Xavier Chanoine | 2.5 | Conclusion décevante, mais style mémorable |
Ordell Robbie | 2.5 | Le casting ne fait pas oublier une version désincarnée de la SOMAI's touch. |
On trouve aussi une étrange composition d'un Asano Tadanobu méconnaissable dans la peau d'un salaryman alcoolique, et si son personnage reste assez désolant car très souvent saoul, on ne peut que saluer cette casquette différente du célèbre yakuza sadomasochiste de Ichi The Killer. Sa partenaire, l'assez rare mais montante Koizumi Kyoko trouve aussi un juste milieu entre son personnage de mère et la suicidaire tendance punkette. Bien aidés par une écriture particulièrement libre, les deux héros évoluent dans un univers qui semble vain : absence de gens dans les rues, activité urbaine symbolisée par un train lancé à pleine vitesse (aussi une parabole du suicide lorsque Sawaki le scrute des hauteurs d'un pont), confrontation du milieu dit "civilisé" (Tokyo) et la campagne pour ploucs (Hokkaido), refus du contact familial (Sawaki raccrochant au nez de son père, Yuriko en froid avec sa mère), peur de l'avenir et pessimisme à peine caricaturé par ce "ne deviens pas comme nous" d'une mère à sa petite fille, et nouvelle évocation du suicide en fin de métrage. Si Somai a tant bouleversé les années 80, c'est parce qu'il faisait montre d'un pessimisme total et d'une absence d'happy end vaseux : le final joyeux de Typhoon Club n'est qu'un leurre, Sailor Suit And Machine Gun annonce à peine un massacre, Love Hotel reste trop beau pour être vrai, alors pourquoi Kaza Hana ne joue pas dans la même catégorie? Peut-être parce que le cinéaste a voulu coupé court à ses habitudes, comme pour finir sur une note cette fois-ci optimiste même si le futur du salaryman Sawaki reste flou. On note aussi un générique de fin animé aussi ironique que cachottier. On n'en saura guère plus, le cinéaste succombant à un cancer du poumon la même année, laissant derrière lui aussi bien une part de mystère qu'une empreinte indélébile dans l'industrie du cinéma japonais.