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The Killer

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les avis de Cinemasie

18 critiques: 4.62/5

vos avis

138 critiques: 4.42/5



MetalSeb 5 Tout a déja été dit !
Sonatine 5 Une date dans l'histoire du cinéma
Gaetan 5 Le polar hong-kongais au sommet de son art : John Woo et CYF le doublé gagnant
Ryoga 5
Kame 5 Colombes, église, Danny Lee, Chow Yun-Fat, balles & ballet,
François 5 Le mélo-polar culte, le sommet de la carrière de John Woo, Chow Yun-Fat déifié,...
Ordell Robbie 5 Un Classique Eternel et Romantique
Ghost Dog 5 LE film à voir absolument pour les novices de ce cinéma asiatique fascinant et ...
Arno Ching-wan 5 Dieu existe
Junta 4.75 Classique de chez classique.
Marc G. 4.75 Le polar charnière de toute une génération
jeffy 4.75 Le meilleur du genre, rien a ajouter
drélium 4.75 UNE TUERIE !! Du grand art !
Ikari Gendo 4.75 Un polar incontournable
Xavier Chanoine 4.5 Un classique du polar HK.
Anel 4
Alain 3.25
MLF 2.75 The Killer mon beau soucis.
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Le polar hong-kongais au sommet de son art : John Woo et CYF le doublé gagnant

Chow Yun Fat blesse Sally YehQue dire sur ce film, sinon qu'il s'agit DU chef d'oeuvre de John Woo, un John Woo au mieux de sa forme, le film est rythmé, les gunfights sont spectaculaires, ...

Il n'est pas simplement qu'un film de gunfight, il dépasse largement cette trop petite catégorie pour lui. En effet, le scénario est un pur joyau, une vrai merveille, où s'entremêlent les thèmes chers à John Woo: code d'honneur, reconnaissance, amitié... Il est taillé sur mesure pour Chow Yun Fat, qui est magistral dans ce rôle de tueur.

Bref, toute critique que je pourrai faire ne me satisfaire jamais. The Killer ne se critique pas, il se regarde et se vit ....


22 octobre 2000
par Gaetan




Colombes, église, Danny Lee, Chow Yun-Fat, balles & ballet,

The Killer est un film magnifique sur l'amitié et le sens de l'honneur. Je ne parlerai pas de l'histoire, il suffit de lire ce qui est écrit au-dessus. On peut voir ce film comme une vaste boucherie, apologie du tueur professionel maître de la technique, mais conservant quelques faiblesses vis-à-vis des balles. Ils restent humains tout de même. On peut le voir aussi comme une romance, passion fragile entre Jeff et la chanteuse, qui ne demande qu'un peu de calme et de chirurgie pour être heureux. Cette seconde vision reste néanmoins peu développée dans le film. Ce ne sont que deux visions possibles, vous pouvez aussi chercher à analyser le comportement des organisations criminelles à Hong-Kong, c'est un choix.

La souffrance omniprésenteMais regardons à nouveau le titre du film : "The Killer", "Le tueur" en français dans le texte. Il est au centre du film, il en est l'attraction, le sujet, le but : le tueur. Et pour interpréter ce tueur, Chow Yun-Fat, monument de calme et de sang-froid. Ne nous méprenons pas, ici n'est point le lieu du crime miteux, passionel ou accidentel (si si, ça existe). Tuer est aussi un métier, Jeff est un professionel. Et si votre boucher ne pleure pas sur chaque petit veau qu'il dépèce, Jeff ne s'attarde pas non plus une fois le contrat fini.

Que veut-il seulement ? Arrêter, il en a assez. Mais il y a des métiers où l'on est encore à la merci de son patron. Remplacez le métier de Jeff par tout autre métier, ça n'aurait pas marché, il y aurait toujours eu une parade avec la justice étatique. Seul ce métier de 'Killer' permet d'intégrer pleinement cette 'justice de l'honneur'.

