Lorsque l'ennui dépasse les propos des cinéastes.
Dans l'ensemble, If you were me ne parvient jamais à captiver malgré ses divers thèmes abordés. Chose plutôt étonnante de la part d'un film à sketchs dont le principal but est de varier les genres et d'opposer plusieurs points de vue entre eux. On s'assoit autour d'une table pour poser les difficultés de la Corée face à la discrimination sociale ou physique et on s'endort gentiment.
The Weight of her est un segment potable, montrant la difficulté des femmes à s'insérer dans la société. On marche au physique, les étudiantes sont même pesées en classe et humiliées devant tout le monde par un professeur tyrannique et ridicule au possible. La fin particulièrement étrange finit par fatiguer, faute d'une narration particulièrement faible et d'une réalisation soporifique au possible. 2.5/5
The man with an affair est sans doute l'opus le plus inutile et incompréhensible. On s'ennuie ferme devant ce gamin qui sonne aux portes pour quémander du sel, galèrant à droite à gauche dans un univers abstrait fait de longs couloirs blanc cliniques particulièrement étouffants. Et ce n'est pas cette photographie argentée et ces idiogrammes gravés sur les murs qui me rassureront d'avantage, je me suis senti totalement perdu devant cet opus signé Jeong Jae-eun. Le néant. 0/5
Crossing propose un contenu qui sur le papier est intéressant (la condition des handicapés physiques et mentaux dans la société) mais qui se révèle au final être un bon gros pamphlet humoristique, incroyablement mal narré. Les petits dessins illustrant chaque séquence sont formellement justes, mais plombent plus le rythme qu'autre chose. Un drôle de regard porté sur les handicapés, quelques séquences amusantes, on est bien loin de la pure satire sociale. 1.5/5
Tongue tie demeure sans doute le segment le plus douloureux. Réalisé par Park Jin-Pyo, l'on se demande clairement l'intérêt de filmer une opération chirurgicale sur la langue d'un gamin. A part des pleurs contrastant drôlement avec les décors enfantins et un gros plan sur la langue du malheureux, que doit-on en tirer de tout cela? Simple délire de la part du cinéaste? Complaisance face à la douleur d'autrui? Quel intérêt? 0/5
Face value est une bouffée d'air frais, pas très intéressante dans le fond mais qui a le mérite d'être par moment touchante. Les séquences se déroulant dans le parking sont amusantes, le plan final beaucoup moins. Peut-être l'opus le plus accrocheur au niveau du visuel, doté d'une très bonne trame sonore.3/5
Mais la plus grosse déception de cet exécrable programme demeure sans aucun doute le segment réalisé par le grand Park Chan-Wook, NEPAL retraçant le parcours chaotique d'une femme laissant son Népal pour travailler en Corée du Sud. Malheureusement la barrière de la langue provoquera un revirement de situation improbable puisqu'elle sera prise pour folle, mettant alors en avant les limites de la communication du pays. Le sketch hésite beaucoup trop entre délires comiques (le médecin incapable de comprendre Chandra) et docu-fiction (l'intro et la conclusion au Népal), laissant une impression au final plus que mitigée. De plus la mise en scène subjective et les teintes monochromes agacent, Park Chan-Wook nous ayant habitué à mieux. Trop impersonnel pour paraître sincère malgré la démarche louable de pointer les limites de la communication.2/5
Déception.
Un film à sketches médiocre
Ce projet de film à sketches contre toutes les formes de discrimination en Corée a comme points forts son bon niveau formel d'ensemble ainsi que la grande diversité des genres, des parti pris formels et narratifs, diversité qui est aussi celle des formes de discrimination choisies par les cinéastes. Avec au final des sketches souffrant dans l'ensemble d'une trop grande lourdeur démonstrative mais aussi quelques bonnes surprises.
The Weight of her: Ce sketche signé Lim Soon Rye est bien monté et réalisé. Malheureusement, ses effets comiques tombent à plat et il est plombé par le caractère beaucoup trop lourd et démonstratif de sa dénonciation des discriminations à l'égard des femmes. On comprend qu'au vu de ce qu'est la condition féminine en Corée le cinéaste ait voulu frapper un grand coup. Mais reste qu'il frappe ici trop fort. 2/5
The Man with an affair: Ce sketch de Jeon Jae Eun dénonçant la discrimination à l'égard des gens qui ont un casier judiciaire non vierge a quelques idées de base intéréssantes: l'univers orwellien dépeint, l'ambiance clinique que crée la photographie. Mais il souffre de son caractère trop démonstratif qui finit par le rendre ennuyeux. Bien exécuté là encore. 1.5/5
Tongue Tie: Mieux filmé que Too Young to die, ce sketche signé Park Jin Pyo est plombé par sa trop grande lourdeur symbolique (décor et détails enfantins vs table d'opération) et formelle (sobriété au début vs filmage frontal et brouillon de l’opération en forme d’effet choc facile). 0.75/5
Crossing: Ce sketche réalisé par Yeo Kyun Dong souffre de la comparaison avec ce que Lee Chang Dong a pu faire du thème de la discrimination vis à vis des handicapés : son humour tombe à plat et même s’il est bien exécuté il peine à émouvoir du fait de l’absence de fil conducteur narratif fort. 2/5
Face Value : De tous les sketches, c’est celui qui prend le moins de risques au niveau formel et narratif mais le vétéran Park Kwang Soo finit malgré tout par émouvoir un peu à partir d'un thème moins fort que celui des autres courts, celui des discriminations dues aux apparences physiques et de classe sociale. Si un certain caractère démonstratif est toujours présent dans le sketche, il parait relativement léger comparé à celui présent dans les précédents. Cette histoire simple se laisse donc regarder sans ennui, c’est déjà ça de pris comparé à d’autres sketches dont les audaces n’atteignent pas vraiment leur cible. 2/5
