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3.55/5
Il était un père
les avis de Cinemasie
2 critiques: 3.5/5
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15 critiques: 3.83/5
Père de...
Quasi-film d'hommes, Il était un père tire son charme de son entre-deux: les restes des qualités et des préoccupations thématiques des classiques de la période muette y cotoient la mise en place du système formel et des situations typiques des Ozu fifties plus connus. On retrouve ainsi ici via le personnage de l'enfant un peu de cette fraicheur naïve des Ozu muets tandis que le thème de la survie dans des conditions économiques difficiles évoque la dimension néoréaliste avant l'heure de ces derniers films. Y est également présente une part souvent moins commentée de l'art ozuien: la dimension comique, le comique de répétition faisant parfois ici son petit effet. Le "système" formel ozuien fait d'une évocation de la culture japonaise au travers du cadre (les plans à hauteur de tatami), du montage (la lenteur) et de la profondeur de champ (la distance) est ici déjà présent. De même que son art de l'ellipse et son obession ferroviaire. Système qui sera progressivement affiné par le cinéaste avec les années, déroulé dans ses dernières oeuvres avec une précision maniaque. La Ozu's touch est déjà ce vernis doux, retenu, épousant la rythme du quotidien et dissimulant les tempêtes (psychologiques, de la vie) à l'oeuvre. Les discussions arrosées indissociables du cinéma d'Ozu sont déjà là. Tandis que des questions comme celles de la cellule familiale et de la transmission sont de celles qu'il abordera de façon récurrente par la suite. De même que celle du parent veuf devant se séparer de son enfant, développée entre autres dans Printemps Tardif.
Film de transition pour son auteur, Il était un père fait de la transition son sujet-même. Le scénario va développer de façon remarquable les rapports père/fils dans toute leur complexité, leur évolution temporelle. Et aussi la manière dont ces derniers trouvent leur prolongement dans tous les rapports d'homme à homme. Il était un père, c'est finalement "il était un père pour ses enfants", "il était un père pour ses élèves". Etre homme d'honneur, c'est ici pour le père abandonner son poste après avoir failli à ses responsabilités de protecteur de ses élèves, c'est à dire à un élément constitutif aussi bien du rôle du professeur que de celui de père. Pour lui, c'est aussi doublement sa sacrifier: se sacrifier pour assurer la survie de la cellule familiale, subir volontairement un éloignement de son fils. Eloignement faisant finalement écho à cette mort du début du film dont l'ombre se dissipe progressivement sur la durée. Car être père chez Ozu, c'est très souvent faire son deuil. Deuil de la proximité avec son fils pour accepter de le laisser voler de ses propres ailes. Mais être père est ici aussi gérer les conflits entre les aspirations de son fils et l'éducation qu'il souhaite lui inculquer. Du côté du fils, cette relation est tiraillée entre le désir de se rapprocher du père, de ressemblance avec lui et une nécessaire volonté d'émancipation. D'où joies et blessures... Elément constitutif de la relation père/fils, la question de savoir être autoritaire quand il le faut se retrouve dans le film élargie aux rapports d'homme à homme. La conception de l'autorité du père n'est ainsi pas à sens unique. En revoyant ses anciens élèves, il leur dit qu'il a aussi à apprendre d'eux. Désir de transmission (père/fils, maître/élève) n'est alors pas synonyme de sentiment de supériorité des aînés. Le ressenti du déploiement de la relation père/fils dans le temps, de son évolution est de plus ici amplifié par une répétition de lieux (l'appartement) ou de situations (la pêche à deux).
Avant qu'une fin se mettre à créer une forme de paix dans les relations père/fils pour offrir une superbe et universelle leçon de vie. Spoilers Car derrière sa tristesse elle rend un père heureux de mourir en ayant accompli son rôle d'éducateur. Et parce qu'elle permet au fils d'exister par soi-même tout en assumant l'héritage de son modèle. De tracer sa route autant à l'écart du reniement du passé que de l'imitation servile. Fin spoilers Pour une oeuvre aussi dense que courte, une oeuvre où transition artistique n'est pas synonyme d'artistiquement mineur.
La fierté de l'homme
Malgré les dommages irréversibles dûs au temps (perte de quelques secondes d'image, heureusement ne nuisant pas à la qualité de l'oeuvre), Il était un père est un métrage plein d'humanisme, l'histoire sur plus de dix ans d'un homme instituteur, père et homme, qui se replie de plus en plus sur lui des suites du décès d'un gamin dont il était responsable lors d'un voyage scolaire à Tokyo. Bien décidé à oublier cet évènement, ce dernier décide de raccrocher les gants et prévoit de partir travailler à Tokyo, laissant son fils, seul. Ozu met l'accent sur la relation intéressante entre un père et son fils qui n'hésitent pas à se dire les choses en face, surtout le gamin qui une fois devenu adulte ne cachera pas le fait qu'il a besoin de la présence de son père pour avancer. Ozu s'attarde alors presque exclusivement sur les rapports père-fils et père-élèves au détriment même de la vie sentimentale du fils dont on ne saura finalement pas grand chose.
