De l'amour à revendre
"Beautiful Boxer" est un magnifique film, peut-être un brin trop larmoyant pour totalement convaincre.
L'annonce d'un film 100% indépendant tourné par le même réalisateur en caméra cachée dans les quartiers chauds de Singapore pouvait donc faire l'effet d'une bombe pour certains fans. Le dossier de presse annonçait d'ailleurs la couleur: au-dessus d'un plan d'ensemble de la ville de Singapore était écrit: "Bienvenue à Singapore". Singapore, ville-état fermement dirigé par un régime totalitaire, où la censure règne en maître, que crime, drogues et prostitution sont dits ne pas exister et où il est même interdit de cracher dans la rue ou de mâcher un chewing-gum sous peine de se faire amender…Des scènes de sexe crues filmées par un thaïlandais…Un cocktail explosif pour un résultat sous forme de pétard mouillé…
"Pleasure Factory" est un film important et sans aucun doute l'un des tous premiers héritages directs des efforts de l'indépendant Apichatpong Weerasetakhul. Bravant tous les interdits, Uekrongtham se sert intelligemment du support facilement manipulable d'une caméra HD pour réaliser un film sulfureux. Il repousse très, très loin toutes les représentations officiellement autorisées autant dans un cinéma thaï, que singapourien: évocation de la prostitution, scènes de sexe crues, masturbation d'un homme en gros plan, etc, etc; sauf que les épisodes restent finalement anecdotiques et que la force dénonciatrice est annihilée par un doigt moralisateur levé trop haut. L'idée – sans être nouvelle – d'insérer des témoignages directement adressés à la caméra par certains protagonistes renforce bien évidemment le côté docu, mais reste anecdotique et hyper mal exploité.
Personnages trop peu approfondis pour être attachants, manque de sensibilité jusque dans sa mise en scène, Uekrongtham manque totalement son ambitieux pari; mais entrouvre peut-être la porte à d'autres tentatives de même genre.
