...mais on s'en fiche! L'essentiel est d'aimer un film pour son ambiance, son style et sa narration. En toute objectivité, il est difficile de trouver de l'originalité dans ce scénario foutrement space où une jeune fille des eaux, tombée d'on ne sait où, se retrouve nez à nez avec Cleveland un concierge d'un complexe immobilier. Selon la légende, la fille des eaux doit retourner dans son monde tout en étant protégée, sinon les vilaines créatures de la forêt vont se la faire et ça va craindre! Plus sérieusement, l'oeuvre de Shyamalan s'avère un brin nian nian surtout quand on sait qu'à l'origine Buena Vista était dans le coup. Il est loin le cinéaste du sombre 6ème sens, du génial Signes ou du mou du genou Incassable, d'où un léger goût de déception. A la longue, Shyama' accumule tous les clichés possibles que ce soit au niveau des protagonistes ou des situations, sans pour autant les rendre grossiers grâce à sa mise en scène tout en souplesse et délicatesse. On est tout de même en face d'hippies bien craignos plus proches des fanboys de World of Warcraft que de faiseurs de fromage de chèvre, de deux coréennes systématiquement entrain de gueuler (dont la mère narre l'histoire de la nymphe tout en faisant preuve d'un racisme anti-blanc un chouya camouflé), d'un écrivain no life, d'un papa pro du mot croisé et son fils, de la lecture sur paquets de céréales (paraît-il qu'on trouve plus d'inspiration dans les Golden Grahams), bref, une belle montagne très/trop classique.
Si la jeune héroïne (Story) fait preuve d'un charme certain, on restera sur sa faim tant le personnage ne fout rien durant tout le film si ce n'est de prendre une douche de temps en temps et de rester assis sur un divan. Mouais, Shyama' loupe le coche à ce niveau là et préfère s'atteler à la grosse critique et l'autodérision. D'abord cet écrivain qui critique les films à l'eau de rose et qui peste sur les scènes d'amour de fin constamment sous la pluie. C'est d'ailleurs le cas de Lady in the water, finalement à l'eau de rose et qui se termine sous une pluie battante, et bien figurez-vous que cet écrivain finira bouffé - dans une pure gratuité- par la créature méchante et pas belle de la forêt.
Tout cet enchaînement de choses plutôt fâcheuses ne sont heureusement que broutilles. D'abord il y a cette réalisation, attachante, bien foutue dans le fond, proposant un large panel de plans réussis dans un contexte ultra banal (deux décors, un appart' et un jardin) et dont l'intro animée remplit parfaitement son contrat : proposer un film charmant, décomplexé bien que souvent imbu de sa personne. En résulte alors une jolie histoire, émouvante et intéressante même si on ne ressent jamais cette sensation de s'y intéresser pleinement, malgré cette superbe séquence finale incroyablement réussie. Et comme toujours chez Shyama', la musique s'avère être franchement géniale, douce et temporisée, elle suit avec précision la moindre action, le moindre retournement. En parlant de retournement, on s'attendait à un twist final, il n'en est rien. Une oeuvre globalement imparfaite, voir franchement limite niveau intérêt, mais qui se suit sans trop broncher, les oreilles grandement ouvertes pour apprécier au maximum ce condensé de charme. Dans un style assez proche, préférez Big Fish de Burton.
Esthétique : 4/5 - Décors très classiques, magnifiés par la photo de Doyle. Musique : 4.5/5 - Le thème est formidable et récurrent. Un bonheur pour les cages à miel. Interprétation : 3.75/5 - Un ensemble correct malgré des personnages clichés. Scénario : 2.5/5 - Prétexte à Shyama d'aller en territoire inconnu : le conte.