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Kaïro

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les avis de Cinemasie

10 critiques: 3.92/5

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59 critiques: 3.86/5



Chris 2.75 Oui, mais...
drélium 4.5 L'exception des thrillers nippons type Ring like ? J'en ai bien l'impression.
Ghost Dog 4 "On-line" sera-t-il synonyme de "Off-life"?
Junta 4.25 Une réalisation soignée pour une ambiance oppressante, une belle surprise.
MLF 4.5
Ordell Robbie 4.25 Le chef d'oeuvre de KUROSAWA Kiyoshi.
Sonatine 3.5 Inquiétante réflexion sur la solitude dans l'univers enigmatique des spectres j...
Tanuki 3.5 Etrange et déstabilisant
Xavier Chanoine 3 Une belle réussite de Kurosawa Kiyoshi à la beauté visuelle certaine
Yann K 5 Chef d'oeuvre d'angoisse métaphysique, magnifique réflexion sur la solitude.
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Oui, mais...

Je n'ai rien compris, mais les actrices sont plutôt mignonnes, ce qui est déjà pas si mal.

19 juin 2001
par Chris




L'exception des thrillers nippons type Ring like ? J'en ai bien l'impression.

Autant la simplicité de "Ring" et ses rares scènes censées faire peur n'avaient pas assez de poids sur les questions posées et les dénouements espérés, tout un film pour attendre un fantôme tout de même, autant Kairo utilise le même schéma froid de réalisation pour dévoiler une véritable histoire fantastique et pas une simple révélation.

Dans Kairo, on débute sur une trame similaire (le multimédia, vecteur d'apparitions de fantômes), mais l'histoire va beaucoup plus loin dans les thématiques abordées :
- les accrocs et les novices en informatique
- comment vivent les fantomes et comment peuvent-ils vivre ? (grandes questions),
- l'amitié et la superficialité
- la fin du monde
- l'esprit fantômatique dans la machine (l'image des molécules qui gravitent dans leur espace clos pendant que le virus se propage).
- l'invasion inarrêtable des nouvelles technologies
- le multimédia tout puissant
- la déshumanisation
- la solitude, l'immortalité, la solitude éternelle, ....

La peur est fondée, palpable et se nourrit des révélations successives. Kurosawa n'hésite pas à développer ses idées jusqu'au bout et nous offre plusieurs passages réellement flippants sans pour autant user d'effets tape à l'oeil, bien au contraire, dans ce qu'offrait de meilleur Ring. Le traitement de la peur est aussi émotionnel et primaire que dans "Ring" mais les instants sont plus nombreux, plus travaillés, plus variés, surprenants et beaucoup plus porteurs. Il y a quelque chose du "Zombie" de Romero dans "kairo" et qui manque à "Ring" pour le rendre vraiment sombre, le désabu, un monde qui se vide inéxorablement de sa population, décimé par une force étrangère, une menace impalpable et l'inéductabilité de la mort au bout du chemin. Le tout est cimenté par un thème d'actualité, la solitude, une réalisation soignée, minimaliste, froide, efficace et une bande son elle ausi travaillée (plus encore que dans "Ring").

Vraiment sombre mais surtout captivant car totalement fantastique malgré un fond bien réel et angoissant.

07 mars 2003
par drélium




"On-line" sera-t-il synonyme de "Off-life"?

Beaucoup ont un peu trop vite à mon goût rapproché Kairo de The Ring (sorti 3 mois avant), en cela qu'il traite aussi de fantômes, qu'un climat de terreur envahit peu à peu le spectateur et qu'au lieu d'une cassette tueuse, il s'agissait une disquette. Mais ils ont occulté une dimension bien plus importante et plus intéressante du film de Kurosawa: outre le fait qu'il s'inscrit dans une filmographie et dans un style déjà familier du connaisseur de ce réalisateur, à la différence de Nakata, Kairo n'a pas non plus la même ambition. Si Ring se bornait à faire peur, Kairo, lui, fait peur et donne à réfléchir en même temps. Car oui, c'est un film de Science-Fiction qui se sert des artifices des films d'horreur pour étayer son propos.