NEPAL : Si son titre (Never Ending Peace And Love) est du niveau du comptoir, le sketche de Park Chan Wook se détache légèrement du lot. Partant d'une une histoire vraie d'une femme venue du Népal pour travailler dans une usine en Corée du Sud, le cinéaste réussit à évoquer la question de l’immigration en évitant manichéisme et lourdeur démonstrative. Si Park Chan Wook déroule une image monochrome eighties à à effet tape à l’œil, il cherche à apporter une certaine variété en multipliant les points de vue (caméra subjective, cadrage de près, filmage distant… ). Et le film étonne une fois de plus lorsqu’il finit par bifurquer sur la fin vers le documentaire. Au final, en téléscopant à une vitesse folle les points de vue (de mise en scène, des personnages avec sa multiplication d'interviews), le cinéaste finit par émouvoir tout en offrant matière à réflexion une fois le visionnage terminé. Sa limite: sa mise en scène n'est qu'idée, concept (le point de vue subjectif...). Travers d'un certains (mauvais) cinéma indépendant américain... .2.25/5
Au final, ce film à sketches révèle ce qui peut faire parfois du cinéma coréen un cinéma passionnant : s’il a une tendance un peu trop systématique à reprendre ce qui marche ailleurs sans se le réapproprier, il prend parfois beaucoup de risques dans ses choix quitte à peut etre se planter en beauté et finit par imposer un paysage cinématographique d’une grande diversité dans les genres abordés (meme si la manière de les aborder laisse souvent à désirer). Diversité et prise de risques qu'on retrouve ici.
Six bonnes surprises, et quelques excellentes
Un film à sketches éducatif pour lutter contres discriminations, cela faisait craindre le pire. Mais le resultat est vraiment surprenant. On oublie le côté "Droits de l'homme", on prend chacun de ces courts pour ce qu'ils sont et il sont aussi bons que différends. Le moins interessant est celui du plus ancien des réalisateurs, Park Kwang-su, mais il reste honorable, avec son histoire simple et son unité de lieu.
The weight of her est une comédie très bien ficélée,
Crossing et
The man with an affair ont des moment très étranges, beaucoup d'audace dans le montage. Les deux courts les plus frappants sont ceux des réalisateurs les plus hype du moment : Park Jin-pyo (Too Young to die) et Park Chan-wook. Le premier fait un drôle de film sur le cas d'un enfant qui se fait opérer de la langue pour mieux parler anglais. La pièce dans laquelle se déroule la chirurgie est faite pour les enfants, colorée, avec des jouets. L'infirmière se déguise en gros lapin rose. L'intervention est filmée en direct et devient de plus en plus trash. Le contraste entre le cadre et ce qui s'y passe nous glace, l'étrangeté de la démonstration est comme une réponse intelligente à l'abyssale bétise qui est dénoncée. Park Chan-wook part d'une histoire vraie littérallement folle et la filme en multipliant les points de vue subjectifs et objectifs. Si certaines de ses idées sont discutables, son film nous fait rentrer dans les hopitaux psychiatriques coréens et se termine en documentaire sur un village au Népal. C'est peu dire qu'on est surpris.
les films à sketches sont dans l'énorme majorité des cas inégaux et sympathiques à la fois. IF YOU WERE ME ne fait pas exeption et je dois dire que j'ai passé un bon moment.
inégal car on a des courts "limite", par exemple le 1er qui a le même problème que ses jeunes interprètes féminines: trop lourd! (désolé), on dirait un film pour les gamins, sans finesse et finalement vain.
par contre on a des segments bien plus intéressants ou réussis comme celui de PARK chan wook sur une népalaise, ou le court portant sur les handicapés (marrant et glauque).
un autre parle d'un gamin qui fait encore au lit et de sa punition, décevant dans sa conclusion mais l'interprétation sauve l'ensemble.
bref pas de pépites mais pas de désastre non plus (bon le 1er j'ai vraiment trouvé ça insuffisant), et globalement le niveau est plus que correct, malgré l'esprit un peu trop lisse de l'ensemble.
vivement le 2
Mouais...
"If You Were Me" est un ensemble de courts métrages qui se veulent tellement moralisateurs qu'on tombe inévitablement dans le maladroit, voire le lourd pour certains.
Vous allez me dire, c'est bien normal qu'il surfe sur cette tendance "critique humaniste" quand on voit pour qui (Organisation des Droits de l'Homme) et pourquoi (contre la discrimination) il a été fait.
Enfin, sur le plan purement cinématographique en tout cas, ça ne pèse pas très lourd. J'en ressors avec un sentiment assez mitigé pour sa globalité et son intérêt. A voir par simple curiosité, ou si l'on est fan de PARK Chan-Wook et qu'on veut avoir tout vu de lui (puisque l'un de ces courts lui appartient).
Voici un bon plot de court métrage bien encré dans la société actuelle. Ces six courts métrages sur la discrimination nous assènent une bonne petite claque, tant par les sujets, que par la qualité de réalisation. En effet la mise en scène bien soignée en général, va du bon à l’excellent. Les sujets sont parfois traités avec beaucoup d’humours. Note particulière pour le 4ème :
Tongue Tie, très bien réalisé (beaucoup de détail), et dont le sujet met bien en avent la cruauté du système social et parental.