Et Woo s'en donne à coeur-joie, les fusillades sont des ballets où les danseurs intelligents souffrent. Les scènes calmes donnent corps et âme aux scènes d'action, ce qui fait de ce film l'un des plus sensibles et des plus beaux qu'il m'ait était donné de voir. Parce que ce tueur n'est pas n'importe qui, parce qu'ici rien n'est banal et rien n'est fantaisiste (à prendre au second degré bien sûr, mais entre une 'love story' américaine et The Killer, c'est la 'quatrième dimension' et un livre de Buffon), et parce qu'ici l'histoire finit comme on ne peut y rêver, alors on doit le voir.



22 octobre 2000
par Kame




Le mélo-polar culte, le sommet de la carrière de John Woo, Chow Yun-Fat déifié, mon film préféré. Rien que ça

Le plan copyrighté John WooLe chef d'oeuvre parmi les chefs d'oeuvre. Ceux qui sont allergiques au cinéma chinois peuvent passer leur chemin, car The Killer est un film à la fois asiatique et très wooien. Il contient à la fois la vista légendaire de maître Woo à la caméra mais aussi les thèmes chers au maestro chinois: l'amitié, l'honneur, la rédemption. Ces valeurs sont aujourd'hui dénigrés, et ce 'code du samourai' cher à John Woo semble bien dépassé et incongru à la majorité des spectateurs. Mais il est ici merveilleusement illustré et les fans seront comblés.

Pour les aficionados du cinéma chinois, The Killer est considéré comme le chef d'oeuvre absolu de John Woo et peut-être du cinéma de Hong-Kong tout court. L'histoire est inspirée du Samourai de Melville avec Alain Delon, qui porte lui aussi le nom de Jeff. Woo y a apporté sa petit touche personnelle, comme vous pourrez le constater ci-dessous.

L'interprétation est à la hauteur, portée par un Chow Yun Fat au sommet de son art, faisant preuve d'une classe et d'une sensibilité rare. Danny Lee, qui joue le flic qui devient l'ami de Jeff, est parfaitement en phase avec Yun-Fat, et leur duo restera longtemps dans les mémoires.

La musique est comme toujours très importante chez Woo et met le spectateur dans l'ambiance dès le générique. On retrouve tout au long du film un thème récurrent, plutôt triste. Si vous savez où trouver le CD, mailez moi, je le cherche depuis longtemps.

La réalisation de John Woo est un pur joyau, jonglant entre les è intimistes et les gunfights, utilisant tous les effets possibles: ralentis, accélérations, multiplication des plans, passages en musique. Prenez n'importe quelle scène de gunfights, et passer la au ralenti. En 20 secondes, Woo arrive à faire passer plus de choses que dans la majorité des autres films de flingage. Le rythme tenu pendant le film est absolument ahurissant, on cherche les scènes filmées classiquement.

Le montage est une merveille, de la première à la dernière minute. Les è de gunfights sont un peu moins impressionnantes que celle d'A Toute Epreuve, mais sont plus chargées émotionnellement. Woo fait passer dans son scénario tous les thèmes qui lui sont chères:

L'opposition puis le rapprochement entre deux personnages que tout semble opposer mais qui se ressemblent (voir Kit et son frère dans Le Syndicat du Crime, Tequila et Tony dans A Toute Epreuve).
L'amitié plus forte que la trahison
L'importance de la parole donnée
L'importance de l'honneur et du respect des anciennes règles
...

Chow Yun Fat et Danny LeeLe film est extrêment riche, et ne perd rien à la revision. En bref, s'il ne fallait en garder qu'un de John Woo, celui-ci serait le plus représentatif. Tout est tellement wooien, avec des personnages qui sont très loin de la réalité, de véritables icônes, chacun représentant des valeurs, ou une époque. Tout n'est que symbolisme dans The Killer. Tout est exagéré, les sentiments, les effets visuels, les situations, mais tout passe. Qui d'autre pourrait faire de même sans être totalement ridicule ? Personne, absolument personne. John Woo est dans son monde, là où personne ne peut le rejoindre.