J'aime à penser que Kairo se situe dans un futur proche (10 ou 20 ans), et que Kurosawa donne sa vision de l'avenir tel qu'il l'imagine. Et force est de constater que ce n'est pas rose du tout. Pour lui, l'invasion des nouvelles technologies, à commencer par internet, va cloisonner les gens devant leur PC et forcer une nouvelle forme de communication entre les hommes, communication aussi fascinante que stérile. Car même si chacun est relié à l'autre virtuellement, le contact physique n'existe plus et sera fatal à la race humaine. Certains rétorqueront que l'internet peut provoquer les rencontres entre les hommes, par le biais du chat notamment. Mais pour en avoir été moi-même un adepte, je sais par expérience que cela ne mène très souvent à rien de sérieux et que c'est une perte de temps. Voila donc planté le décor de ce film, dont les personnages, seuls devant leur écran, vivent leur vie comme ils vivront leur mort: "dans un isolement éternel".

L'histoire de fantômes (ou plutôt d'amateurs de webcams...) qui s'ensuit n'est pas à prendre au premier degré à mon sens, mais bien comme une métaphore de l'attrait fatal qu'offre internet aux êtres humains. Quelques réfractaires tenteront bien de survivre à ce virus virtuel planétaire, mais ils ne seront qu'une poignée à en réchapper, à travers une fin qui ressemble étrangement à Le Monde, la Chair et le Diable (1959) puisqu'on y voit les rues désertes d'un Tokyo inhumain.

La force de Kurosawa, ce n'est pas nouveau, réside dans sa mise en scène lente, avec de longs plans séquences qui filment des actions "normales" tout en leur donnant un aspect étrange, inquiétant, voire malsain. En tout cas, ce film fait la nique à bon nombre de films soi-disant d'horreur qui utilisent des effets spéciaux à outrance jusqu'à toucher au ridicule: ici, les effets de cinéma sont simples mais d'une efficacité qui glace le sang. A-t-on déjà vu spectre plus terrifiant et plus crédible au cinéma? Pas à ma connaissance. A-t-on déjà vu suicide plus traumatisant, celui d'une jeune fille sautant d'un silo de 30 mètres de haut au cours d'un étonnant plan fixe? (petite parenthèse, si quelqu'un a vu le truc, qu'il m'explique car je n'ai toujours pas compris comment une vraie actrice, et non un mannequin, peut sauter de si haut, s'écraser par terre avec tant de violence et se relever après le "coupez"...). Même les effets vus et revus comme les apparitions/disparitions prennent une dimension autre dans ce film...

Ce scénario catastrophe made in Japan, vraiment fascinant à mon goût, est dans la lignée des autres films de Kiyoshi K.; ne le ratez pas. Quant à ceux qui se disent que c'est un film pour japonais, c'est qu'ils n'ont pas compris l'aspect universel d'un sujet qui nous concerne tous; l'informatique et ses conséquences fâcheuses, notamment sur la jeunesse qui semble bien amorphe et désespérée ici...



16 juin 2001
par Ghost Dog




Le chef d'oeuvre de KUROSAWA Kiyoshi.

De la part d'un cinéaste à la filmographie en dents de scie et plombée par la prétention de son auteur, on n'attendait pas cette jolie réussite qu'est Kairo. Il arrive parfois qu'un sujet réussisse à neutraliser les mauvais penchants d'un cinéaste et Kurosawa a eu une très bonne idée de s'atteler à un scénario à la Ring. Le grand thème du film étant l'incommunicabilité, cela évite à Kurosawa de nous asséner ses échanges de considérations philosophiques lourdingues de funeste mémoire. Qui plus est, la contrainte des décors high tech évite au cinéaste la tentation d'utiliser le décor dans un but symbolique pesant.

