Ordell Robbie | 1.75 | Une proposition (de cinéma) qu'on est en droit de refuser... |
Peu importe qu'on ait pas vu les précédents volets de cette série des Godfather from Japan. Car après tout son modèle hollywoodien peut se visionner les volets dans le désordre ou séparément sans que la saga perde une miette de sa magie. Un Parrain japonais, cela était-il vraiment utile? Cela ne l'était déjà pas vraiment avant que cette saga existe. Coppola s'était déjà abreuvé du coté de Kurosawa -Les Salauds dorment en paix plus précisément- pour la scène d'ouverture du Parrain et pour la dimension tragique de sa saga. Et aller/retour d'influence classique Asie/Hollywood voilà un Godfather-like nippon. Mais avant ça quelques yakuza eigas avaient su s'approcher de l'ampleur et de la densité romanesque de la saga de Coppola: Le ninkyo eiga Les Loups par exemple ou la saga Combat sans code d'honneur, la série de Fukasaku formant un grand roman du Japon post-1945 vu à travers sa marge.
Avec le film de Nakajima, nous sommes à la fin des seventies: le jitsuroku s'est essoufflé comme le ninkyo en d'autres temps, le yakuza eiga est déjà déclinant. Mais Godfather from Japan: Final Chapter ne propose rien de véritablement palpitant. Que de thèmes potentiellement intéréssants ici pourtant: les liens entre les yakuzas, le monde de l'entreprise et le milieu politique, la soif mégalomane d'un parrain de créer une grande organisation impériale, les guerres de clans pour devenir le Parrain du Japon, Saipan comme vache à lait touristique potentielle déjà convoitée par les yakuzas, la rapport des gangs à l'Amérique, l'influence des luttes de clans sur la vie de famille. Une bonne partie de ces thèmes fait partie des thèmes attendus dans une saga mafieuse et le scénario ne fait ici que les effleurer, s'apesantissant trop sur les problèmes de lit et de coeur des personnages masculins. Le foisonnement de personnages se fait au détriment de leur développement individuel. La voix off est de plus assez académique, se contentant de jouer les marqueurs de période temporelle d'un script à la narration très classique. Formellement, le film fait dans un bon artisanat. Le score est quant à lui inégal, du bon pastiche de Nino Rota dans ses bons moments. On a aussi plaisir à voir se déployer le charisme d'un Mifune et d'un Sugawara Bunta.
D'où final un film insatisfaisant sur tous les plans. On n'y retrouve ni l'alliage naiveté/rage des meilleurs ninkyo eigas ni les audaces narratives, l'énergie et le réalisme sec des jitsurokus. Et encore moins la splendeur nostalgique et l'ampleur romanesque des Parrain. Un visionnage des précédents volets modifiera peut etre cet avis mais l'impression à ce stade est celle d'une absolue inutilité.