Elise | 5 | S'il ne fallait en garder qu'un... |
Xavier Chanoine | 4 | Un classique du drama Sud-Coréen |
Ce film est la perfection du mélodrame ; celui qui supplante tous les autres ; parlant d'une jeune fille malade dont il ne reste plus que quelques mois à vivre, il arrive à donner une vision agréable de ses derniers souffles et dépeint une relation mere/fille tendre ainsi que la première et dernière relation amoureuse que cette fille va avoir avant de succomber à sa maladie. Découverte dans 2 Soeurs, IM Su-Jeong est absolument attachante et nous fait croire à cette histoire à la fois joyeuse et triste avec son petit visage angélique et son jeu si naturel. La relation entre elle et sa mère est merveilleuse ; elle montre comment une mère triste fait tout pour rendre sa fille heureuse dans ce qui lui reste à vivre et déclenche l'ultime crise de larmes dans les derniers instants ; des larmes qui coulent naturellement tellement la chute est émouvante et donne une dernière fois la preuve de l'amour profond et sincère que se rendent la mère et la fille. C'est surtout KIM Rae-Won qui vient apporter le sourire dans le film, avec ses tirades amusantes et son sourire toujours au bord des lèvres. La musique, très jolie, accompagne le film dans tous les meilleurs moments, créant cette atmosphère blues oscillant entre tristesse et gaïeté. On pourrait dire que le film use des ficelles déjà utilisées ailleurs maintes fois, mais si c'est le cas, c'est celui qui les utilise le mieux. Interdit de passer à côté.
...Ing a de quoi séduire sur le papier. Des atouts formidables en la présence d'une Lim Soo-Jung pleine de naturel et qui confirme sa grande polyvalence à l'écran, à la fois capable d'incarner une fille hallucinée et hallucinante dans Deux Soeurs, une jeune femme sensible et consciente de la gravité de son état de santé dans le film présent, ou bien une dégénérée de première dans le dernier Park Chan-Wook I'm a cyborg. Mais son rôle dans ...Ing ne s'arrête pas qu'à la simple fille qui pleure sur son sort, d'où un certain attachement à la fois pour la "femme" et la "malade" qu'elle représente, qui n'hésite pas à faire preuve d'un certain humour mignon voir irrésistible, face à un véritable pitre qu'est Kim Rae-Won plutôt gonflant lors de ses premières tentatives de drague. Et même si la jeune femme éprouve une certaine retenue pour ce dernier à cause d'une malformation à la main et de sa timidité naturelle, c'est peu à peu qu'elle se liera d'amitié avec ce Don Juan balourd des temps modernes qui use de stratagèmes malins pour attirer son attention. Certains jeux sont donc amusants, l'histoire du briquet amusera cinq minutes, tout comme celui du téléphone portable, mais c'est lorsque ...Ing joue de sa saveur dramatique que l'ensemble se renforce et passe la seconde.
Il y a cette relation très forte entre Mina et sa mère qui prend une importance presque fondamentale au fur et à mesure que le temps passe et que les jours de Mina sont comptés. Il y a ces secrets qui se dévoilent, et se contredisent par la suite pour ne pas brusquer Mina et pour instaurer un climat de bonne humeur entre les deux femmes, désespérément seules. Tandis que l'une tombe dans l'alcool, l'autre prévoit de nager avec les tortues dans les mers d'Hawaii, mais ce n'est qu'utopie. Ce voyage ne sera que virtuel, par l'intermédiaire d'un rêve, d'une grande beauté à défaut d'être convainquant visuellement (de pauvres tortues en CGI tout droit sorties d'un mauvais Miike). Même si le scénario de ...Ing impose un certain formatage des codes du mélodrame coréen, il les bonifient par sa sensibilité et sa simplicité. Aucune faute d'interprétation, et même si l'on n'apprécie pas forcément les pitreries d'un Kim Rae-Won, on ne peut que saluer sa bonne volonté et son implication plutôt forte dans la peau d'un célibataire insouciant et artiste à ses heures perdues. Mais la véritable performance est à mettre à l'actif d'une Lim Soo-Jung formidable, à la fois grâce à son physique particulier et son charme délicat, emprunt d'un certain pessimisme et renfermement sur elle-même qui l'a rend davantage attachante. Heureusement d'ailleurs que ...Ing joue sur ses nombreux moments de grâce, car certains de ses ingrédients sont difficiles à digérer du fait d'un abus de figures de style dans le plus pur style du mélodrame, avec ces dizaines de photos "souvenirs" tapissées sur les murs, l'ombre d'un avion sur le pare-brise d'une voiture où Mina y regarde le ciel. Il est aussi dommage d'avoir montré en gros plan la main "malade" de Mina, en guise d'oeuvre purement artistique exposée dans un hall d'art. On s'en serrait bien passé, le mystère et la "pudeur" auraient été conseillés jusqu'au bout. Mais rien qui n'empêche ...Ing de figurer dans le peloton des dramas les plus intéressants venus tout droit de Corée du Sud.