A partir de là, Kurosawa confirme les promesses de Cureet License to Live et réussit presque tout ce qu'il ratait dans beaucoup d'autres films de lui visibles jusqu'à présent. La caméra réussit à trouver le rythme juste dans chaque séquence et nous gratifie des plans-séquences hypnotiques, de travellings lents et fascinants, alterne bien distance et proximité aux personnages. L'alternance image numérique/image argentique rapproche le travail formel de Kurosawa de celui de Ferrara dans New Rose Hotel et de sa réflexion sur l'image. Les rares caméras portées créent une surprise bienvenue à l'instar des vibrations d'écrans d'ordinateurs. Kurosawa utilise bien la symbolique vestimentaire pour délimiter la fontière vivants/ futurs morts (contraste entre les chemises à couleurs vives du héros et l'habillement plus terne des autres protagonistes, c'est lourd comme toujours chez le cinéaste mais ça a le mérite d'apporter un peu de contraste chromatique donc de tension). Au niveau sonore, le film d'épouvante permet à son travail sur les bruits de prendre une ampleur inédite en se mélangeant à un score musical horrifique classique. La direction d'acteurs n'a jamais été aussi maîtrisée chez le cinéaste. Surtout, c'est son film le mieux réglé d'un point de vue rythmique, loin de son découpage habituel pas toujours convaincant dans ses vélléités somnambules.

Les rares dialogues à contenu philosophique sont intéréssants (idée d'un au-delà trop plein d'esprits, solitude après la mort identique à celle de la vie, interrogations des personnages sur leur difficulté à communiquer). Surtout, Kurosawa ne rate pas ici sa cible: il met dans le mille de l'incommunicabilité du Japon contemporain en évitant les gros clichés festivaliers sur le sujet -l'ennui dans le couple...-, d'un monde où il est plus facile de parler via un e-mail que faire des gestes élémentaires de contact (de ce point de vue, la banalité des scènes de tentative de contact se justifie vu que les personnages ont perdu l'habitude d'un dialogue ou de gestes ordinaires), de la difficulté de vivre en paix avec les morts. Qui plus est, les personnages s'évaporent littéralement lorsqu'ils deviennent esprits: l'évaporation (disparition sans laisser de traces) est un thème récurrent de la culture japonaise (Imamura, Kobo Abe) qui est superbement matérialisé par les effets spéciaux minimalistes. Le film va culminer dans un final apocalyptique avant de s'acheminer vers une conclusion apaisée mais qui se garde habilement de donner une réponse claire aux interrogations du film.

Sauf qu'il y a une chose qui empêche encore Kurosawa de se situer à la hauteur de son statut de "plus grande révélation nippone depuis Kitano" : si la tendance du cinéaste à faire des ses personnages des pantins de sa vision du monde (cf SPOILER de ma critique de Cure) est moins présente ici que dans ses films précédents, elle n'a pas totalement disparu de Kaïro. La pose n'est donc au final pas totalement absente de cette belle réussite de l'horreur made in Japan.



14 mars 2002
par Ordell Robbie




Etrange et déstabilisant

Pour être honnête, je suis loin d'avoir compris ne serait-ce que la moitié du film. Par contre, ce qui me rassure c'est que je ne suis pas folle. Pendant une bonne partie du film, j'ai cru voir une métaphore d'internet. Puis en arrivant vers la fin, je me suis dit que j'avais été chercher trop loin. Mais en lisant les critiques, je vois que Benjamin a vu les choses comme moi et a très bien mis en mots les impressions que le film m'avait laissé sur ce sujet.

Cela dit ça me déstabilise encore plus. Kaïro semble jouer sur la carte du frisson et finalement j'ai perdu de vue une grande partie de la philosophie du film à cause de ça. Il mériterait donc une deuxième vision pour pouvoir apprécier les réflexions profondes qui se cachent derrière les fantômes.

Quant au rapprochement inévitable avec Ring (dont je suis une fan encore terrorisée), c'est difficile de ne pas y penser ne serait-ce qu'une seconde mais le fond de l'histoire est tellement différent que, au final, les deux films sont incomparables.