Je pense que vous vous êtes rendu compte de l'admiration que j'ai pour ce film, et qui fausse peut-être un peu mo jugement. Mais The Killer est probablement le film de Woo le plus stylisé, et c'est ce que je trouve le plus fabuleux. Ce n'est pas la logique qui gouverne ce genre de film, mais le génie de son réalisateur.



22 octobre 2000
par François




Un Classique Eternel et Romantique

The Killer est un film essentiel du patrimoine cinématographique mondial car il fait quelque chose de rare: inventer des clichés, c'est à dire des poses et des situations destinées à être dupliquées à l'infini par le cinéma mondial et à susciter des vocations de cinéastes, et les porter à leur sommet. Indépendamment de sa réussite, le film a atteint son objectif: donner envie à des spectateurs aux quatre coins du monde (Gans, Tarantino entre autres) de prendre la caméra et de créer un univers personnel sur ses fondations. Les années récentes ont récité à l'infini la leçon wooienne: le double braquage, deux précautions valent mieux qu'une, le ralenti comme reflet des émotions des tueurs, les colombes, le côté aérien de l'action. Mais en plus de clichés visuels, the Killer a aussi en transposant de façon plus aboutie que dans le Syndicat du Crime les thèmes de Chang Cheh dans le monde mafieux mis en place un cliché de personnage: si l'image du cow boy mercenaire et désinvolte est pour toujours liée à Leone, celle du tueur romantique solitaire épris d'honneur dans un monde où ce dernier à disparu appartient à Woo pour l'éternité. Ce type de personnage a le mérite d'être un homme complet: un homme capable de frimer, de prendre des poses viriles, d'être fidèle en amitié comme de pleurer et d'apprécier à sa juste valeur ce que lui offre l'être aimé.

Comme toutes les réussites majeures, the Killer transcende son genre: il est un superbe film d'action mais aussi un mélodrame, une comédie (l'hilarant et génial passage mickey/dumbo), une réflexion sur la faute et la rédemption à l'intérieur du film noir (Scorcese est d'ailleurs un grand fan du film), un chant nostalgique qui pleure tout ce que l'époque et Hong Kong ont perdu (amitié, honneur, fidélité, romantisme).

Pour ce qui est de la réussite de l'exécution du film, elle provient de tous les acteurs et de toute l'équipe de la Workshop qui se sont mis au service de la vision de Woo: Chow Yun Fat alternant grimaces, mélancolie et frime avec un charisme n'ayant rien à envier à Bogart, Danny Lee en permanence à la frontière du mélodramatique et de l'impassibilité, Sally Yeh et sa séduction naïve, la photographie très riche chromatiquement de Peter Pau qui a pour effet de mettre encore plus en valeur les personnages, la brillante mise en place technique des chorégraphies par Ching Siu Tung, l'apport scénaristique de Tsui Hark (le trio amoureux,le remplacement du jazz du Samouraï par une chanson pour rendre le film contemporain) et le montage de Kung Wing Fan qui par son côté haché souligne plus la situation que la mise en scène et contribue ainsi à faire de the Killer une succession de scènes d'anthologie, de magnifiques moments émotionnels.

A chaque visionnage, the Killer prend le spectateur à la gorge. Il est familier mais c'est un film différent que l'on voit à chaque fois. Il faudrait des pages et des pages pour expliquer ce qui le rend essentiel. Quand on a fait the Killer, on peut faire un wagon de ratages (ce dont Woo ne s'est pas privé durant sa période américaine) ou prendre sa retraite heureux d'avoir comblé de bonheur les quatre coins de la planète cinéphile.

John Woo a réalisé un grand film romantique pour un monde qui ne l'est plus. Qu'il en soit remercié.



