Ghost Dog | 3.5 | Un pays en reconstruction |
Une idée simple et un peu culottée suffit parfois à lancer un concept télévisé réussi. Dans le cas présent, un frenchy s’amuse à parcourir le monde tout seul avec 3 caméras (2 fixés à sa ceinture, 1 mobile) en ayant pour objectif de manger et de dormir à l’œil chez un quidam pris au hasard dans la rue. Cela surprend un peu au départ (c’est quoi ce type ? Il est gonflé !), mais on s’y fait rapidement et cela se transforme bientôt en jeu à suspense (Dormira ? Dormira pas ?) auquel on devient accroc au bout de 2 ou 3 épisodes. D’autant que le routard Antoine de Maximy a une bonne bouille, joue efficacement les grands naïfs paumés et curieux, possède un sens de l’humour certain et préfère toujours mettre en valeur ses interlocuteurs plutôt que lui-même. Un type bien en somme, courageux mais pas téméraire, ne craignant pas d’aller au contact tout en fuyant les situations délicates (cf. les mémorables prises de bec au Vanuatu ou en Bolivie), et qui, en tant qu’ambassadeur de la France à l’étranger, renvoie finalement une image sympathique et ouverte d’esprit.
De son passage au Cambodge, on retiendra la sensation bizarre et triste que les effets du terrible génocide, comme chez Rithy PANH, sont encore palpables au sein de la population. Ce pays pauvre aux rues souvent boueuses recèle pourtant bien des surprises. Au-delà de l’incontournable site d’Angkor Wat, la ville de Battabang nous réserve une curieuse rencontre avec des moines très portés sur les nouvelles technologies et pas forcément très hospitaliers de prime abord ; le village de Ban Lung, perdu au fin fond de la cambrousse et se résumant à quelques grandes cabanes sur pilotis qui se battent en duel, donne quant à lui naissance à un moment hors du temps, quasi-mystique, entre des étrangers incapables de se comprendre par des paroles, donc silencieux pendant un bon moment, s'observant, se souriant, avant de se découvrir un intérêt commun dans la musique. Ou l’universalité de l’espèce humaine…