Sur les traces d'un géant
Documentaire forcément indispensable pour celui qui se passionne un tantinet pour l’œuvre de l'un des plus grands réalisateurs japonais de tous les temps, mis en scène par un autre scénariste et cinéaste de légende : Kaneto Shindo.
Si la variété des intervenants est extrêmement riche, le plaisir de voir en chair et en os des hommes plutôt de l'ombre, tels que Masaichi Nagata ou Yoshikata Yoda ou des anciennes stars, complices du maître représentent le principal attrait du documentaire. Rares sont finalement les scoops concernant le réalisateur singulier et tous parlent avec une relative courtoisie typiquement japonaise du principal intéressé. Plus intéressants seraient les témoignages de très anciens ouvriers de cinéma, ceux qui ont encore assistés aux balbutiements des premières réalisations, de l’époque du muet jusqu'à la phase transitoire du parlant; leurs témoignages sont édifiants - notamment la construction en verre de la Nikkatsu à l'avènement du parlant - mais n'ont aucun lien direct avec la vie et l’œuvre de Mizoguchi.
Il faut également être un minimum familier avec la filmographie du cinéaste pour suivre l'ordre chronologique plus ou moins empressé et les anecdotes s'y rapportant. Les rares photos - pas toujours légendés - donnent un bref, mais titillant aperçu des films aujourd'hui dits disparus; par la suite, pas tous les films du grand maître ne sont abordés.
Shindo s'attarde également un peu trop longuement sur certains aspects de la vie par trop intime du réalisateur; des témoignages concernant les derniers jours de sa femme devenue folle ou les rumeurs de liaison avec son actrice fétiche laissent un amer arrière-goût un brin trop voyeuriste et sans grand intérêt; d'autre part, Shindo ne propose aucune analyse approfondie de l’œuvre de Mizoguchi, mais laisse parler tous les intervenants en entière roue libre, ceux-ci n'ayant pas toujours les choses les plus intéressantes à dire...
Une curiosité pour tous les amoureux du cinéaste; sans grand intérêt pour les autres...