04 février 2002
par Ordell Robbie




LE film à voir absolument pour les novices de ce cinéma asiatique fascinant et différent
LE film à revoir absolument pour tous les fans du ciné HK
LE film à revoir 50 fois au ralenti pour tous les étudiants des grandes écoles de cinéma

Il n'y a pas de mots assez forts pour décrire ce qu'on ressent en regardant ce film. Tout ce qu'on peut dire, c'est que The Killer est assurément le meilleur film de John Woo, le plus complet, le plus personnel, le plus représentatif de sa filmographie remarquable, puisqu'il y a absolument tout ce qu'un spectateur peut rêver: action, émotion, ambiance asiatique dépaysante et fascinante, réalisation maîtrisée et tout à fait novatrice, notamment par un montage exceptionnel de densité et de précision, et bien d'autres choses encore..

En un mot, c'est incontestablement le film d'action, et même l'un des films les plus importants de l'histoire du cinéma pour qui sait apprécier le cinéma d'extrême orient (et je sais par expérience que ce n'est pas le cas pour tout le monde, certains incultes restant désespérément bornés au cinéma hollywoodien médiocre et pensant encore que tout ce qui vient d'autres pays est forcément nase, mais bon refermons la parenthèse sinon je vais m'énerver).

Pourquoi est-ce Le film à voir absolument et à emmener sur une île déserte? Regardez simplement les 10 premières minutes. Après un générique présentant des vues nocturnes de Hong-Kong tandis que défilent les noms et une mélodie d'une mélancolie terrassante annonçant de grands moments à venir, après quelques plans dans une église où John Woo présente déjà l'un de ses thèmes favoris, à savoir la confiance en l'autre et l'amitié entre deux hommes, on comprend qu'il n'est pas un simple tâcheron mais que c'est un auteur à part entière doublé d'un grand romantique (il avoue d'ailleurs être un grand fan des comédies musicales de Jacques Demy...). La première scène de gunfight s'ouvre sur plusieurs fondus enchaînés entre une chanteuse de cabaret et le tueur à gages, plans chargés émotionnellement et sublimés par la chanson bouleversante qui les accompagne. La scène d'action en elle-même est un modèle du genre, violente, virtuose et tragique, qui fait successivement se rhabiller tous les McTiernam, Scott ou autre Donner du cinéma d'action US.

Chow Yun Fat et Paul ChuEt le plus hallucinant, c'est que Woo réussit le pari fou de tenir le rythme pendant toute la durée du film, sans aucun temps mort, chaque scène de gunfight marquant un peu plus le talent et l'originalité inégalables du Maître, et rentrant au passage au Panthéon des scènes d'anthologie du cinéma mondial. Même les instants de "repos" entre chaque sont inspirés et passionnants, et la thèmatique de l'honneur et de la ressemblance tueur-flic récurrente dans chacun de ses films apparaît ici sous son meilleur jour.

Enfin, Woo a trouvé en Chow Yun-fat l'interprète idéal (il l'avait d'ailleurs trouvé depuis plusieurs années), véritablement parfait dans son rôle, et miroir de l'âme de son réalisateur. Il n'a jamais été aussi bon que chez John Woo (mais Danny Lee n'est pas mal non plus!).

A chaque vision, d'autres éléments viennent se dévoiler à nous, rendant la magie de ce chef-d'oeuvre toujours plus intense. On a l'impression que même après 10, 20, 100 visionnages, on ne s'en lassera jamais (et c'est d'ailleurs le cas). Indispensable à toute vidéothèque de cinéphile !!!!



22 octobre 2000
par Ghost Dog




Dieu existe

0/5 Vieillit très (trop) mal

A le revoir, que reste t'il de notre "chef d'oeuvre d'action du cinéma asiatique"? Rien, et on s'étonne même de la réputation de la chose. Comment ne pas voir ce qui, maintenant, relève d'un amas de fautes de goûts évidentes ? Une photo à gerber, un pompage odieux du score de James Horner (celui du Double Détente de Walter Hill), un Chow Yun Fat pitoyable avec ses cheveux gominés et ses mimiques exagérées, grotesques, un Danny Lee ridicule tout du long avec sa veste à rayure d'une mocheté à vomir ; sans parler des dialogues, ineptes, d'une grossièreté dramatique omniprésente, de ces chansons mielleuses et imbuvables de Sally Yen... Et ce chat, ce chat qui traverse le salon avec un miaulement semblant tout droit sorti de La Cité de la peur de Les Nuls... Certainement pas "à toute épreuve" du temps que ce The Killer. De l'existence d'une nostalgie révisionniste. Justifiée.




