon il est temps d’y aller
-Joon-Seo (au bord des larmes): Non, ne pars pas s’il te plait…
-Désolé, je dois y aller…au-revoir.
-Mi-Yeon !
-Au-revoir mon amour.
-Ne pars pas, s’il te plait, Mi-Yeon !
-(disparaissant peu à peu) Sois heureux s’il te plait !
-Ne pars pas !
-Je serai toujours avec toi.
-Mi-Yeon, je t’aime ! Je t’aime !
Après ce dialogue lumineux, on enchaîne sur le visage de Mi-Yeon sur son lit de mort, débarrassée de son masque à oxygène, l’encéphalogramme à présent plat laisse place à une étoile filante dans le ciel. Belle image lorgnant du côté du mauvais goût le plus total et au film de se terminer sur une morale récitée par Joon-Seo enfermé dans ce qui semble être un repère scientifique au pôle sud. Au final ce Humming aurait pu aboutir à quelque chose de plus…vivant, amusant, avec un jeu de pistes distrayant au possible, mais sombre dans une conclusion minable à peine digne de la came proposée par les chaînes de télévision réputées pour leurs feuilletons mielleux.