Bien que dans un registre totalement différent aussi bien historiquement que thématiquement, un autre grand maître fera son propre bilan de l'importance de l'homme sur ses élèves, avec Madadayo de Kurosawa, ce dernier n'hésitant pas à glorifier de milles façons le sensei. Ozu garde ici une certaine retenue, [SPOILER]tout en filmant le quotidien de ce dernier jusque dans ses excès de boisson, entraînant logiquement sa mort. Une mort pas aussi triste que dans les prochains Ozu (Voyage à Tokyo, Dernier Caprice), mais qui pourra heurter d'avantage puisque la crise de Ryu Chishu est filmée de manière glaciale, au ras du tatami, devant nos yeux impuissants.[Fin spoiler]. Oeuvre charnière dans le travail d'Ozu, Il était un père reste un intéressant recueil d'humour et d'humanisme malgré quelques petites longueurs.
Mon père à la pêche
Film de transition, OZU en imagina le scénario dès 1937, en se remémorant dans ses carnets, al difficile période de séparation, loin de son père qui avait choisi de l'envoyer en internat à Kyoto, plutôt que de le garder près de lui à Tokyo. Le fait prend une résonance toute particulière en voyant ce film s'intéressant à la particulière relation entre un petit garçon et son père l'envoyant également en pensionnat. En résulte une image idéalisée d'un sacré bonhomme de père, culpabilisant entre al mort de sa femme et celle - accidentelle - d'un de ses élèves au cours d'une excursion scolaire.
La mort est omniprésente dans le film, aussi bien par la mémoire de la défunte ,que la mort de l'élève, que celui d'un autre personnage en fin de film, tous soulignés par de nombreux inserts de plans fixes sur des pierres tombales sans lien direct avec l'histoire en cours. L'intrigue n'en est pas négative ou pessimiste pour autant; le film entier est à la "gloire de ce père", gentil homme responsable, veillant au bien-être de ses prochains. L'hommage qui lui est rendu n'est que justice de son bon fond et rappelle par bien des côtés le futur "Madadayo" de KUROSAWA.
Première oeuvre dite "nationaliste", OZU ne se plie pourtant pas totalement aux règles imposées par le régime dictatorial nippon en cours à l'époque, puisque les bons sentiments sont moins patriotiques, que sincères dans l'étude de moeurs des personnages fondamentalement positifs.
Oeuvre de transition également, car OZU affine définitivement son style, qui deviendra définitivement son image de marque, des plans "au ras du tatami", jusque dans les nombreux inserts de plans apparemment anodins jusque dans l'ellipse de scènes d'action dramatiques, uniquement suggérées et dont on verra les conséquences par la suite.
Un joli brin d'oeuvre, aussi sincère et pure dans sa réalisation que ne le sont les sentiments de ses protagonistes.
MOn premier Ozu...
.. et surement pas le dernier, moi ossi j'ai été agréablement surpris de voir la salle remplie - je pense pour les raisons qu'a donné X27 - mais je dois dire qu'en tant que premier Ozu, j'imagine être fixé sur l'auteur, ou pas loin en tout cas [ n'est-ce pas Mr Roy notre prof en Atelier du cinéphile qui nous racontait qu'il allait se matter, dans sa jeunesse, avec ses potes cinéphiles, des films d'Ozu en VO, et qu'il y comprenait tout tellement tout y était calibré, net et purifié dans la manière qu'avait Ozu de filmer des scènes au contenu identique, ainsi en ayant vu certains films d'Ozu sous-titrés et en assimilant à peu près la même manière qu'il avait de filmer certaines scènes ( de détentes, d'amour, d'amitié, de confidence etc...) on s'y retrouverait à voir un de ces films en Vo, juste en se référant à des scènes thématiquement similaires ( à celles qu'on y trouverait dans le dit film ) dans d'autres films de sa filmo... ouf j'ai été long.
en effet, comme convenu, je me suis retrouvé face à des plans fixes, rien que des plans fixes, des visages crispés et soufflant à demi mot leur texte avec des visages des plus inexpressifs, ou du moins avec une expression du visage qui ne soutenait pas leur propos [ mais ça aussi, on me l'avait dit, qu'Ozu ne voulait pas de ces acteurs qu'ils soient comédiens, et qu'il les faisait répéter chaque scène jusqu'à ce que chaque mouvement, chaque parole, chaque regard soient donné comme un reflexe, presque sans émotion. ça destabilise un peu je dois dire mais cet esprit colle bien à l'inexpressivité des plans ( si je puis me permettre ces termes, héhé ).
Bref pour un premier Ozu - mais cela est tout personnel - c'est pas mal, et pour un Ozu tout court, l'histoire suit son cours, et nous la suivons, sans pour autant y être scotché.
Un très bon Ozu
Je m'attendais à une salle vide, mais j'ai été agréablement surpris de voir cette masse humaine, ce qui fait qu'il restait très peu de place , c'est peut-être le fait que le film est sortie que dans deux salles où peut-être simplement parce que c'est Ozu et qu'il est synonyme de bons films .
Sur un scénario des plus simple, une histoire de famille comme seul Ozu savait la mettre en image . Cette fois c'est la relation d'un père et son fils qui nous est conté ; relation à la fois émouvante et touchante, mais aussi histoire montrée de manière juste et suptile . Les seuls défauts viennent de l'image et de la bande sonore, mais comme le film est ancien et de qualité ce n'est qu'un détail .
C'est un film à voir en attendant la rétrospective qui sera consacrée à Ozu au cinéma dès le 20 juillet .