Ce texte, j'avais voulu le balancer pour un premier avril. Mais la honte m'accablait. A mes yeux le blasphème existe et le blabla ci-dessus en est un vrai de vrai. The Killer n'a pas vieilli, ces "défauts" l'étaient déjà à la sortie du film et déjà à l'époque on les montrait du doigt en ricanant.  Pourquoi 5/5 dans ce cas ? Dieu n'est pas parfait, c'est ce qui le rend formidable.

CYF n'a pas besoin de photo (appréciée par certains). Eclairé sous tous les angles, il conserve sa classe perpétuelle. James Horner est honoré que sa musique ait servi un film du Dieu John Woo. Il peut désormais mourir tranquille. Danny Lee est le faire-valoir de CYF. Mais CYF n' a pas besoin de faire-valoir, il se fait valoir tout seul. Danny Lee aimerait être CYF. Quand CYF parle, peu importe les dialogues, tout le monde reste fasciné par le mouvement de ses lèvres et l'intonation de sa voix. On s'en fout de ce qu'il dit. Sauf dans Le Syndicat du crime quand il affirme : "Je suis Dieu". Il a raison... même si au doublage HK ça n'était pas sa voix qu'on entendait. Me semble t'il. La cité de la peur est sorti après The Killer, elle l'a honteusement pompé, s'en est inspiré. Le chat de La cité de la peur est un hommage à John Woo. Ca change des colombes. Alors on touche pas à The Killer.     

 



23 août 2008
par Arno Ching-wan




Le meilleur du genre, rien a ajouter

Un film que l'on peut revoir dix fois en en appréciant toujours les plans, la musique, bref l'atmosphère incomparable qui s'en dégage. Un film à l'esthetique tellement copiée et pourtant unique. Chef d'oeuvre.

par jeffy




Un classique du polar HK.

A ma première vision, The Killer ne m’avait pas plus emballé que ça. Il faut dire que les conditions pour le voir étaient un tantinet mauvaises. Erreur corrigée, et place à l'excellent DVD édité par HK. Le plaisir en a été tout simplement décuplé. Si dans le fond je préfère l'ultra violence de A Toute Epreuve et l'émotion pure d'Une Balle Dans la Tête, The Killer arrive à trouver sa place dans ce trio de tête, les trois oeuvres étant au final les meilleures de John Woo, avec lLe Syndicat du Crime.

The Killer est l'un des films les plus importants de son auteur, qui, à la fin des années 80, affirma définitivement son style, imposa sa marque au cinéma mondial, en proposant des polars musclés souvent plus violents que la normale, mais faisant principalement office de vaccin contre la violence en elle-même. Si The Killer est violent, il est immédiatement contredi par l'apparition des colombes, symboles de paix. Si Une Balle Dans la Tête fait preuve de cruauté, il s'avère apaisé par cette formidable histoire d'amitié bercée par la musique tout aussi émouvante de James Wong. Si A Toute Epreuve représente le défouloir total d'un réalisateur au-dessus du lot, l'ensemble demeure teinté de touches d'humour apportant de l'oxygène au spectateur (le bébé kidnappé entre autre). Alors le spectateur lambda se sentira immédiatement choqué par cette succession de gunfights puissants et majestueux, n'y voyant guère qu'un polar avec des Chinois qui sautent dans les tous les sens. The Killer ne mérite pas cette réputation, où nous, passionnés de cinéma asiatique, sommes toujours obligés de nous justifier auprès de ceux qui appréhendent le cinéma Hongkongais, en leur expliquant que c'est l'un des plus grands films HK, l'un des meilleurs de John Woo ("Si si vous savez, le réalisateur de Volte Face et de Mission Impossible 2") et qu'il fait souvent parti du top 10 des amateurs du genre, et blablabla et blablabla. C'en est triste.

