Aurélien | 1.5 | Sans surprise |
Elise | 1.5 | On a failli y croire |
Yann K | 2.75 | Le bénéfice du doute et le charme d'un film tiers-mondiste |
Au début on sent le film osé. Gros plan sur un sac à dos à l'effigie de Mickey Mouse, c'est évidemment loin d'être naturel pour un pays qui rejette en bloc le modèle de vie américain. La petite fille qui porte le sac s'éloigne peu à peu et reçoit un peu plus tard sur la tête un petit avion en papier provenant d'une fenêtre d'un immeuble, où des enfants jouent. Là, la narratrice nous raconte pourquoi certains habitent dans des appartements alors qu'elle vit toujours dans un maison pauvre, nous amenant ainsi à l'histoire de son père, parti travailler à Pyongyang, qui n'est donc jamais au sein de sa famille. Elle critique beaucoup son père et finit même par le renier. Comme quoi ça va loin. On nous avait dit qu'il n'y avait pas de propagande communiste dans le film, mais là ça parait exagérément l'inverse. On n'y voit pas une once de symbolique communiste. Mais c'était pour mieux créer le contraste avec la fin qui nous inonde de ces scènes tant redoutées. Certaines font brièvement leur apparition le long du film, mais qui paraissent relativement naturelles dans le sens où elles s'intègrent à la vie de tous les jours, et rentrent en opposition avec la voix off de la fille qui critique son père choisissant de suivre le Grand Leader plutôt qu'aider sa famille. Puis la propagande se met à pénétrer puis envahir la voix off, avec la finesse d'un mammouth. Et ce qui paraissait osé au début, quand la fille faisait ressortir son individualisme, est éliminé progressivement pour bien rentrer dans les rang de la voie du Grand Leader, que le père a prise pour que sa famille devienne une famille communiste modèle. Et là, on se dit que celui qui a dit que le film n'était absolument pas propagandiste mais parlait juste d'une relation familiale s'est bien foutu de nous.
Techniquement, on dirait un film sud-coréen des années 60/70. Les plans ne sont pas mauvais et servent le sujet, aussi décevant soit-il, même si on peut douter de l'utilité réelle des ralentis, qui manifestement voulaient intégrer un effet comique totalement raté (dans le sens où ils sont plus ridicule que drôle). Visuellement, ce film apparaît comme avoir bloqué sur un modèle visuel pendant des décennies sans jamais avoir changé, sans doute par moyen technique, mais très certainement pour coller à un modèle idéologique acceptant difficilement le changement. Les dialogues sont post-synchronisés, ce qui explique le manque totale de crédibilité des personnages, l'impression qu'ils surjouent.
Finalement, ce film est une belle propagande communiste, comme finalement on s'en était douté, et qui techniquement a 30 ans de retard. Mais l'effort d'avoir voulu montrer un film nord-coréen, de le faire passer dans cinq salles en France, est assez intéressant pour se laisser aller à la curiosité. De toute façon, le cinéma nord-coréen ne changera pas radicalement et mieux vaut essayer de le faire passer petit-à-petit que d'attendre un changement brusque de mentalité qui n'arrivera jamais. Mais surtout, ne pas s'attendre à une oeuvre visionnaire et dénuée d'idéologie.