26 février 2002
par Tanuki




Une belle réussite de Kurosawa Kiyoshi à la beauté visuelle certaine

Ce bon film de Kurosawa est intéressant lorsque l'on s'y penche dessus avec plus d'attention. En dehors de ses poncifs inhérents au film d'épouvante débarquant un peu aléatoirement dans le dernier tiers du film, et réduisant ainsi les grands espoirs que l'on avait jusque là, c'est à dire garder cette ligne de ton sans faute où le dosage démonstration de force visuelle/suggestion lui faisait honneur, Kurosawa Kiyoshi insuffle à son film une volonté de redéfinir le film d'épouvante social quitte à basculer dans la science fiction pure et le thriller. C'est l'ensemble de ces ingrédients qui rend Kairo finalement réussi, ou du moins marquant. Les premières dix minutes se déroulant dans le laboratoire et dans l'appartement de Taguchi sont superbes et posent bien le récit, les premiers plans, en dehors de ceux sur le ferry, sont un grand classique de la grammaire cinématographique de Kurosawa Kiyoshi : filmés à travers une vitre, dans une position bancale comme si la caméra était actrice -fantôme?- à part entière. Puis ce plan dans le bus où le cinéaste s'amuse à optimiser les techniques vieilles de 80 ans où l'on projette une image sur un rideau de fond pour simuler un décor, l'effet est cheap, mais le résultat à l'écran témoigne d'une grande solidité artistique. Cette introduction effrayante continue même lors des séquences les plus anodines : l'arrivée du bus devant l'immeuble de Taguchi, les rues sont désertes, on se doute mais on ne voit pas si quelqu'un conduit le bus (dans le genre épisode fantomatique, autant se poser la question), puis les détails cruciaux commencent à débarquer : la reprise des grésillements sonores et des déformations d'écran pour simuler la présence d'un parasite, cette porte au loin étrangement encadrée de rouge, la symbolique du rideau transparent séparant clairement le monde des morts et celui des vivants, puis les nombreuses nappes sonores synthétiques déroutantes sensées annoncer la présence d'un spectre.

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La suite démontre aussi de sacrés moments de tension : la séquence où Michi prépare à manger et que son poste de télévision se mette subitement à délirer, les prémices de ce "bug" étant annoncés en hors champ par l'utilisation des bruitages parasites, la découverte d'internet par Ryosuke avec ces écrans piratés particulièrement morbides, ainsi que toute une panoplie de passages évoquant la solitude : ces êtres cloîtrés près des murs les enfermant, ces silhouettes de moisissure marquées sur le sol et les murs, soit l'évocation de la mort. Et si les personnages du film de Kurosawa Kiyoshi ne semblent pas plus en vie que les fantômes guère motivés d'aller rejoindre le monde des morts, c'est pour mettre en forme cette solitude, parler de ces hommes éloignés de la société dans laquelle ils vivent, éloignés des gens qu'ils avaient l'habitude de côtoyer voilà des années et dont les répliques "Il n'y a plus personne" semblent y faire tout droit échos. Les séquences de fin où les deux des trois derniers survivants parcourent les rues de Tokyo en voiture sont ainsi une belle constatation de la mutation générale : les rues sont désertes, des cadavres semblent joncher le sol près des carcasses de voiture, un avion s’écrase (on est alors pas loin de la fin du monde). N'allons pas chercher bien loin, mais la vision de Kurosawa Kiyoshi sur l'individualisme de la société nippone actuelle fait froid dans le dos, et ce constat, allié à des bases solides du film d'épouvante, font de Kairo un film aussi difficile d'accès que simpliste dans son discours. L'art du paradoxe. Paradoxal, Kairo l'est assurément : autant les décors éclaboussent de beauté triste, proches de véritables natures mortes, et les spectres sont particulièrement convaincants, autant certains effets visuels semblent atroces. Mais qu'importe, l'oeuvre est intéressante et vaut bien plus que son étiquette de thriller d'épouvante.



21 janvier 2008
par Xavier Chanoine


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