The Killer est un vibrant polar, bien foutu, un poil répétitif peut être (je préfère la descente aux enfers d'Une balle dans la tête) car le style peine à se renouveler (poursuites en voiture assez moyennes, dommage). Ceci dit, comment ne pas verser sa petite larme devant des séquences aussi fortes que drôles. La complicité entre Mickey et Dumbo (face à face au gun dans l'appartement de Jenny), la symétrie séquentielle où l'on voit tour à tour Mickey et Dumbo sur le fauteuil en cuir, le massacre dans l'église, les deux amoureux qui se "cherchent" en rampant sur le sol, et que sais-je encore. De toute manière, que l'on aime ou pas le cinéma particulier de HongKong, il est pratiquement impossible de s'emmerder devant The Killer, polar à l'ancienne, multipliant les petites images fortes (les deux héros face à la caméra, marchant au ralentit avec derrière eux, l'envol d'une colombe) et le rendant ainsi inoubliable.

Esthétique : 4/5 - Pas définitif dans sa mise en scène, mais tout de même sacrément prenant. Musique : 4.25/5 - Des thèmes accrocheurs, mélodramatiques. Belle chanson de Sally Yeh. Interprétation : 4.5/5 - Un duo exceptionnel, proche du sans faute. Sally Yeh hélas en déca. Scénario : 4/5 - Classique, prétexte à la démonstration du savoir-faire de Woo. Franchement épatant.



07 août 2006
par Xavier Chanoine




The Killer mon beau soucis.

The Killer est un film embarrassant simplement parce qu’il est à la conjoncture de plusieurs phénomènes différents, d’une certaine réalité, d’une certaine actualité, d’un goût du fantasme et de la romance.

Lorsque le film sort à Hongkong, il fait l’effet d’une bombe et devient le plus gros succès jamais réalisé à Hongkong. Il suit d’ailleurs de peu Le Syndicat du crime (1986) du même réalisateur qui avait lui aussi établit un record au box office. Deux films qui ont assis une notoriété capable de faire oublier les échecs du passé qui avaient mis fin à la carrière de John Woo avant d’être sauvé par Tsui Hark.

The Killer fût également le second temps de l’émancipation du cinéma hongkongais en Europe en circulant dans quelques cinémas et surtout dans des copies VHS à la qualité parfois douteuse que les amateurs se refilaient les uns les autres. Un film qui a fasciné des milliers de gens (voir plus) à travers toute la planète, des milliers de spectateurs qui alors ignoraient tout du réalisateur et des cinémas d’Asie, souvent perçu comme un vaste ensemble indistinct. Voici une valeur qu’on ne peut enlever au film, le fait de valoir pour lui-même sans autre importance que le film lui-même. Il faut bien avoir en tête qu’à cette époque, le cinéma hongkongais était méconnu voir inconnu, difficile d’accès et soulevait peu d’intérêt(le seul cinéma qui s’était diffusé au préalable était les films de la Shaw Brothers qui arrivaient en Europe par le réseau magrébin et les films de Bruce Lee). On ne voyait pas le film parce que c’était un John Woo, ou parce que Chow Yun Fat ou Danny Lee jouaient dedans, mais parce que ce film était une révolution. On voulait le voir pour lui-même.

The Killer est par essence ce qu’on nomme un classique, un incontournable. Il fait partie d’une histoire et d’un cinéma qu’on ne peut aborder sans passer par lui, comme on ne peut s’intéresser au cinéma (en général) sans voir L’Assassinat du Duc de Guise ( André Calmettes et Charles le Bargy, 1908), Le Cabinet du Docteur Caligari (Robert Wiene, 1920), Docteur Mabuse (Fritz Lang, 1922), L’Aurore (F.W. Murnau, 1927), Le cuirassé Potemkine (Sergei Eisenstein, 1925)ou l’Homme à la caméra (Dziga Vertov, 1929). Et en ce sens, il ne s’agit pas d’aimer ou non le film, mais simplement d’assumer l’importance que le film a pu avoir sur l’industrie cinématographique, sur les formes cinématographiques et sur le marché. Pour prendre un exemple simple, l’usage du ralenti et d’une musique douce pour compenser et amplifier la violence de certaines scènes est devenu une recette reprise partout dans le monde grâce au cinéma de John Woo et ce, même s’il n’en est pas l’instigateur initiale.

Mais autour de The Killer s’est aussi construit un mythe, parce qu’au-delà de son importance, alors qu’il passait de main en main, se véhiculait aussi une puissante fascination, faisant du film un intouchable. 1989, l’année des manifestations de la place Tiananmen, la première révolte en Chine exhibée sur toute la planète grâce aux caméras de télévision et le premier gros heurt depuis l’annonce de la rétrocession. Avec le temps s’est construit une légende, celle de The Killer, le film qui fit exploser la violence dans le cinéma hongkongais en réponse à la perte de liberté ressenti dans la répression des étudiants chinois. Nous commençons à nager dans le fantasme, un fantasme qui oubli que la violence à toujours été présente dans le cinéma de Hongkong et que celle présente dans The Killer n’est pas plus importance que dans L’Enfer des Armes (Tsui Hark, 1980) ou dans le cinéma de Chang Cheh. The Killer emporte simplement dans sa notoriété ce besoin de rendre le mythe plus fort encore, quitte à en oublier l’histoire dont il hérite (John Woo fût l’assistant de Chang Cheh). A la fin des années 80, le polar hongkongais se cherche un nouveau souffle, un souffle qui trouvera sa forme dans le cinéma de John Woo avec des films comme Le Syndicat du crime et The Killer mais qui n’efface pas les autres tentatives moins fructueuses comme celle, un an plus tôt, de Wong Kar Waï avec As Tears Go By (le film met en scène une jeunesse mafieuse).

Le temps passant, John Woo a gagné en importance et sa notoriété grandissant, ses films semblaient de plus en plus importants. D’où un problème à postériori. Si voir le film au début des années 90 entrainait forcément le spectateur dans un plaisir nouveau, quand est-il aujourd’hui ? On ne peut renier le rôle et l’importance de ce film, mais ce doit on toujours d’adorer ce film ? Les jeunes générations qui se tournent vers le cinéma de Hongkong ne peuvent échapper à The Killer, mais quel espace ont-ils pour apprécier le film ?

Entre fascination et importance réel, le film est entré dans un sanctuaire, un panthéon comme disait Stanley Cavell (A la Recherche du bonheur) qui le rend intouchable. Ce n’est plus un film sur lequel on peut s’exprimer, c’est un artefact divin qui impose sa loi. Critiquer un film de cette nature, c’est bien souvent prendre le risque de s’attirer les foudres d’une foule en colère, une foule aveugle qui dans la sacralisation de l’objet à oublié l’essentiel : The Killer n’est qu’un film. Un film qui a éveillé quelque chose chez nous au moment où nous l’avons vu, un film qui a participé à changer certaines figures du cinéma, mais un film tout de même. Rien qu’un film que chacun voit en son temps et avec sa propre vision, sa propre sensibilité. Et la sacro-sainte religion du dieu Wooien ne changera pas le fait que voir The Killer aujourd’hui pour la première fois, n’a rien à voir avec l’avoir vu il y a 19 ans, cela change juste une chose : en 1990, le film nous offrait un nouvel espace de liberté, avec un nouveau mode de narration ; aujourd’hui, le discours ambiant fait du film un tombeau où les jeunes générations ne peuvent qu’être d’accords avec leurs aînés ou être désavoué.



25 août 2008
par MLF


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